Publicité

Les entreprises de formation se réforment à marche forcée

La réforme du financement l'an dernier et la mise en service de l'appli MonCompteFormation en décembre bousculent les entreprises de formation. Soumises à ces évolutions numériques et réglementaires, elles doivent se réinventer à marche forcée. Avec deux effets attendus : une baisse des prix et une concentration des acteurs.

La mise en service de l'application MonCompteFormation a montré des pratiques toujours peu vertueuses de la part de certains organismes de formation.
La mise en service de l'application MonCompteFormation a montré des pratiques toujours peu vertueuses de la part de certains organismes de formation. (Tristan Reynaud/SIPA)

Par Hubert Vialatte

Publié le 8 janv. 2020 à 07:24Mis à jour le 8 janv. 2020 à 09:26

La réforme de la formation professionnelle, engagée l'an dernier, n'aura pas tardé à secouer le secteur. « On doit tout faire en même temps, dans des temps record. Et l'application de la réforme est un vrai casse-tête », souligne Muriel Pécassou, directrice générale d'Insup Formation (PAO, bureautique, Web, services à la personne), membre du Syndicat national des organismes de formation (Synofdes).

Et déjà, les deux effets le plus profonds s'annoncent. La refonte du dispositif de financement devrait d'abord contraindre les entreprises de formation à baisser leurs prix moyens. « La réforme marque la fin de l'abondement par les Opco, jusqu'à ce qu'un nouveau dispositif soit proposé au printemps, rappelle Pierre Charvet, directeur général de Studi (Galileo Global Education), l'un des pionniers du « digital learning » en France. « Le surplus devra être payé par le salarié. Conséquence : le prix moyen des formations va se contracter. On voit des formations facturées à plus de 10.000 euros, et dont le rapport qualité/prix est contestable », poursuit-il.

Avertissement de la Cour des comptes

Publicité

Avec l'application MonCompteFormation, « les prix deviennent visibles, ce qui met en évidence des écarts de prix parfois hallucinants. Pour une même formation, c'est parfois du simple au triple », relève Alain Kruger, directeur des MBA ESG (Paris). « Il y a aura un aspect récessif sur les prix », convient Michel Clézio, président du Synofdes.

Le gouvernement entend mettre de l'ordre. En 2017, la Cour des comptes pointait une série de fraudes financières chez certains prestataires de services : fausses listes d'émargement, surfacturation des heures de stage réellement dispensées, fraude à la TVA…

La mise en service de l'application MonCompteFormation a montré des pratiques toujours peu vertueuses de la part de certains organismes. « Certains s'amusent à démultiplier les offres, en les coupant par tranche d'une heure, pour inonder la plate-forme, tacle un observateur. J'en ai vu jusqu'à 6.000 déposées par un seul prestataire ! Cela pollue l'information pour l'utilisateur », prévient Alain Kruger.

Devenir prestataire

Avec environ 75.000 prestataires, le marché reste très atomisé. La certification qualité en 31 points, indispensable à partir du 31 décembre 2020 pour avoir accès aux financements CPF, devrait agir comme un obstacle pour certains. « Bon nombre d'entreprises indépendantes, de petite taille, vont avoir du mal à passer le cap de la nouvelle norme qualité, analyse Alain Kruger. Elles se préparent déjà à disparaître en tant qu'organismes exerçant en direct, et à devenir prestataires de centres de formation. En Allemagne, il y a 9.000 acteurs… »

Le groupe d'édition Lefebvre Sarrut a ainsi acquis, à l'été dernier, Bärchen, organisme de formation spécialisé en banque, finance et assurance, et Docendi, qui propose des formations mixant présentiel et accompagnement numérique. En Bretagne, l'Arep Ille Armor, branche de formation professionnelle de l'enseignement catholique, est en défaut de paiement depuis juin dernier et devrait cesser ses activités. Autre exemple, la récente acquisition par Retravailler dans l'Ouest de deux organismes d'une dizaine de salariés chacun, IFC (Angers) et Itech Sup (Nantes), qui avaient déposé le bilan.

Partenariats entre opérateurs

La tendance est à la concentration. « Un webinar organisé avec Fidal sur le sujet de l'acquisition d'entreprises de formation a suscité beaucoup d'intérêt », glisse Claire Pascal, directrice de l'organisme de formation professionnelle Comundi. Autre tendance, la création de partenariats entre petits opérateurs concurrents, « sur des certifications professionnelles ou pour investir dans la conception de plates-formes digitales communes, explique Olivier Poncelet, délégué général de la FFP (Fédération de la formation professionnelle). C'est une période compliquée pour les petits acteurs. Ils n'ont pas d'autre choix que d'entrer dans une logique d'écosystème. »

Hubert Vialatte  (Correspondant à Montpellier)

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité