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« Tous les ans, je signe des attestations à l’adresse de mon domicile » : les enseignants face à la précarité étudiante

A l’université de Lille, enseignants et secrétaires naviguent entre aide officielle et conseils officieux.

Par  (Lille, envoyée spéciale)

Publié le 04 février 2020 à 07h00, modifié le 05 février 2020 à 15h40

Temps de Lecture 6 min.

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A l’université, les enseignants en première ligne face à la précarité étudiante.

Un vendredi soir de décembre, il est 19 heures lorsqu’un vigile de l’université de Lille découvre une étudiante camouflée dans un recoin. Gênée, elle lui raconte que ses parents l’ont mise à la porte, et qu’elle cherche juste à dormir au chaud pour le week-end. « De sa propre initiative, l’agent de sécurité lui a payé l’hôtel pour deux nuits, relate Emmanuelle Jourdan-Chartier, enseignante et vice-présidente chargée de la solidarité. Nous lui avons remboursé les frais avancés. » Plusieurs fois par semaine, l’élue est sollicitée par des enseignants et par des secrétaires administratifs lui signalant que tel ou tel jeune rencontre de grandes difficultés.

Avec 70 000 étudiants, l’université de Lille est l’une des plus grosses facs de France. Si elle accueille 38 % de boursiers sur critères sociaux (un chiffre qui correspond à la moyenne nationale), ce taux frise les 50 % sur le campus Pont-de-Bois, siège des sciences humaines et sociales. Outre les aides du Crous, cette année, 403 étudiants sont éligibles à une aide spéciale de l’université, contre 222 en 2018, soit 81 % de plus.

Une hausse qui fait écho à une impression partagée par de nombreux enseignants : celle d’être confrontés à de plus en plus d’étudiants en situation de besoin. Pour faire face à ces difficultés, le budget du fonds de solidarité de l’université a doublé en un an, atteignant 341 400 euros. « Une commission se réunit une fois par mois pour permettre de distribuer les fonds », détaille Emmanuelle Jourdan-Chartier.

S’ajoutent des aides financières d’urgence, jusqu’à 1 000 euros, lorsqu’un étudiant perd son logement ou s’il se retrouve en rupture familiale. L’université peut aussi recharger les cartes de cantine en cas de mois difficiles. Entre février et mai 2019, ce sont 2 153 repas qui ont ainsi été payés à 122 étudiants.

Pâtes et couches-culottes

Lorsque des étudiants viennent leur confier leur détresse, nombreux sont les enseignants qui ignorent encore l’existence de ces aides. « Si un jeune fait l’effort de se tourner vers moi et que je lui réponds que je ne sais pas comment l’aider, il ne tentera pas une deuxième fois », rapporte Caroline Husquin, responsable de la deuxième année de licence d’histoire, qui compte 250 étudiants. « Ainsi, je me suis autoformée quand j’ai pris des responsabilités administratives. Je savais donc à qui m’adresser pour orienter les étudiants, notamment pour obtenir une bourse », complète-t-elle.

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