Bien diriger, bien gouverner n’a jamais été simple. Les informations sur lesquelles s’appuient les décideurs actuels sont difficiles à interpréter. Les conséquences de leurs décisions sont incertaines. La technologie de l’information ne fait qu’amplifier la difficulté : un flot toujours plus nourri d’informations et de désinformation rend plus que jamais difficile la compréhension du monde, et la multitude de connexions que permet Internet augmente le risque de conséquences imprévues.
“La technologie et la mondialisation ont permis à plus de gens de créer plus de contacts et de faire des transactions sans intermédiaires, et souvent en dehors des réglementations dictées par les autorités” résume Mauro Guillén, professeur de management international à la Wharton School, dans l’université de Pennsylvanie. “Cette complexité complexifie toujours plus le travail des décideurs politiques et des régulateurs.”
“Un flot toujours plus nourri d’informations et de désinformation rend plus que jamais difficile la compréhension du monde, et la multitude de connexions que permet Internet augmente le risque de conséquences imprévues”
La quantité de données produites, échangées ou téléchargées chaque jour est un problème qui dépasse nos capacités à les gérer. L’historien et philosophe Yuval Noah Harari avertissait dans son livre de 2016, ‘Homo Deus, une brève histoire de demain’, que les nouvelles connaissances produisent du changement, et tandis que nous tentons de comprendre ce changement, nous acquérons rapidement plus de connaissances, qui entraînent d’autres changements. Résultat : nous sommes moins capables de déchiffrer le présent et les décideurs doivent constamment se mettre à jour.
Prenons un exemple : les tentatives de l’UE de réglementer l’utilisation des données personnelles. En 2012, la Commission européenne avait publié un mémorandum pour exposer ses inquiétudes quant à l’utilisation des données personnelles et les risques d’atteintes à la vie privée [...]