Un compte Instagram pas comme les autres fait fureur cette semaine chez les adolescents : appelé « e3c_sujets », il réunit plus de 40 000 abonnés et, en lieu et place des selfies, poste des photos de sujets de bac fournies par des lycéens à la sortie des épreuves communes de contrôle continu (E3C). « C’est mieux fait qu’un site de l’éducation nationale », ironise-t-on dans les rangs des enseignants.
Ce compte, à l’instar de nombreux autres sur Instagram et Twitter, est devenu pour certains la preuve de la « mascarade » que constituent les E3C. Plusieurs milliers d’élèves ont désormais ces épreuves derrière eux, tandis que d’autres n’ont pas encore commencé à plancher sur les sujets. Les établissements sont en effet libres d’organiser les E3C aux dates qui leur conviennent, entre la mi-janvier et les vacances de février.
« Pas des fuites en tant que telles »
« Ce ne sont pas des fuites en tant que telles », rappelle un enseignant en histoire-géographie de Sarcelles – les enseignants interrogés ont souhaité garder l’anonymat –, « car rien n’interdit de partager les sujets à la fin de l’épreuve ». Les sujets sont choisis par chaque chef d’établissement dans une banque numérique mise en ligne à la mi-décembre par le ministère. Cette plate-forme n’est pas encore accessible aux élèves, mais elle « pourrait l’être » les années suivantes, précise l’éducation nationale.
La banque de sujets compte « 1 707 intitulés », ajoute-t-on rue de Grenelle, de sorte que « les chances que les élèves tombent sur quelque chose qu’ils ont déjà vu circuler sont infimes ». Pas tant que cela, répondent les professeurs d’histoire-géographie. Dans cette discipline, pour laquelle 576 sujets ont été mis en ligne, les enseignants ont choisi ceux qui portent sur la partie du programme déjà couverte, ce qui réduit les possibilités.
« C’est une véritable rupture d’égalité. Les élèves qui passent l’épreuve plus tard ont un avantage évident (...). »
« C’est une véritable rupture d’égalité, juge Sophie Venetitay, du SNES-FSU. Les élèves qui passent l’épreuve plus tard ont un avantage évident sur ceux qui la passent en premier. » Au ministère de l’éducation nationale, on plaide la volonté de « jouer le jeu » du contrôle continu, dont la logique n’est pas de « piéger les élèves ». « Si un candidat a travaillé les dix questions qu’il a vu circuler sur Internet, tant mieux pour lui, il sera bien préparé », tranche-t-on dans l’entourage du ministre.
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