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Discrimination d'origine à l'embauche : sept entreprises épinglées

Le gouvernement a publié jeudi soir une première vague de testing de 40 entreprises du SBF 120 sur la discrimination à l'adresse et sur l'origine. Si la première n'est pas avérée, la seconde l'est. Sont épinglés : Accor Hotel, Air France, Altran technologies, Arkema, Renault, Rexel et Sopra Steria. Ces entreprises contestent vivement la méthode du testing. 

Parmi les sept entreprises épinglées pour discrimination en fonction de l'origine dans les procédures de recrutement figure Renault.
Parmi les sept entreprises épinglées pour discrimination en fonction de l'origine dans les procédures de recrutement figure Renault. (Franck CRUSIAUX/REA)

Par Leïla de Comarmond

Publié le 7 févr. 2020 à 07:30Mis à jour le 7 févr. 2020 à 08:44

Si l'on s'appelle Mohamed, on n'a pas la même chance de trouver du travail que si on s'appelle Jean. De nombreuses études l'ont démontré. Mais existe-t-il pour autant une discrimination systémique à l'embauche dans certaines entreprises et pas d'autres ? Le sujet a été évoqué par le chef de l'Etat qui avait même menacé à Roubaix en novembre 2017 de pratiquer le « name and shame » envers les employeurs qui ne joueraient pas le jeu. « Je veux… que nous rendions publiques les entreprises les plus délinquantes en la matière », avait-il déclaré alors.

« Je veux que vous preniez votre part » dans la lutte contre le chômage dans les quartiers en difficulté, a ensuite lancé le président de la République à l'adresse des entreprises du SBF120 en mai 2018, annonçant que dans les trois ans, leur politique de recrutement ferait l'objet d'un testing.

Travail d'envergure

La première édition de cette opération destinée à mesurer à la fois la discrimination des résidents en quartier prioritaire de la ville et selon leur origine a été réalisée entre octobre 2018 et janvier 2019 et le gouvernement en a publié le résultat jeudi soir. Ce travail d'envergure réalisé par des chercheurs de la Fédé TEPP issus de trois universités a été basé sur des candidatures spontanées et des réponses à des offres de candidats virtuels au CV similaire mais au nom « franco-français » ou maghrébin. Près de 5.500 tests de double envoi ont été réalisés au total, dont 3.000 sur l'origine et 2.300 sur le lieu d'habitation.

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La conclusion concernant l'adresse ne met pas en évidence de discrimination liée spécifiquement à la domiciliation dans un quartier en difficulté. Cela ne veut pas dire qu'il n'y en a pas mais que, et c'est une bonne nouvelle, la probabilité est faible que ce critère explique les différences éventuelles de traitement avec une personne habitant hors de ces quartiers par les 40 entreprises testées.

Sept entreprises pointées

En revanche, l'étude confirme l'existence d'une discrimination d'origine « significative et robuste » : « un Maghrébin a 25 % de chances de moins de recevoir une réponse ». Et elle pointe sept entreprises. Il s'agit de Accor Hotel, déjà épinglé lors d'un précédent testing, Air France, Altran technologies, Arkema, Renault, Rexel et Sopra Steria. Toutes ont trouvé à redire à la méthode de testing employée, aux dires de l'entourage de Muriel Pénicaud : « Elles considèrent que ce qui a été testé, ce n'est pas le processus de recrutement », notamment là où le processus est centralisé. 

Mardi soir, dans un communiqué commun, six des sept entreprises (exception faite de Renault) ont souligné « unanimement leur profond désaccord et leur indignation face aux faiblesses manifestes de la méthodologie utilisée qui aboutit à des conclusions erronées». Ainsi, Air France «conteste totalement la méthodologie et les conclusions du rapport» qui «ne reflètent absolument pas les valeurs et les pratiques de l'entreprise», déplorant que l'étude repose notamment sur des candidatures spontanées. Même son de cloche chez Rexel, qui a réfuté «  formellement toute accusation et toute pratique de discrimination à l'embauche»  et regretté «que la présentation biaisée des résultats de cette étude, ainsi que l'absence de transparence dans le dialogue entre le ministère et les responsables de cette étude et Rexel, conduisent à une accusation injuste, injustifiée et inacceptable.»

Il n'empêche que toutes les entreprises étaient présentes mardi au ministère du Travail pour une réunion sur le sujet. Quant aux bonnes élèves, le paradoxe est qu'elles n'ont, elles, pas été informées et vont découvrir leur bon score à la lecture de l'étude. En tête se trouvent Sanofi et Schneider Electric pour lesquelles l'étude n'a trouvé aucune différence de traitement entre les candidatures. Air Liquide fait exception : il a été trouvé un indice de discrimination inversée. Le signe d'une discrimination positive pour diversifier son personnel ?

En tout cas, le gouvernement travaille désormais à un nouveau cahier des charges pour la deuxième vague de testing avec les sept entreprises épinglées. Au centre des discussions notamment les candidatures spontanées qui seraient de moins en moins utilisées par les DRH pour constituer un vivier de recrutement.

Leïla de Comarmond 

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