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Réforme du bac : les épreuves de contrôle continu démarrent dans un climat tendu

Les élèves des classes de première passeront, à partir de lundi, les épreuves de contrôle continu prévues dans le cadre du nouveau bac. De plus en plus de perturbations, à l'initiative d'enseignants en colère, sont annoncées dans les lycées. Le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, relativise.

« Le mouvement à tendance à s'amplifier, de plus en plus de lycées sont touchés », selon Philippe Vincent, à la tête du principal syndicat de proviseurs, le SNPDEN. Tandis que le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, évoque « 1 à 2 % » d'établissements perturbés.
« Le mouvement à tendance à s'amplifier, de plus en plus de lycées sont touchés », selon Philippe Vincent, à la tête du principal syndicat de proviseurs, le SNPDEN. Tandis que le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, évoque « 1 à 2 % » d'établissements perturbés. (AFP)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 17 janv. 2020 à 17:33Mis à jour le 17 janv. 2020 à 17:43

L'inquiétude monte autour des épreuves de contrôle continu que les élèves des classes de première doivent passer à partir de lundi et jusqu'à fin février, dans le cadre de la réforme du bac . Des syndicats ou des collectifs d'enseignants ont appelé à ne pas choisir les sujets, à ne pas surveiller les épreuves et à ne pas corriger les copies pour dénoncer le manque de temps pour préparer les élèves et la mise en oeuvre précipitée, à leurs yeux, de la réforme.

« Lundi, j'ai fondu en larmes à la sortie de la réunion du conseil pédagogique, confie cette enseignante, trente ans de carrière et peu prompte à suivre des mots d'ordre syndicaux. On n'a jamais atteint un tel niveau de tension. » Coordinatrice pour l'enseignement d'histoire-géographie dans son établissement, elle devait, avec ses collègues, choisir plusieurs sujets parmi les chapitres travaillés en classe, le proviseur devant piocher l'un d'eux.

Dans son établissement, les enseignants ont décidé de ne pas faire remonter les choix de sujets. Ils affirment n'avoir eu accès à la banque nationale de sujets que « très tardivement » et certains n'y ont « toujours pas accès en raison de problèmes informatiques ». « Il y a un gros décalage entre le niveau atteint par les élèves et leur possibilité de réussir, insiste surtout l'enseignante. Les épreuves vont porter sur trois chapitres, alors que certains élèves n'en ont étudié que deux. »

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« De plus en plus de lycées touchés »

« Le mouvement à tendance à s'amplifier, de plus en plus de lycées sont touchés », selon Philippe Vincent, à la tête du principal syndicat de proviseurs, le SNPDEN. Dans le Rhône, 80 % des établissements pourraient être perturbés, précise-t-il. Dans l'académie d'Aix-Marseille , le chiffre était de 60 % la semaine dernière. « On est au-dessus des chiffres de [perturbations annoncées] l'an dernier pour le bac, alerte Philippe Vincent. On a franchi le Rubicon en juin, le tabou du bac [longtemps préservé des contestations, NDLR] a sauté. » Dans l'enseignement privé, les syndicats viennent aussi de demander au ministre de « renoncer » à cette session des épreuves.

Au ministère de l'Education nationale, le ton est tout autre. « Des lycées sont déjà entrés dans le contrôle continu et ça se passe très bien », martèle Jean-Michel Blanquer en estimant que les perturbations sont « le fait de 1 à 2 % » des établissements. « C'est le fait d'une petite minorité très vocale, qu'on entend beaucoup, mais ce n'est pas le cas de la grande majorité des professeurs », assurait le ministre, jeudi, sur « RTL ».

Radicalisations et mouvements spectaculaires

Au SNES-FSU, principal syndicat du second degré, on cite Montpellier, Toulouse, Rennes, Créteil ou encore Lille parmi les académies « les plus mobilisées ». « On ne donne pas de consigne de blocage d'établissements, mais des formes de radicalisation ne sont pas à exclure », prévient sa secrétaire générale, Frédérique Rolet. Le syndicat a appelé les enseignants à refuser de choisir les sujets, de surveiller et de corriger.

Un projet d'arrêté, que « Les Echos » se sont procuré et qui doit être discuté lundi au ministère, prévoit un versement de 50 euros « par division et par évaluation d'épreuve » pour les enseignants. Un montant forfaitaire jugé insuffisant par les syndicats, qui porterait sur plus ou moins 35 copies, qu'ils comparent aux 5 euros de correction des copies du bac.

Le SE-Unsa réclame de son côté « une demi-journée par épreuve pour que les enseignants puissent préparer ensemble un corrigé d'épreuve et utiliser le logiciel de correction ». « Mais cela ne résoudra pas tout, estime Claire Krepper, une de ses responsables nationales. La situation est trop tendue pour que cela suffise. Les dotations prévues pour l'année prochaine qui commencent à tomber dans les lycées vont, par ailleurs, achever de mettre le feu aux poudres. Dans l'académie de Normandie, par exemple, plus de 100 postes vont être supprimés. »

« Mouvements spectaculaires »

La contestation des épreuves, « surjouée sur le fond » selon le SNPDEN, se nourrit aussi de la tension sociale sur la réforme des retraites . Dans un contexte, selon Claire Krepper, « d'actions syndicales traditionnelles en perte de vitesse et de collectifs qui se tournent plus vers des mouvements spectaculaires ».

Au ministère de l'Education nationale, certains voient déjà l'étape d'après, celle qui fera que « dans quelques années, certains voudront aller vers 40 % de contrôle continu à partir du seul bulletin » contre 10 % pour le moment. Pour l'ancien recteur Alain Boissinot, les contestations étaient « prévisibles ». « Les épreuves de contrôle continu se révèlent une usine à gaz très contraignante, affirme-t-il dans un tweet. Mais il est injuste d'en incriminer le ministre, en oubliant la responsabilité de certains syndicats qui ont refusé l'option d'un vrai et simple contrôle continu géré par l'établissement. »

Marie-Christine Corbier

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