Albi, sa cathédrale Sainte-Cécile, son Musée Toulouse-Lautrec, son campus Champollion… Cherchez l’intrus. Il n’y en a pas. L’Institut national universitaire Jean-François Champollion (INUC) s’est imposé comme une institution dans la capitale du Tarn.
Né au début des années 1990 à Figeac (Lot) comme antenne régionale d’une université toulousaine en quête d’expansion hors de ses murs, l’institut est devenu au fil des ans une petite université à part entière, gagnant son autonomie à l’égard de son ancienne tutelle toulousaine. Depuis son nouveau statut de 2015, « Champo » délivre ses propres diplômes. Un virage majeur pour l’établissement comme pour sa ville d’accueil et ses étudiants.
Outre son statut original « d’institut universitaire », c’est l’environnement qu’il offre à ses étudiants en licence qui distingue Champollion dans le paysage universitaire français. Alors qu’il accueille un public étudiant bien moins favorisé qu’ailleurs (55 % de ses étudiants sont boursiers, contre 39 % dans les universités au niveau national), son taux de réussite en licence est supérieur à celui que simule le ministère, et qui est fonction du profil scolaire et social des inscrits dans l’établissement. Ce qui permet à celui-ci de figurer, tous les ans, dans le top 10 des universités avec la plus forte « valeur ajoutée » en licence, selon les données ministérielles. Au total, la part d’étudiants qui obtiennent leur licence en trois ou quatre ans atteint 45 %, contre 42 % au niveau national.
« La fac est une des rares ressources culturelles du coin. L’image d’Albi change et on n’y est pas pour rien »
Jérôme Cabot, professeur de littérature à l’Institut national universitaire Champollion
Sa taille humaine est clairement l’un des points forts de cette petite université de 4 000 étudiants (ses effectifs ont doublé en quinze ans), qui possède des campus à Albi, Castres et Rodez, et qui compte 76 enseignants-chercheurs. Le campus principal albigeois couvre les 7 hectares de l’ancienne caserne Lapérouse (autre gloire locale) au cœur de la ville, à un jet de bus de Sainte-Cécile. Resto U, bibliothèque, gymnase, logements étudiants, jardins partagés… Pas un bouton de guêtre ne manque à la panoplie d’université à part entière.
Tous, enseignants comme étudiants, vantent cette proximité qui favorise à la fois les contacts et la transversalité, l’esprit d’initiative et l’innovation pédagogique. Champollion en a fait son fer de lance. « Le succès de Champo, c’est sa façon de réduire le fossé entre le lycée et la fac, dit Guilhem Renoux, un ancien, natif d’Albi, aujourd’hui magistrat à Toulouse. A la fac de Toulouse, si tu ne viens pas en cours, vu la taille des amphis, personne ne s’en aperçoit. A Albi, ça se voit tout de suite. L’anonymat n’existe pas. Ça responsabilise… » Et de raconter en rigolant l’anecdote d’un de ses camarades qui « séchait tranquillement les cours à sa guise, de-ci de-là. Un jour, il s’est pointé en amphi, le prof lui a dit : “Vous êtes qui vous ? Je ne vous ai jamais vu”… »
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