« Que faire après un master en histoire ? Rien. » Le début de la présentation de Géraud Poumarède a de quoi surprendre. Le directeur du département d’histoire de l’université Bordeaux-Montaigne consacre un module de quatre heures aux débouchés de cette formation pour ses étudiants en début de master 1. « L’idée est de provoquer un électrochoc chez les étudiants. Beaucoup ignorent encore ce qu’ils veulent faire par la suite », dit-il. Le reste de la présentation est plus explicite : « Un master recherche en histoire donne un diplôme bac + 5 et des compétences, mais il ne prépare pas à un métier. Il est d’abord une initiation à la recherche. A son issue, l’étudiant doit donc poursuivre ses études, qu’il se lance dans un doctorat, qu’il décide de préparer un concours, ou qu’il se spécialise dans une profession. »
Un master d’histoire, pas suffisant pour trouver un emploi ? De fait, après ce diplôme, six étudiants sur dix poursuivent leur études, souvent avec un deuxième master plus professionalisant, selon la dernière enquête ministérielle sur l’insertion professionnelle parue en décembre 2019. Ceux qui entrent dans la vie active trouvent globalement un emploi (75 % y parviennent en moins de dix-huit mois) mais il ne s’agit d’un emploi stable que pour un tiers d’entre eux. Quant au salaire médian, il ne dépasse pas 1 450 euros net par mois en début de carrière. Ces chiffres font partie des plus faibles indicateurs d’insertion après un master.
De nouveaux débouchés
D’autres voies existent pour ceux qui ne sont tentés ni par l’enseignement et la recherche, ou plus généralement par les concours de la fonction publique. Les départements d’histoire proposent de plus en plus de nouveaux masters professionnels pour diversifier les débouchés. « Les capacités de rédaction, de synthèse et d’analyse acquises dans cette discipline peuvent être valorisées sur le marché de l’emploi », martèle Philippe Hamon, directeur du département d’histoire de l’université Rennes-II.
Des masters professionnels se sont d’abord tournés vers le domaine du patrimoine et des archives, avec pour horizon la culture, les collectivités ou le tourisme. Marion Thomas, diplômée en 2016 du master en médiation du patrimoine de l’université Rennes-II, savait que l’insertion professionnelle n’était pas assurée : « Les enseignants ne nous le cachaient pas. » Une fois diplômée, elle a cumulé les vacations et les CDD dans des châteaux ou des musées en Bretagne, avant d’être recrutée au bout d’un an dans l’association culturelle le Nombril du monde, à Pougne-Hérisson dans les Deux-Sèvres. Elle y est chargée du développement et recrute des animateurs saisonniers – parmi eux, de nombreux diplômés de masters spécialisés en patrimoine –, mais, faute de place, elle refuse nombre de candidats. Dans ce domaine, la concurrence est rude.
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