Orientation : « les classes populaires ont besoin d’accompagnement »

Hugo Soutra
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Cassard - 17/01/2020 23h:50

Oui, je pense que les élus de terrain, comme les Maires et les Députés, doivent s'impliquer davantage dans l'orientation et la réussite des plus jeunes habitants de leur commune, quelque soit leur niveau social.Ils peuvent par exemple mettre à disposition de certaines associations des moyens matériels et humains pour organiser des forums emplois, des conférences sur les métiers avec des professionnels des secteurs industriels, des transports de la ville pour se rendre à des visites d'entreprises. Mais également des aides pour la rédaction de CV, pour trouver des stages et des contrats d'apprentissage. Des participations ponctuelles pour l'accès au logement aux étudiants en apprentissage qui sont éloignés de leur domicile familialQuelques communes le font, notamment dans mon département des Yvelines avec le concours de quelques habitants volontaires et bénévoles et j'y participe très régulièrement en qualité d'ingénieur du secteur Aéronautique et spatial.Il y a des solutions qui fonctionnent et qui sont complémentaires aux actions menées par l'Education nationale et de l'enseignement supérieur.La solution gagnante est qu'il ne faut rien opposer mais simplement unir nos forces et nos idées.CdtPatrick CASSARD Conseiller Municipal Ville de Carrieres-sous-Poissy - Yvelines 78 Ingénieur R&D- Systèmes Aéroportés THALES DMS - FRANCEPS: si vous le souhaitez, je suis disponible pour en discuter avec vous ou éventuellement écrire un papier ou encore élaborer une petite présentation sur ces sujets.

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christiane - 20/01/2020 11h:30

très intéressant, en particulier en pointant "l"ambition périscolaire sincère" dont peuvent être porteur les maires.

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Orientation : « les classes populaires ont besoin d’accompagnement »

Benjamin Blavier

© BB

Le milieu d’origine social et culturel, comme le lieu de résidence, influe fortement sur l’ambition des jeunes ou à contrario leur degré d’autocensure. Pour le co-président de l’association « Article 1 », Benjamin Blavier, les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur et les freins à l’insertion professionnelle ont atteint des niveaux tels que les collectivités et les élus n’ont plus d’autre choix que de s’y investir aux côtés de l’Etat.

Appartient-il aux élus de faciliter la réussite et l’orientation des élèves de leurs territoires ?

Nombre de jeunes, de la troisième à la terminale, sont en cruel déficit d’information, tant pour s’insérer – stage, alternance – lorsqu’ils sont en filière professionnelle que pour s’orienter vers l’enseignement supérieur lorsqu’ils sont bacheliers. Le sujet de l’orientation n’est simple pour personne. Mais, de par leurs origines sociales, territoriales ou ethniques, les élèves issus de milieux populaires ont be­soin d’un accompagnement tout particulier. Leurs professeurs et leurs familles, démunis et généralement sans connaissance ni expérience en la matière, ne sont pas forcément les interlocuteurs idéals.

Lire aussi : Former sa jeunesse pour mieux redevenir attractif

Les jeunes issus des catégories populaires doivent fournir un effort supplémentaire pour obtenir les mêmes chances de réussite que le reste de la société. Il y aurait énormément de progrès à faire pour les aider à combler les inégalités faramineuses en termes d’accès à l’enseignement supérieur existants d’une région à l’autre. Les écarts varient du simple au double entre certaines zones des Hauts-de-France et d’Auvergne-Rhône-Alpes. Or, nous n’avons que très peu de contacts avec les élus locaux.

Mais cette tâche ne devrait-elle pas incomber à l’Etat ?

Les élèves fréquentant des lycées des quartiers défavorisés, ou les établissements de petites communes isolées, de territoires ruraux ou de bassins d’emplois fragilisés, parviennent rarement à s’orienter correctement.

Lorsque ces jeunes plutôt rétifs à la mobilité étudiante ne s’autocensurent pas dans leurs choix, ils ont tendance à pêcher faute d’avoir les moyens de partir étudier, et payer les frais de transports et d’hébergement afférents. Le manque de réseaux les pénalise également. Et lorsqu’ils parviennent malgré  tout à compenser leurs handicaps financiers et culturels, ils se heurtent alors à la saturation de l’offre de logements CROUS dans les grandes villes. Or, se loger par soi-même dans le parc privé renchérit le coût de la vie étudiante. Cette précarité force l’immense majorité d’entre eux à travailler en parallèle de leurs études pour se  payer un semblant d’appartement, quitte à mettre en péril leurs chances de réussite.

Certes, mais que peuvent faire concrètement les collectivités pour lutter contre les inégalités sociales d’accès et de réussite dans l’enseignement supérieur ?

Tous les élus porteurs d’une ambition périscolaire sincère disposent d’un certain nombre de leviers qu’ils peuvent activer pour tenter de lever ces différents freins. Ils auraient tort de rejeter la faute sur d’autres acteurs, l’Education nationale, le ministère de l’Enseignement supérieur ou les responsables administratifs de grandes universités. En dépit de quelques réussites individuelles qu’on peut observer ici ou là, les grandes masses statistiques ne mentent pas. Il nous revient collectivement d’ouvrir les possibles de ces jeunes citoyens, lors de journées de découverte des métiers ou des ateliers d’aide à l’orientation assurés en présentiel, par leurs pairs. Sinon, vous pouvez être certains de reproduire les inégalités : les jeunes défavorisés reprendront les activités professionnelles de leurs parents

Pour éviter qu’ils ne choisissent leurs avenirs uniquement en fonction de la seule offre de formation disponible à proximité, les collectivités devraient également les aider à élargir leurs horizons. Il faut s’assurer que tous ceux qui auraient l’envie et les capacités scolaires de poursuivre leurs études soient informés des différents dispositifs d’aide ou de financements (bourses, alternances) à leur disposition pour partir étudier ailleurs, dans les métropoles voisines mais pourquoi pas aussi dans d’autres petites villes où le coût de la vie et donc des études s’avère plus faible.

Faut-il mettre fin au « big is beautiful » et déconcentrer les antennes universitaires des grandes villes où le coût de la vie est chère vers les villes petites et moyennes à revitaliser ?

Je comprends le sens des grandes fusions universitaires, mais l’hyper-concentration des formations dans les métropoles présente des risques évidents en termes de précarisation étudiante et de réussite scolaire. Pourquoi l’université de Paris-Nanterre ou de Jussieu ne délocaliserait pas son campus pour les deux ou trois premières années à 100 kilomètres de là, en Normandie ou en Mayenne ?

Ce parti pris irait à la fois dans le sens d’une revitalisation et du repeuplement des territoires en difficulté et de la démocratisation de l’enseignement supérieur. Une telle dissémination de l’offre universitaire permettrait en effet à tous les publics défavorisés de réaliser plus facilement des études, les franciliens défavorisés comme les ruraux qui n’auraient pas eu les moyens de « monter » à Paris. J’y vois un seul risque : que cette offre de formation de proximité devienne auto-limitante pour les étudiants du monde rural, qui ont tendance à regarder en priorité les écoles et établissements installés à proximité.

Qu’est-ce qui vous inquiète ?

Cette stratégie est intéressante, à condition simplement de ne pas faire courir de risque de ghettoïsation supplémentaire aux jeunes issus des milieux populaires. Certains privilégient déjà la formation la plus proche du domicile de leurs parents plutôt que celle qui leur correspondrait le plus… Veillons à ne pas leur ajouter de freins territoriaux : les collectivités ne doivent pas forcer les destins de leurs jeunes, mais bien élargir leurs horizons !

De ma remarque, découle un autre biais à éviter : une micro-antenne universitaire qui ouvrirait dans une petite ville comme Gaillac ne doit pas se contenter de drainer les jeunes résidant à proximité, mais s’efforcer d’être attractive pour recruter aussi de jeunes parisiens, lyonnais ou toulousains. Cela implique de développer une offre pointue au rayonnement national, en lien si possible avec l’expertise de l’industrie locale pour faciliter l’accès aux stages et multiplier les débouchés professionnels. Bien sûr, les collectivités  concernées devraient songer de leur côté à développer leur offre de logements étudiants pour accueillir ces nouveaux publics.

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