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L’éducation physique et sportive (EPS) doit être, comme les autres, une discipline « fondamentale ». C’est ce que rappellent ces dernières semaines des professeurs d’EPS et formateurs au sein des Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (Inspe). Ils s’inquiètent de la place qui sera donnée à l’EPS dans le concours de professeur des écoles (CRPE) prévu en 2022, et dans la formation des futurs enseignants dès la rentrée 2020.
De fait, selon un document de travail remis aux syndicats fin novembre par le ministère de l’éducation, celui-ci envisagerait de supprimer l’oral d’EPS qui existait jusqu’alors au profit d’une épreuve où la discipline pourrait se faire une place uniquement si elle est tirée au sort par le candidat. « Cette évolution n’est pas seulement symbolique, soutient Claire Pontais, professeure agrégée d’EPS, ex-formatrice à l’Inspe de Caen et responsable nationale au syndicat SNEP-FSU. Car une discipline qui n’existe pas obligatoirement au concours risque à terme de disparaître dans la formation qui y mène. Et, en bout de chaîne, ce sont les élèves qui en pâtiront. » Elle a signé, début janvier, une tribune dans Le Monde alertant des risques, « si l’école ne joue plus son rôle en éducation physique et sportive », notamment en matière de santé des enfants, d’apprentissage de la natation, d’égalité entre les filles et les garçons, etc.
Ce serait « une régression grave pour la discipline », estimaient aussi, en décembre, 150 formateurs, maîtres de conférences et chercheurs dans un appel. Un mauvais signal envoyé alors que le déficit de pratique physique des enfants et des adolescents a été pointé du doigt en novembre 2019 dans une étude de l’Organisation mondiale de la santé. Et alors même que le ministre Jean-Michel Blanquer indiquait fin octobre au site Sportmag que, « pour les professeurs des écoles, il convient de donner une place plus importante à l’enseignement de l’EPS, si nous voulons les aider à assurer pleinement cet enseignement avec leurs élèves »…
Les savoirs « fondamentaux », et les autres
Interrogé, le ministère précise au Monde être en train « d’affiner » le cadre du CRPE dans lequel l’évaluation d’EPS aura, assure-t-il, « la même place, c’est-à-dire au cours de l’épreuve orale d’entretien ». Concernant la formation qui mène au concours, les maquettes du master Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF) ne sont pour l’instant pas arrêtées. Mais le « référentiel » publié en 2019 n’est pas fait pour rassurer les enseignants. On y lit en effet que le parcours de formation des instituteurs est « renforcé autour des savoirs fondamentaux », et que « 55 % » du temps de la formation pour le premier degré devra dorénavant être consacré à l’enseignement du « lire-écrire, compter, respecter autrui ».
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