Aéroport de Roissy : devenir agent de sûreté ou profiler, ça vous tente ?

Les entreprises du secteur de la sécurité recrutent près de 1600 personnes chaque année à l’aéroport de Roissy (Val-d’Oise). Principaux critères : une moralité irréprochable et une bonne condition physique.

 Des agents de la sécurité à l’aéroport de Roissy (Val-d'Oise) vérifient les bagages des passagers.
Des agents de la sécurité à l’aéroport de Roissy (Val-d'Oise) vérifient les bagages des passagers. LP/Guy Gios

    Chaque année, les quatre principales entreprises de sécurité de l'aéroport de Roissy (Val-d'Oise) recrutent 1500 à 1600 agents de sûreté aéroportuaire. « Leur rôle, c'est d'empêcher l'introduction de personnes ou d'objets à l'intérieur de l'aéronef en vue de commettre un acte malveillant », présente Amel Ouahioune, responsable recrutement d'ICTS, la principale société de l'aéroport.

    On les retrouve aux contrôles des passagers et des bagages cabines avant d'embarquer, mais ils peuvent aussi vérifier les bagages en soute, le fret, le personnel ou les véhicules entrant en zone réservée. Confrontés à une clientèle internationale, ils doivent s'adresser avec politesse aux personnes qu'ils contrôlent. « L'agent de sûreté, c'est la dernière image qu'on a quand on quitte un pays, rappelle Amel Ouahioune. C'est l'image de la France. »

    Trois enquêtes sur chaque candidat

    Chaque année, ICTS recrute ainsi 400 personnes en contrat de professionnalisation pour passer le certificat de qualification professionnelle. Mais avant de rentrer en formation, le candidat va devoir demander une carte professionnelle au Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps), ce qui déclenche une enquête administrative sur sa moralité et celle de son entourage.

    Deux autres enquêtes ont lieu pour obtenir le badge aéroportuaire et le double agrément par le procureur et le préfet qui permet d'exercer. Ce dernier s'obtient au terme d'une formation qui dure un peu plus d'un mois.

    «C'est soit du CDD, soit du contrat pro»

    Les agents de sûreté aéroportuaire sont amenés à travailler de jour comme de nuit, mais aussi le week-end. Détenir un permis de conduire et disposer d'un véhicule sont donc des prérequis. Une bonne condition physique est indispensable.

    « On ne va pas proposer de CDI, c'est soit du CDD, soit du contrat pro », indique Agnès Delabarre, responsable emploi chez Hubsafe. Une politique pratiquée par la plupart des entreprises du secteur en raison de la saisonnalité de l'activité.

    À temps plein, un agent de sûreté aéroportuaire (payé sur 14 mois avec primes de performance et travail de nuit) peut gagner 2000 à 2200 euros net. Leur carrière peut les amener à occuper les postes de chef d'équipe puis de superviseur. Certains peuvent également devenir profiler ou agent d'évaluation du comportement (Adec).

    Savoir détecter des personnes malveillantes

    Ces métiers sont apparus ces dernières années et sont appelés à se développer. Le profiler intervient au moment de l'embarquement en posant des questions aux voyageurs et en vérifiant leurs documents de voyage. Il doit être bilingue. L'agent d'évaluation du comportement va, lui, effectuer un travail basé sur l'analyse du comportement.

    « On a des formations très poussées », souligne Sadish Soundirampoulle, agent d'évaluation du comportement chez Seris. Confrontée à un environnement contraint, comme celui d'un aéroport, une personne malveillante va émettre des signes de façon consciente ou inconsciente. Un agent formé à l'analyse comportementale doit être capable de les détecter. « Quand on observe ces signes, on mène un entretien. Si l'histoire du voyageur correspond à ces signes, le doute est levé. Sinon, on fait appel à la police », ajoute-t-il.

    Avoir de bonnes capacités d'analyse

    Un travail qui nécessite un bon sens de l'observation, un esprit de synthèse. Il faut être titulaire du certificat de qualification professionnelle (CQP) d'agent de sûreté aéroportuaire. Les Adec suivent une formation en étude du comportement auprès de l'École de l'aviation civile. Les profilers sont formés en interne par les entreprises de sécurité et des compagnies aériennes.

    « C'est une formation qui demande un investissement personnel », souligne Margarette Annicette, gestionnaire formation chez Seris. Environ une cinquantaine de profilers sont recrutés pour l'aéroport de Roissy chaque année. ICTS cherche dès maintenant 20 candidats bilingues, titulaire ou non du CQP, pour être formés au métier de profiler avec à la clé une embauche en CDI cette fois-ci. Un profiler peut espérer gagner 2300 euros net par mois, un Adec un peu plus.

    «Ce n'est pas un gagne-pain ordinaire»

    Jean-François Le Roy, profiler et formateur chez ICTS. LP/T.C
    Jean-François Le Roy, profiler et formateur chez ICTS. LP/T.C LP/Guy Gios

    Jean-François Le Roy connaît bien le métier de profiler. Il l'exerce depuis vingt-quatre ans. « Je terminais mes études d'histoire en 1995 à l'université Paris-13 à Villetaneuse (Seine-Saint-Denis), quand j'ai répondu à une annonce. C'était pour travailler chez ICTS à Orly (Val-de-Marne). » Il est alors embauché pour travailler auprès d'une compagnie américaine. « À l'époque, on recrutait des étudiants parce qu'il fallait être bilingue », souligne-t-il. La plupart des personnes qui ont commencé avec lui avaient ce profil. Au bout d'un an, il décide d'en faire une activité à temps plein.

    « Ce qui m'a plu, c'est la dynamique de la journée. On sait comment elle commence, jamais comment elle se termine. Il y a aussi le contact humain et puis l'enjeu de la mission », explique-t-il. Cet enjeu va changer de dimension dans les années 2000, au lendemain des attentats du 11 septembre.

    «Une mission de lutte contre le terrorisme»

    Le contrôle des passagers qui était alors effectué par des policiers est confié aux entreprises de sécurité. « On était déjà l'acteur majeur des compagnies pour sécuriser leurs vols. On avait le savoir-faire », se souvient-il. Les normes deviennent aussi de plus en plus exigeantes. Les contrôles des bagages en soute se systématisent, même chose pour le fret.

    C'est à cette époque que Jean-François Le Roy devient instructeur. Les besoins de recrutement augmentent considérablement en quelques années. Il a accompagné l'évolution de ce métier en s'adaptant à de nouvelles exigences. « Aujourd'hui pour être autonome, un agent de sûreté doit maîtriser six automates », précise-t-il. Il y a le détecteur de traces d'explosif, celui pour les liquides, pour le métal dans les chaussures, le scanner corporel.

    Le profil des entrants dans la profession a aussi évolué. « Ce n'est pas un gagne-pain ordinaire. C'est une mission de lutte contre le risque terroriste. Il faut recruter des gens qui sont dans cette logique », souligne-t-il.

    Le GIP emploi Roissy organise, ce jeudi 23 janvier de 9h30 à 15h30 à la maison de l'environnement, une journée de recrutement des métiers de la Sûreté aéroportuaire et de la Police aux frontières. Tél. 01.48.64.63.82.