Parcoursup 2020 : pourquoi certaines écoles ont obtenu des dérogations ?

Pauline Bluteau Publié le
Parcoursup 2020 : pourquoi certaines écoles ont obtenu des dérogations ?
Sciences po Paris fait partie des établissements qui ont obtenu une dérogation d'un an supplémentaire pour leur entrée sur Parcoursup. // ©  Science Po Paris
Le ministère de l’Enseignement supérieur avait pourtant été formel : toutes les formations, sans exception, seront sur Parcoursup d’ici 2020. Pourtant, Sciences po Paris et 43 écoles du réseau national d’art ont bien obtenu quelques traitements de faveur. Explications.

Si la plupart des formations ont intégré la plate-forme d’admission post-bac, Parcoursup, dès son ouverture en 2018, les autres avaient l’obligation d’y entrer d'ici le 1er janvier 2020, comme le stipule la loi relative à l’orientation et à la réussite des étudiants promulguée le 8 mars 2018. L’objectif : faire en sorte que les candidats aient une vision globale de toutes les formations post-bac reconnues par l’Etat via une seule plate-forme.

Cette année, de nouvelles formations font bien leur apparition sur Parcoursup. C’est le cas des écoles de commerce, des instituts de formation dans le domaine social et paramédical ou encore des instituts d’études politiques. À l’inverse, Sciences po Paris et 43 écoles supérieures d’art et de design bénéficient quant à eux de leur propre calendrier et procédure d’admission… au moins jusqu’en 2021.

Un délai trop court pour s’adapter

Parmi les raisons invoquées par les écoles : la préparation d’une nouvelle procédure d’admission en 2021 qui nécessite "un temps de mise en place substantiel" pour Sciences po et un calendrier de Parcoursup trop contraignant pour pouvoir organiser les concours de toutes les écoles supérieures d’art.

"Les examens d'entrée sont à l'heure actuelle étalés sur 15 semaines. Parcoursup n'en laisse que cinq, ce qui induirait une très forte superpositions des dates et l'impossibilité pour les candidats de postuler vraiment aux écoles de leur choix ", explique Maud Le Garzic, coordinatrice à l’Andéa (association nationale des écoles supérieures d'art et design publiques).

Des situations entièrement justifiées selon le ministère de l’Enseignement supérieur. "Nous travaillons depuis plus d’un an en lien avec le ministère de la Culture sur les modalités permettant d’offrir à ces écoles la visibilité souhaitée sur la plate-forme tout en garantissant un processus d’intégration adapté à certaines de leurs spécificités. Ce dialogue a permis de trouver les solutions les plus adéquates."

Les dérogations accordées à ces écoles ont donc été officialisées à l’automne dernier. Sciences po Paris a conservé sa procédure d’admission : les candidats avaient deux mois pour postuler, entre le 24 octobre 2019 et le 5 janvier 2020. Pour valider leur demande, les candidats devront tout de même s’inscrire sur Parcoursup le 22 janvier. Les réponses d’admission arriveront le 25 juin et non à partir du 19 mai comme c’est le cas pour les autres formations. De leur côté, les écoles supérieures d’art sont présentes sur Parcoursup mais seulement à titre indicatif. Chacune d’entre elles conserve donc ses propres modalités de recrutement.

Une situation avantageuse pour les établissements ?

D’après Sciences po, ce délai supplémentaire est une vraie aubaine. "Cela nous donne le temps nécessaire à l’appréciation des candidatures telle que prévue par cette dernière année de procédure par examen", assure l’institut. Même son de cloche pour les écoles d’art, contentes de laisser plus de liberté à leurs futurs étudiants. "Les candidats tentent en moyenne trois concours, s’ils avaient dû faire des choix, les ‘petites’ écoles auraient pu être délaissées et par solidarité, on veut au contraire que chacun ait sa chance dans les écoles souhaitées", estime Maud Le Garzic.

D’après l’Andéa, Parcoursup aurait tout de même pu leur permettre de toucher encore plus de candidats. "Pour autant, jusqu’à présent, on n’était pas sur la plate-forme d’admission et on recrutait très bien nos étudiants. À titre d’exemple, 8.000 candidats ont postulé en 2019 pour 3.800 inscrits en première année."

Quant à la crainte d’embrouiller les candidats, le ministère considère les accompagner "activement" en indiquant toutes les informations nécessaires sur le site de Parcoursup et répondant à leurs questions via les réseaux sociaux.

Une intégration (probable) en 2021

Rien ne semble donc empêcher les écoles d’intégrer Parcoursup en janvier 2021. "À compter de cette date, avec la mise en place de la réforme des admissions qui permettra un calendrier plus resserré de l’étude des candidatures, Sciences po proposera une candidature unique sur Parcoursup, selon l’agenda de la plate-forme."

Les écoles d’art semblent prendre plus de précautions. "Nous voulons être sur Parcoursup mais tout dépendra de nos discussions avec le ministère. Nous espérons que d’ici fin 2020, un élargissement dérogatoire du calendrier pourra nous être octroyé." Le ministère se donne encore un an pour trouver les meilleures modalités d’admission convenant à la fois aux écoles et aux candidats.

Pauline Bluteau | Publié le