Une vingtaine de jeunes femmes et hommes sont couchés en chien de fusil et en silence sur des tapis. Ils ont reçu comme consigne de passer de « l’horizontalité à la verticalité ». « Un processus » que Claire Musitelli, psychomotricienne, qui dispense un cours d’expression corporelle sur « l’axialité et la verticalité » à l’Institut supérieur de rééducation psychomotrice (ISRP) à Boulogne-Billancourt, leur propose de « redécouvrir mouvement après mouvement ». D’abord, il « faut descendre à l’intérieur de soi, puis activer la chaîne musculaire de la langue, puis le bout des doigts, et le bout des pieds », explique la formatrice d’une voix calme.
Comme pour les nourrissons, le regard et la curiosité de ces jeunes étudiants guident progressivement le mouvement et entraînent la tête, puis la colonne vertébrale ; ils passent sur le ventre puis à quatre pattes et trouvent enfin le moyen de se redresser, jusqu’à la marche. Dans cet exercice de conquête de la verticalité, l’objectif est de décomposer le mouvement de redressement qui, s’il semble naturel pour ces gens bien portants, est l’aboutissement d’un long processus d’apprentissage. Ils devront s’en souvenir lorsque, diplôme d’Etat de psychomotricien en poche, ils travailleront avec des enfants, des personnes âgées, ou des personnes en situation de handicap.
La rencontre du corps et de l’esprit
La psychomotricité est une « jeune » discipline. En France, elle trouve ses origines dans le travail mené par la kinésithérapeute Giselle Soubiran et le neuropsychiatre et psychanalyste Julian de Ajuriaguerra, dans les années 1950, auprès des enfants de l’hôpital Henri-Rousselle (hôpital Saint-Anne). En 1974, le diplôme d’Etat de psychomotricien est créé. Le « plan Alzheimer », lancé en 2008, acte la montée en charge de la formation de ces praticiens qui, du nourrisson à la personne âgée, travaillent à la rééducation du corps et à la réduction des troubles psychomoteurs.
L’accès à la formation, qui dure trois années après le bac, est sélectif, et soumis à un « numerus clausus » fixé chaque année par le ministère de la santé (990 étudiants admis en 2019-2020). Pour réussir des concours devenus de plus en plus sélectifs, les jeunes qui souhaitent entrer dans la quinzaine d’instituts de formation de psychomotricien sont de plus en plus nombreux à passer par une année de prépa privée. Les examens sont constitués d’épreuves de biologie et de compréhension de texte, d’un entretien et de tests psychotechniques.
Il vous reste 62.3% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.