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En chiffres

Plus de 60 % des enseignants du public ne se voient pas exercer jusqu'à la retraite

Le ministère de l'Education nationale vient de publier la première enquête sur le climat scolaire dans les collèges et lycées. Dans le public, à peine plus d'un enseignant sur deux - et un sur quatre en éducation prioritaire - estime que les élèves apprennent bien. Près d'un enseignant sur deux déplore ne pas avoir reçu une formation « suffisante et adaptée ».

Moins d'un enseignant sur deux (46,2 %) se sent capable d'exercer le même métier jusqu'à la retraite. Dans le public, ils ne sont que 38,5 % à s'y sentir prêts (58,3 % dans le privé).
Moins d'un enseignant sur deux (46,2 %) se sent capable d'exercer le même métier jusqu'à la retraite. Dans le public, ils ne sont que 38,5 % à s'y sentir prêts (58,3 % dans le privé). (Getty Images)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 7 janv. 2020 à 08:15Mis à jour le 7 janv. 2020 à 16:55

C'est la première enquête officielle sur le climat scolaire dans les collèges et les lycées. A la veille d'une nouvelle mobilisation, jeudi, des enseignants contre la réforme des retraites , elle révèle, en creux, tout un pan du malaise enseignant.

L'étude vient d'être publiée par la Direction de la statistique du ministère de l'Education nationale. Elle a été réalisée, au printemps 2019, auprès de 45.000 enseignants (du public et du privé), de personnels de direction, de vie scolaire et de personnels administratifs.

Le ministère en fait une présentation avantageuse, en mettant en avant le fait que « plus de 85 % des personnels [des collèges et lycées] se sentent bien ou très bien dans leur établissement et 74 % d'être eux sont satisfaits ou très satisfaits du climat » scolaire.

« Une quantité de travail excessive »

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A y regarder de près, les résultats de l'enquête montrent aussi un autre visage des collèges et lycées : moins d'un enseignant sur deux (46,2 %) se sent capable d'exercer le même métier jusqu'à la retraite, alors que pourtant, la très grande majorité d'entre eux iront au terme de leur carrière d'enseignant… Dans le public, ils ne sont que 38,5 % à s'y sentir prêts (58,3 % dans le privé). Les enseignants déplorent ne pas avoir reçu une formation « suffisante et adaptée » (près d'un professeur sur deux), et ne pas avoir le temps ni les moyens nécessaires pour bien faire leur travail (58 %). Plus de 60 % des enseignants évoquent aussi « une quantité de travail excessive ».

Désabusés, plus d'un tiers des enseignants des collèges et lycées publics n'ont pas toujours l'impression de « faire quelque chose d'utile ». A peine plus d'un sur deux - et seulement un sur quatre en éducation prioritaire - estime que les élèves apprennent bien (77,2 % dans le privé).

Des phénomènes de violence

Pour près de 40 % des professeurs du public, les règles de vie collective ne sont pas non plus toujours bien appliquées. Ce qui débouche parfois sur des phénomènes de violence : seuls 41 % des enseignants du public affirment qu'il n'y a « pas du tout ou pas beaucoup de violence ». Dans l'Education nationale, tous personnels confondus, les femmes sont les plus touchées : 56 % indiquent « une présence de violence dans leur établissement contre moins de 44 % pour les hommes », selon l'étude.

La perception du climat scolaire varie, toutefois, selon les types d'établissement : dans les lycées professionnels et les collèges relevant de l'éducation prioritaire, « les personnels sont moins nombreux à penser que les élèves apprennent bien, que les règles de vie collective sont bien appliquées et que la violence n'est pas présente ».

Contestation, refus d'enseignement, moqueries

Dans la liste des actes de violence survenus au cours de l'année scolaire 2018-2019, les personnels de l'Education nationale citent la contestation ou le refus d'enseignement (35 %) - tout en précisant qu'ils sont « rarement liés aux convictions » -, les moqueries et les insultes (24 %) et les menaces verbales (12 %).

L'étude ministérielle rappelle ce que l'OCDE affirmait dans sa récente étude PISA , début décembre : la France est, avec l'Argentine et le Brésil, « l'un des trois pays où les élèves font part des plus grandes préoccupations liées aux problèmes de discipline en classe ». Un élève français sur deux (contre un sur trois dans l'OCDE) déclare qu'il y a du bruit en classe dans la plupart voire dans tous les cours. En conséquence, pour plus de deux élèves sur cinq, le temps d'apprentissage est réduit en raison du bruit.

Marie-Christine Corbier

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