Difficulté de recrutement : les PME du numérique prêtes à partager leur solution
Expérimenté en région Grand Est depuis six ans, le dispositif Numéric'Emploi du Syntec a bénéficié à 3.000 chômeurs, huit sur dix ayant été embauchés à la suite de leur formation. La fédération professionnelle promet 60.000 embauches par an si son dispositif est généralisé à toute la France et à d'autres secteurs.
Par Alain Ruello
Expérimenté en Grand Est depuis six ans, le dispositif Numéric'Emploi de reconversion aux métiers du numérique va-t-il essaimer dans d'autres régions avec le soutien de l'Etat ? C'est ce à quoi travaille le Syntec Numérique, la fédération du secteur, dans le cadre du pacte productif lancé par le gouvernement . « Il y a quelque chose à faire qui dépasse le secteur du numérique. Deux tiers des personnes éligibles à Numéric'Emploi trouveront un emploi dans d'autres secteurs », assure son président, Godefroy de Bentzmann, pour qui un déploiement national permettrait 60.000 reconversions - et autant d'embauches - par an.
Lancé par le Syntec Numérique et d'autres organisations professionnelles locales (Rhénatic, Cinov, E-nov Campus), Numéric'Emploi est porté par une association dans laquelle on retrouve la région et Pôle emploi. Tous définissent les contenus des formations qui sont proposées à des chômeurs ayant montré une appétence pour le numérique.
Numérique à tous les étages
A ce stade, 500 personnes en ont profité en moyenne par an, essentiellement en Alsace, huit sur dix ayant été embauchées au terme d'une formation de trois mois aux métiers du développement de logiciel ou Web. « Essentiellement en CDI », précise Neila Hamadache, déléguée à la formation de la fédération professionnelle.
Le marché du travail en France, comme ceux de tous les pays comparables, a fait une part grandissante aux métiers des technologies de l'information ces vingt dernières années, le numérique et Internet imprégnant le monde productif à tous les niveaux. Au point, soulignait récemment une étude de Pôle emploi, qu'ils rassemblent le premier contingent d'offres de recrutement, devant la santé et l'action sociale. Reconvertir des personnes est un moyen efficace de palier l'insuffisance du nombre d'informaticiens formés chaque année en faisant primer les compétences sur le diplôme initial.
Gouvernance plus solide
Pour Godefroy de Bentzmann, la clef du succès de l'expérimentation de Numéric'Emploi tient à la place laissée aux entreprises par les acteurs publics. « Les appels d'offres des formations correspondent bien aux recommandations du bureau de l'association », témoigne-t-il. En clair, la qualité des relations personnelles y est pour beaucoup, mais rien ne dit que cela serait la même chose ailleurs. Pour que le dispositif essaime dans d'autres régions, que des entreprises d'autres secteurs s'y associent et qu'il bénéficie à des salariés en plus des chômeurs, quitte à allonger la formation pour les moins qualifiés, il faut donc l'asseoir sur une gouvernance plus institutionnalisée.
Outre un comité national, le Syntec Numérique propose l'instauration de comités régionaux pilotés par les antennes régionales des organisations professionnelles et des entreprises qui recrutent, « les pouvoirs publics étant associés comme support et financeurs ». Les régions ou Pôle emploi, qui tiennent les cordons de la bourse, accepteront-ils de jouer les seconds rôles ?
Jean Rottner, le président de Grand Est, a donné son accord pour sa région en élargissant la cible au passage. Le Syntec Numérique se fixe comme objectif d'enrôler deux autres régions en 2020, Occitanie et Pays de la Loire. Côté fédérations professionnelles, les discussions sont en cours pour accrocher celles de la banque-assurance, de l'industrie et de l'énergie.
Alain Ruello