« Ding ding dang dong dong ding dong dang… » Il est 14 heures, l’improbable carillon du lycée Les Bruyères, à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), tintinnabule. Quand les haut-parleurs se taisent, un brouhaha s’échappe de la classe de Marie Le Bihan. Des cahiers se ferment, des chaises raclent le sol, c’est la fin du cours de mathématiques. Un groupe d’étudiants se rassemble autour de la professeure et la presse de poursuivre sa démonstration. L’enseignante continue au tableau. Les minutes passent, le cours déborde de son créneau horaire.
A priori, il n’y a pourtant pas de passionnés de maths entre ces murs : les élèves sont en première année de prépa économique et commerciale, option technologique (ECT). Titulaires d’un bac en sciences et technologies du management et de gestion (STMG), quasiment tous ont subi, en fin de 2de, leur orientation vers la filière technologique.
Cette prépa est l’une des filières qui permettent aux déconnectés de la voie générale de reprendre le chemin des études longues, tout comme leurs homologues destinées aux bacheliers STL et STI qui cherchent à intégrer une école d’ingénieurs. Ainsi, la France compte quarante classes préparatoires ECT, qui fournissent chaque année aux écoles de commerce un millier d’étudiants titulaires de bacs technologiques. « Régulièrement, des étudiants d’ECT intègrent des écoles du top 10 », souligne Quentin Leroux, professeur de management et président de l’Association de promotion des classes préparatoires option technologique (Adeppt). A la rentrée 2019, cinq étudiants de la filière ont intégré HEC.
Se faire connaître
Si les BTS restent la principale voie d’accès à l’enseignement supérieur des bacheliers professionnels et technologiques, il existe à côté divers dispositifs et filières qui permettent de mettre ces lycéens sur les rails des études longues.
C’est ainsi l’une des missions que s’est fixées le Campus d’enseignement supérieur et de formation professionnelle (CESI). Il accueille dans les rangs de son Ecole supérieure de l’alternance, qui propose des formations bac + 2 et jusqu’à bac + 5, 17 % d’élèves issus d’un lycée professionnel et 29 % de titulaires d’un bac technologique. Quant aux écoles d’ingénieurs du CESI, elles revendiquent sur leurs bancs plus de 10 % d’anciens lycéens de bacs technologiques et plus de 30 % issus des filières professionnelles. Le taux d’insertion à six mois avoisine les 90 %.
Pour accompagner les lycéens des filières professionnelles dans l’enseignement supérieur, un autre dispositif a vu le jour récemment : Trajectoire sup. Créée en 2017 en Ile-de-France par le Centre de formation d’apprentis Formasup Paris, c’est une passerelle qui conduit des jeunes des bacs professionnels vers l’enseignement supérieur en apprentissage. Les universités de Paris V-Descartes, Paris-VII-Diderot, Paris-II-Panthéon-Assas, Paris-Dauphine ont ouvert quelques places dans plusieurs DUT et licences. L’Edhec participe également au dispositif et reçoit, pour la rentrée 2020, les premières candidatures pour intégrer son bachelor of business administration.
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