Campus d'excellence : la voie pro à la conquête des étudiants

Le projet, annoncé ce jeudi, vise à rapprocher les acteurs de l'économie et de l'éducation. Un pari pour la filière professionnelle.

Par

La Manufacture des Gobelins, futur « campus d’excellence », à Paris.

La Manufacture des Gobelins, futur « campus d’excellence », à Paris.

© FRANCOIS GUILLOT/AFP

Temps de lecture : 3 min

Rendus. Dans le froid glacial de la cour pavée de la Manufacture des Gobelins, haut lieu de la tapisserie française et du mobilier national, Hugo, Julien et Robin soufflent enfin. Après quatre mois de travail, les trois amis de l'École Boulle, célèbre établissement parisien d'arts appliqués, viennent de présenter l'oral d'un concours inédit. À la clé : la conception du mobilier d'un lieu phare de l'Élysée, la salle du Conseil des ministres. Le Graal pour chacun des 122 étudiants qui présente, ce mardi, table de réunion, chaises, bureau, fauteuils, casier à téléphones et luminaires.

Le point du soir

Tous les soirs à partir de 18h

Recevez l’information analysée et décryptée par la rédaction du Point.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Mais si le bois gonflable ou le cuir irisé made in France des trois candidats ne convainquent pas le jury, qu'ils se rassurent, « les appels à projets vont se multiplier », assure la manufacture. Et le label « campus d'excellence » que s'apprête à porter l'institution multicentenaire – dont dépendent 29 écoles d'art et de design – n'y est pas étranger.

Lieu de convergence

Annoncée, en grande pompe, ce jeudi par les quatre ministres de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur, de l'Économie et du Travail, la création des vingt-trois « campus d'excellence » se veut – dans la droite suite de la réforme professionnelle de septembre 2018 – un levier fort pour l'attractivité des filières professionnelles, alors que plus de 150 000 offres d'emploi restent non pourvues chaque année.

Lire aussi Boom de l'apprentissage : bras de fer entre Pénicaud et les régions

Le projet – d'un coût de 120 millions d'euros – consiste à « réunir dans un hub (lieu de convergence physique ou virtuel, NDLR) des acteurs qui ne gagnent qu'à échanger : les établissements de formation, en quête de visibilité, et les entreprises du territoire, en quête de main-d'œuvre ! » indique Marc Foucault, chef de projet de la transformation professionnelle à l'Éducation nationale.

« Ce lien vise à s'assurer de la cohérence de nos formations (ébénisterie, design produit, maroquinerie…) avec les réalités professionnelles d'aujourd'hui et de demain. Mais aussi à encourager nos élèves à la poursuite d'études, pour leur délivrer les diplômes recherchés sur le marché », explique Héloïse Le Boucher, directrice opérationnelle du futur « campus d'excellence » de la Manufacture des Gobelins.

Et le projet enthousiasme les étudiants de l'École Boulle. « C'est la promesse d'échange de matériel et de savoir-faire », projette Julien ; « Les liens avec l'entreprise peuvent ouvrir des portes » ; espère, quant à lui, Robin. Il faut dire que ce chantier a pour dessein de les séduire. « On veut que les jeunes se tournent volontairement vers la filière professionnelle, encore trop souvent perçue comme un choix par défaut », explique Marc Foucault.

Renouer avec une voie mal-aimée

En effet, si les élèves des écoles des métiers d'art et de design y sont rarement inscrits par dépit – l'entrée est généralement hautement sélective – certains choix relèvent d'un désaveu de principe pour les filières technologiques. Aussi, Julien raconte un parcours tristement banal : « On m'a dit : “Fais un bac S” toute mon adolescence ! Je l'ai fait, mais j'aurais dû aller en ST2A [bac technologique sciences et technologies du design et des arts appliqués”, NDLR] dès le départ. »

Alors, pour conquérir les plus hésitants, les « campus d'excellence » doivent se montrer aussi, sinon plus, attractifs que les voies générales. Pour ce faire, ils misent sur l'international – l'un des critères phares d'éligibilité au label. Aussi, à la Manufacture des Gobelins, les étudiants bénéficieront de partenariats avec l'Italie et le Japon, territoires de métiers d'art et de design. Et accueilleront des étudiants étrangers, « pour rendre la France attractive », indique Heloïse Le Boucher.

« Ce n'est pas parce qu'on est en voie professionnelle qu'on ne peut pas partir ou accueillir des étudiants en échange sur le campus, comme en école d'ingénieur ou en business school », signale Marc Foucault. Il l'assure : « Le meilleur ne sera plus réservé à ceux qui font de grands masters. »

À ne pas manquer

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation