En terminale, Mona (le prénom a été modifié) était attirée par la gestion. Elle savait aussi qu’elle voulait une formation « concrète, assez encadrée, avec une ouverture sur l’international ». Elle a écumé Internet, puis les salons d’orientation. Rapidement, elle a rayé la case prépa, « trop théorique et trop stressante ». Tout comme la licence d’économie-gestion à la fac : « trop libre ». Finalement, elle a opté pour un bachelor dans une école de commerce de région parisienne. « J’ai été séduite par le rattachement de ce bachelor à une grande école, avec beaucoup de cours, des contacts avec l’étranger et je suis déçue… », confie-t-elle, gênée, sous l’œil de ses professeurs.
Les cours eux-mêmes lui plaisent « plutôt », mais elle estime que, en dépit des 7 900 euros annuels de frais de scolarité, l’accompagnement ne suit pas, et l’option finance qui l’intéressait n’a pas ouvert, faute d’étudiants… Dans le même bachelor, Alexis (le prénom a été modifié), lui, est content de son choix : « Les cours sont bien faits, et j’apprécie beaucoup la liberté qui nous est donnée de choisir notre parcours, de nous investir dans l’association de notre choix. Et on a du temps pour mener des projets entrepreneuriaux. »
Quasi inconnues en France il y a dix ans, ces formations postbac en trois ou quatre ans se sont multipliées dans les écoles privées et connaissent un succès croissant auprès des lycéens. « Elles répondent aux besoins de recrutement de cadres intermédiaires exprimés par les entreprises et à la volonté des écoles de développer leur offre de formation », observe le ministère de l’enseignement supérieur, incapable d’en déterminer le nombre précis. La plupart sont en effet proposées par des établissements qui échappent à son contrôle.
« Machines à cash »
S’il existe des bachelors dans divers secteurs, de la mode au numérique, la plupart de ces cursus ont émergé dans le giron des écoles de commerce. Face à une stagnation du marché des étudiants bac + 2 ou bac + 3, les écoles ont lancé ces bachelors post-bac pour financer leur croissance, à l’international notamment. Moins sélectifs, moins coûteux pour les écoles car moins exigeants en termes de recherche ou d’accompagnement que les « programmes grande école », les bachelors ont été vus comme les « machines à cash » des business schools.
La cinquantaine de bachelors proposés par les établissements de la Conférence des grandes écoles rassemblait, en 2018, 32 000 étudiants – une augmentation de 40 % depuis 2012. Sur les salons, ceux-ci sont présentés aux parents et aux lycéens comme un cadre d’études rassurant et stimulant : une première marche de trois ans, l’acquisition des fondamentaux de la gestion, des stages et une, voire plusieurs expériences à l’étranger, une vie étudiante riche… A son terme, l’étudiant a le choix : chercher du travail ou poursuivre ses études. Sur le papier, au moins.
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