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Eric Labaye : « Il faut moderniser fortement Polytechnique »

Dans un entretien aux « Echos », le président de Polytechnique explique comment il entend lier recherches publique et privée. Le groupement d'écoles IP Paris, qui s'est constitué autour de l'X il y a six mois, devrait postuler aux classements internationaux en 2021.

L'Institut polytechnique de Paris (IP Paris), qui regroupe cinq écoles dont l'X sur le plateau de Saclay, devrait se présenter comme une seule entité dans les classements mondiaux de Shanghai, QS ou THE, a priori en 2021, selon Eric Labaye. 
L'Institut polytechnique de Paris (IP Paris), qui regroupe cinq écoles dont l'X sur le plateau de Saclay, devrait se présenter comme une seule entité dans les classements mondiaux de Shanghai, QS ou THE, a priori en 2021, selon Eric Labaye. (Pierre CHARLIER/REA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 28 janv. 2020 à 10:59Mis à jour le 29 janv. 2020 à 16:10

Une pétition signée par près de 6.000 personnes, un vote des élèves contre le projet et un document, révélé par Mediapart, qui s'oppose à l'implantation de Total sur le campus de Polytechnique, au nom de « l'influence assumée d'une entreprise privée sur une école publique »… Depuis mi-décembre, le président de l'X, Eric Labaye, tente de faire comprendre aux élèves opposés au projet d'installation du centre de recherche « en énergie décarbonée » de Total (250 personnes) que celui-ci « ne remet absolument pas en cause l'indépendance académique ». « Leurs questions sont légitimes, estime-t-il. Mais il faut qu'ils comprennent comment fonctionne la recherche. »

Dans un entretien aux « Echos », il explique que ce projet, voté avant son arrivée, est « à replacer dans le contexte d'E4C (Energy for climate) », centre de recherche interdisciplinaire de l'Institut polytechnique de Paris (IP Paris). Ce dernier est né, il y a six mois, du rapprochement de quatre écoles (Ensta, Ensae, Telecom Paris et Telecom SudParis) autour de l'X, après le divorce avec l'université Paris-Saclay . Pour Eric Labaye - qui préside aussi IP Paris -, ce centre de recherche est « un axe stratégique majeur », E4C devant permettre au nouvel institut d'être « l'un des Top 5 mondiaux dans la transition énergétique ». « Le lien entre la recherche publique et la recherche privée est absolument nécessaire » et « il est aussi une question pour la France », où il y est « moins fort que dans d'autres pays ».

Un projet avec HEC Paris

Ce lien public-privé n'est pas nouveau, insiste-t-il, en citant Thales, EDF ou Danone : « Les partenariats font partie intégrante de la stratégie de l'école depuis plusieurs années, et depuis mon arrivée, nous avons accéléré sur ces axes-là. » « Un autre projet - AIDA - va voir le jour avec HEC Paris, sur l'intelligence artificielle. » Un troisième est en cours, avec des hôpitaux. A l'appui de cette stratégie, Eric Labaye cite en exemple des institutions académiques mondialement reconnues comme NTU, Columbia, IIT Bombay ou le MIT.

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Pour Polytechnique, qui dispose de moyens inférieurs à ses concurrents internationaux et qui reste nettement moins connue à l'étranger que des institutions comme Polytechnique Lausanne (EPFL) par exemple, le rapprochement entre enseignement supérieur et entreprises « n'est pas une question économique, mais de pertinence académique », assure encore le président de l'X, tout en admettant que les « projets ambitieux permettent d'avoir des soutiens financiers élevés ».

La prochaine campagne de levée de fonds devrait avoisiner les 200 millions d'euros . S'appuyer sur des centres de recherche doit permettre de doubler le budget des écoles d'IP Paris (360 millions d'euros aujourd'hui) dans un délai de cinq à dix ans.

La Chine, l'Inde et l'Afrique

Le pôle d'écoles, « opérationnel » depuis fin août, structure aussi sa formation. IP Paris délivre désormais le doctorat et les masters en commun. Pour l'instant, les cinq écoles, toutes situées sur le plateau de Saclay, continuent chacune de délivrer leurs propres diplômes d'ingénieur, mais des réflexions sont prévues pour « revoir l'offre » et « le niveau d'anglicisation », pour l'attractivité internationale.

IP Paris devrait, par ailleurs, se présenter comme une seule entité dans les classements mondiaux de Shanghai, QS ou THE, a priori en 2021. Un premier accord international avec la Chine est en vue, qui permettrait à des étudiants chinois de bénéficier de bourses pour étudier dans IP Paris. L'X ouvrira d'ailleurs un bureau en Chine en mars. En Inde, l'école veut « bâtir un réseau de lycées pour recruter de très bons étudiants sur le bachelor ». Polytechnique compte aussi « accélérer sa stratégie africaine », via IP Paris.

« Toucher 20.000 jeunes, de la sixième à la terminale »

Le nouvel institut est « un accélérateur de transformation » de l'X, plaide Eric Labaye, qui a entrepris de « moderniser fortement » Polytechnique « depuis [son] arrivée »« Avant, on venait à l'X car on était heureux d'y venir, on ne posait pas de questions sur la qualité de service, indique-t-il. Maintenant qu'on a des étudiants internationaux, des étudiants qui paient aussi, et de plus en plus de chercheurs, il faut que l'école améliore ses processus et ait un management moderne. »

Sur l'ouverture sociale enfin, autre thème majeur qui avait conduit la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, à regretter que Polytechnique n'ait « que 11 % de boursiers », l'école compte en doubler le nombre d'ici à cinq ans. Les élèves de l'X feront du tutorat auprès des boursiers de classes préparatoires à la rentrée 2020. Une pré-prépa d'un an doit permettre de compléter le dispositif en 2021. C'est en 2021 aussi que Polytechnique envisage de mettre en place la « X Academic Fellow », s'inspirant de Stanford, pour « toucher à terme 20.000 jeunes, de la sixième à la terminale, plutôt issus de milieux défavorisés et ayant du potentiel ». Cela pourrait se faire pendant les vacances et « de façon digitale » le reste du temps.

Marie-Christine Corbier 

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