Emploi : rejoignez les gros bataillons de l’agroalimentaire

D’énormes besoins de main-d’œuvre et une modernisation à marche forcée : malgré des salaires peu attractifs, le secteur a des atouts.

 Un opérateur sur une chaîne de fabrication peut être promu conducteur de ligne après 3 à 5 ans d’expérience.
Un opérateur sur une chaîne de fabrication peut être promu conducteur de ligne après 3 à 5 ans d’expérience. LP/Arnaud Dumontier

    L'agroalimentaire est le premier secteur industriel français par le chiffre d'affaires (180 milliards d'euros par an), le deuxième en termes d'emplois (429 079 équivalents temps plein), et le plus gros recruteur, selon l'Insee. En 2018, 55 000 embauches ont eu lieu, dont une moitié (49 %) en CDI. Pour 2019, selon l'enquête annuelle sur les besoins en main-d'œuvre de Pôle emploi, 77 590 embauches étaient prévues.

    Selon l'Association nationale des industries alimentaires (ANIA), principal syndicat professionnel, 15 000 à 20 000 postes restent vacants chaque année faute de candidats. Les scandales (fraude à la viande de cheval en 2013, lait infantile contaminé aux salmonelles fin 2017), la défiance des consommateurs et la réputation d'industrie vieillotte nuisent à l'attractivité du secteur. Pourtant, il est en pleine mue.

    Les usines se digitalisent. Les grands groupes comme Danone ont, certes, une longueur d'avance. Néanmoins, tous investissent le sujet. En 2016, 91 % des patrons interrogés par le groupe informatique Vif et le magazine Usine nouvelle, jugeaient la transformation numérique comme un enjeu essentiel pour leur entreprise (étude réalisée en décembre 2016 auprès de 253 PME et groupes agroalimentaires).

    Usine digitale

    Lors du salon professionnel Carrefour des fournisseurs de l'industrie agroalimentaire (CFAI), en mars à Rennes (Ille-et-Vilaine), 13 équipementiers ont présenté une ligne de production du futur. Données numérisées, intelligence artificielle : avec cet équipement dernier cri baptisé « Agile », un changement de fabrication prend 15 minutes, contre une demi-journée sur une ligne classique. Cette digitalisation transforme les métiers de production, qui de l'opérateur au responsable, pèsent pour 60 % des postes.

    « Pour se faire embaucher, il faut dorénavant maîtriser ces outils de production assistée par ordinateur. Cela augmente les besoins en ouvriers qualifiés diplômés d'un CAP agricole opérateur, en techniciens et ingénieurs spécialisés en automatisme, en maintenance et en informatique », indique le cabinet de recrutement Michael Page.

    Le secteur s'adapte aux exigences de clients soucieux de ­savoir exactement ce qu'ils ont dans leur assiette. En amont, « les acheteurs n'ont plus pour unique mission d'obtenir les meilleurs tarifs. Ils doivent connaître le monde agricole, ses contraintes et acteurs. L'industrie agroalimentaire cherche des personnalités capables de nouer des relations avec les agriculteurs pour assurer un approvisionnement de qualité. Les ingénieurs agronomes sont très recherchés pour ces ­postes », analyse Fabrice Dante, associé chez Jean-Michel Cathala Conseils, spécialisé dans le recrutement des cadres en agroalimentaire.

    Maîtriser au moins 2 langues étrangères

    En aval, les technico-commerciaux doivent expliquer aux clients la composition exacte d'un aliment et faire remonter leurs besoins. En plus d'un BTS technico-commercial, une expérience du secteur est de plus en plus exigée.

    « Les exportations (21 % du chiffre d'affaires) sont en progression constante », indique le cabinet Alphea Conseil, spécialisé dans les métiers de l'alimentaire. L'ANIA a, par ailleurs, lancé cette année un « plan Marshall pour l'export » afin d'aider les entreprises à se développer à l'international.

    Conséquence : il sera de plus en plus demandé aux responsables logistiques de connaître les contraintes des pays étrangers et d'être capable de parler deux à trois langues.