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Emploi : les banques ne font plus rêver

Le secteur est contraint de se restructurer mais conserve des besoins de recrutement importants, qu'il peine à combler totalement. Les démissions sont devenues la première cause de départ de salariés, devant les retraites.

Le secteur est l'un des plus gros pourvoyeurs d'emplois en France, avec près de 363.000 salariés à fin 2018.
Le secteur est l'un des plus gros pourvoyeurs d'emplois en France, avec près de 363.000 salariés à fin 2018. (Photo ALLILI MOURAD/SIPA)

Par Romain Gueugneau, Édouard Lederer

Publié le 22 janv. 2020 à 18:11Mis à jour le 22 janv. 2020 à 19:21

« Agence bancaire recherche conseiller clientèle motivé. CV à adresser à l'accueil. » Ces petites annonces, qu'on voit plutôt dans les bars ou les supérettes de quartier, commencent à apparaître sur les vitrines des agences bancaires. Elles illustrent le paradoxe du secteur, qui peine à satisfaire ses besoins de main-d'oeuvre sur certains métiers, mais réduit la voilure dans le même temps.

Le secteur est en proie à une profonde transformation. Confrontées à l'évolution des usages et à la numérisation des services, auxquelles s'ajoute un environnement de taux bas qui pèse sur leurs marges, les banques doivent transformer leur modèle et faire évoluer leur main-d'oeuvre. Plusieurs établissements ont annoncé des plans de suppression de postes l'an dernier .

« Le métier d'employé de banque ne fait plus rêver. On assiste à des turnovers records dans le secteur », constate Frédéric Guyonnet, le président du SNB, premier syndicat du secteur. L'évolution limitée des salaires, la hausse de la charge de travail et les conflits sociaux, où les salariés du secteur sont souvent pris pour cible, expliquent le désamour pour le secteur, qui représentait encore la voie royale pour les salariés il y a quelques années.

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Un secteur moins attractif

Les démissions sont ainsi devenues le premier facteur de départs : en 2018, elles représentaient 39 % des motifs de rupture d'un CDI (hors banques mutualistes), loin devant les retraites (24 %). Quatre ans plus tôt, c'était l'inverse. « Oui, le secteur est devenu moins attractif. C'est une vraie préoccupation, sur laquelle on travaille », reconnaît une responsable dans la banque de détail.

D'où la difficulté de recruter les profils convoités comme les conseillers clientèle. La tension est notamment palpable dans les réseaux d'agences, malgré les fermetures. Certains établissements se tournent ainsi vers les services de Pôle Emploi pour combler les postes vacants, une pratique plutôt inédite.

Les besoins en ressources humaines demeurent en effet importants. Le secteur est l'un des plus gros employeurs, avec près de 363.000 salariés à fin 2018. C'est aussi l'un des plus dynamiques, avec une augmentation constante des embauches depuis cinq ans, selon la Fédération bancaire française (FBF) et 42.800 salariés recrutés en 2018. Même si le nombre de départs reste supérieur sur l'année (45.400).

Des besoins conséquents

« Cela reste un secteur qui attire et rassure, avec des grands groupes, une stabilité dans l'évolution de la carrière et de bonnes conditions de travail », juge Pierre Rabozzi, directeur senior chez Michael Page, spécialiste du secteur bancaire. La transformation numérique et le durcissement de la réglementation financière créent notamment des besoins en développeurs, en spécialistes du traitement des données, mais aussi en chargés de conformité.

« Les problèmes de recrutement existent, mais ils ne sont pas inéluctables, estime Daniel Karyotis, patron de Banque Populaire Auvergne Rhône-Alpes. Il faut que l'on présente la banque différemment. C'est un monde en pleine transformation, et c'est justement ce qui peut attirer de nouveaux talents. » Il n'y a plus qu'à convaincre les candidats.

Romain Gueugneau et Edouard Lederer

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