Brexit

Erasmus : un avenir en doute

Le programme d'échanges universitaires, qui a permis à 16 000 étudiants britanniques de partir étudier à l'étranger en 2017 va être renégocié dans les mois qui viennent.
par Sarah Chopin
publié le 30 janvier 2020 à 21h01

L'inquiétude règne parmi les étudiants britanniques : l'avenir du programme Erasmus +, qui finance les études de 16 000 d'entre eux à l'étranger chaque année, semble remis en question. Début janvier, la Chambre des communes a voté contre un amendement qui prévoyait d'obliger le gouvernement à négocier le maintien du programme, lors des négociations pour le Brexit. Layla Moran, la députée libérale-démocrate à l'origine de l'amendement, a déploré cette décision sur Twitter : «[Erasmus +] enrichit la vie de tant de jeunes gens. […] Le maintien de l'accès au programme devrait être une évidence mais le gouvernement a décidé de ne pas le soutenir.»

Dans la foulée, de nombreux internautes ont exprimé leur incompréhension sur Twitter. Ils craignent, entre autres, de voir les étudiants les moins aisés fragilisés par un arrêt du programme. Les bourses octroyées sont un soutien non négligeable pour ceux qui ne peuvent pas financer une année à l'étranger. L'université d'Aston estime, par exemple, que sur ses 400 étudiants envoyés à l'étranger via Erasmus + en 2019, au moins la moitié venait de milieux défavorisés. Devant l'émoi suscité par le vote, le gouvernement s'est senti obligé de répliquer : «Le vote d'hier soir [le 8 janvier, ndlr] ne met pas fin à la participation du Royaume-Uni au programme Erasmus +, une fois le pays sorti de l'UE», a indiqué le ministre aux Universités, Chris Skidmore, dès le lendemain.

Une semaine après, devant le Parlement, le Premier ministre, Boris Johnson, a assuré que le programme n'était «pas menacé». Il a ajouté que les étudiants britanniques continueraient d'en profiter, tout comme les jeunes européens qui voudraient venir au Royaume-Uni. Mais les mots du Premier ministre sont loin d'avoir rassuré toutes les parties concernées. Le futur d'Erasmus devra avant tout être négocié pendant la période de transition, qui devrait se terminer le 31 décembre 2020. Or le sujet n'a jusqu'ici jamais vraiment été une des priorités des négociations. De leur côté, les universités britanniques, réunies sous la bannière Universities UK, continuent de faire campagne pour le maintien du programme. Pour l'heure, comme l'a rappelé la Commission européenne, les «personnes se trouvant à l'étranger dans le cadre d'une activité de mobilité à des fins d'éducation et de formation financée au titre d'Erasmus + le jour où le Royaume-Uni quitte l'Union européenne pourront mener cette activité à terme». Après, le pays devrait pouvoir continuer à être partenaire du programme tout comme la Norvège, l'Islande ou la Turquie, qui ne sont pas membres de l'UE.

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