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Malaise chez les directeurs d’école : « On perd le fil entre l’essentiel et ce qui ne l’est pas »

Depuis les années 1970, les directeurs d’école ont connu un empilement de missions nouvelles. Des enseignants qui exercent ou ont exercé cette place racontent les transformations du métier.

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Publié le 29 janvier 2020 à 11h25, modifié le 29 janvier 2020 à 17h14

Temps de Lecture 5 min.

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« Courir après le temps », « être responsable de tout » et « ne jamais en faire assez », voilà un sentiment partagé par les directeurs d’école à travers les générations. Alors que le ministère de l’éducation nationale réunissait les organisations syndicales, mardi 28 janvier, pour trouver des solutions à la « surcharge de travail » pointée par la profession après le suicide d’une des leurs en septembre, des directeurs d’école âgés de 27 à 80 ans reviennent sur les transformations de ce métier, des années 1970 à aujourd’hui.

En Haute-Savoie, dans le Nord, dans la Seine-Maritime ou encore dans le Gers, la plupart dirigent ou ont dirigé des écoles de une à quatre classes. Lorsqu’ils ont ces effectifs, les directeurs ne sont « déchargés » que quelques heures (souvent réunies en une ou plusieurs journées sur le mois), ce qui signifie qu’ils restent enseignants à part entière, en plus de leur mission de direction, pour laquelle ils touchent une prime variant de 200 à 400 euros brut. Tous décrivent la même « charge mentale » de celui qui assure à la fois la sécurité des élèves et l’animation de l’école, en plus de faire la classe. Edgar Castera, 80 ans, qui a dirigé pendant dix ans une école à Auch, raconte la difficulté à « anticiper les problèmes avant qu’ils ne se posent ».

Lucie, 27 ans, dirige une école de cinq classes dans la Seine-Maritime. Cette directrice, qui a souhaité garder l’anonymat, est la seule parmi ceux que nous avons interrogés à disposer d’une journée de décharge par semaine. Elle assure n’avoir « jamais le temps » de finir toutes les « microtâches » qui s’accumulent au cours de celle-ci. Ainsi, les heures consacrées à la gestion de l’école ne sont pas suffisantes et ne l’ont, de l’avis général, jamais été : « Quand un parent a besoin de parler, il passe une tête dans mon bureau et je ne regarde pas la montre », raconte Caroline Pirocchi, directrice de maternelle de 35 ans dans le centre-ville du Havre. Un sentiment que partage Raymonde Bertrand, 67 ans, qui a dirigé une école maternelle à Sallanches (Haute-Savoie) de 2000 à 2008 : « Une grosse partie du travail consiste en des entretiens informels avec les parents. C’est essentiel, mais impossible à quantifier. »

Nouvelles missions

Si gérer les responsabilités a toujours fait partie du métier, « la charge de travail s’est accentuée au tournant des années 2000, et augmente depuis de manière exponentielle », souligne Liliane Cordenos, ancienne directrice de 61 ans à Gimont, dans le Gers. Non seulement les missions existantes s’alourdissent, mais de nouvelles apparaissent. Tous citent les tâches administratives et les contraintes liées à la sécurité – deux aspects qui déplaisent à la profession, si l’on en croit l’enquête menée en novembre 2019 par l’éducation nationale auprès de 30 000 répondants : parmi les tâches les « plus pénibles », 66 % citent la sécurisation des lieux, et 62 % la gestion administrative. Les exercices de sécurité, « moins présents » il y a quelques années, impliquent des « compétences que l’on n’a pas », juge Laurence Baillieul, 40 ans, directrice d’une école de deux classes à Berthen, un village du Nord.

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