Des candidats convoités et un salaire qui explose : le policier municipal a la cote en Ile-de-France

C’est l’un des métiers qui recrute le plus dans les municipalités. Et les mairies multiplient les offres alléchantes pour inciter les futurs policiers à choisir leur commune.

 A Bobigny (Seine-Saint-Denis). La police municipale a été créée en juin 2016 et a régulièrement augmenté ses effectifs. En 2020, ils seront 24.
A Bobigny (Seine-Saint-Denis). La police municipale a été créée en juin 2016 et a régulièrement augmenté ses effectifs. En 2020, ils seront 24. LP/Olivia Villamy

    Ils sont courtisés de toutes parts. Avec la multiplication des offres, les policiers municipaux sont devenus une denrée rare. « Dans un contexte post-attentats, beaucoup de maires ont voulu se doter d'une police municipale », explique Olivier Degeorges, directeur de la formation sécurité publique au Centre national de la fonction publique territoriale.

    L'unique organisme chargé de former les policiers municipaux organise tous les deux ans un concours pour recruter ses futurs agents. « Pour faire face à la pénurie, on a ouvert une session exceptionnelle l'année dernière », détaille Olivier Degeorges.

    «Avec le concours, vous avez 99% de chance d’être embauché»

    Cette année encore, 190 places sont disponibles en Ile-de-France pour le prochain concours qui se déroulera à partir du 5 mai. Des places ouvertes en interne (policiers nationaux, agents de la voie publique ou gendarmes) et en externe.

    Pour accéder au premier grade de la police municipale, les candidats doivent passer un concours de catégorie C — accessible avec un CAP ou le brevet des collèges — assez sélectif. « Il y a d'abord une phase d'admissibilité avec des épreuves écrites, puis des admissions orales, des épreuves sportives et des tests psychotechniques. »

    Mais, selon Olivier Degeorges, pas de quoi se décourager. « Le concours n'est pas fait pour exclure ! Ce n'est pas Sciences-po ou l'ENA. Avec une bonne préparation, il est accessible à tout le monde », assure-t-il. D'autant que « si vous décrochez le concours, vous avez 99 % de chance d'être embauché. »

    «Pour attirer, on offre le maximum de primes et d'indemnités»

    Un emploi stable et plutôt bien rémunéré. Si le salaire des agents de police est calqué sur une grille d'indice, les communes ont tendance à faire monter les enchères pour séduire les candidats et les fidéliser. « Il faut être concurrentiel », explique Olivier Klein, le maire PS de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Il lui a fallu un an pour recruter sa nouvelle police municipale composée de huit personnes.

    Un délai « extrêmement raisonnable », selon Laurence Molossi, directrice générale adjointe de la commission prévention et sécurité de la ville. « J'étais bien plus pessimiste, reconnaît-elle. Mais, pour attirer, on n'a pas eu d'autre choix que d'offrir le maximum en termes de primes et d'indemnités. C'est ce que font tous les maires. »

    A Bobigny (Seine-Saint-Denis), créer une police municipale était l'une des promesses de campagne du maire (UDI), Stéphane de Paoli, en 2014. Les moyens ont donc été mis et cinq ans plus tard, 20 policiers municipaux occupent les locaux d'un ancien cabinet médical à côté du Pont de Bondy. « Ils seront bientôt 24 », se félicite Rosine Firozaly, directrice adjointe à la tranquillité publique de la ville.

    «On n'a pas les moyens de s'aligner»

    Comme chaque ville peut mener sa propre politique, les traitements peuvent varier de 300 à 400 euros net par mois d'une commune à l'autre. « C'est énorme », lâche Dominique Bailly, maire (DVD) de Vaujours (Seine-Saint-Denis) et président de la commission sécurité au sein de l'association des maires d'Ile-de-France.

    Dans sa commune, il a mutualisé ses forces avec la ville voisine de Coubron pour créer la première police intercommunale de Seine-Saint-Denis. « On n'a pas les moyens de s'aligner sur les salaires, alors on compense en proposant des missions de qualité et un cadre de travail particulièrement privilégié », explique l'édile, toujours à la recherche de deux agents pour compléter ses effectifs.

    «De 1500 euros pour un débutant, le salaire peut vite grimper à 3000 euros»

    Pour un agent de catégorie C en milieu de carrière, le salaire moyen peut vite « grimper à 3000 euros », selon Olivier Degeorges. Notamment lorsque les policiers effectuent des heures supplémentaires de nuit.

    Pour un policier qui débute, le salaire de base est de 1500 euros net, auquel s'ajoute indemnités et primes. « En début de carrière un agent peut facilement gagner entre 2400 et 2800 euros net », atteste Dominique Bailly.

    « Et ce n'est pas volé », complète Olivier Degeorges. « Les contraintes sont nombreuses, entre les horaires décalés et les week-ends travaillés. Mais les policiers sont bien payés, et c'est important de le souligner pour attirer les candidats. »

    De fait, les policiers passent la majorité de leur temps en patrouille et sont souvent en première ligne face au danger. Depuis quelques années, le métier a profondément changé. Si en 2010, 20 % de la profession était armée, ils sont désormais 90 % à posséder une arme.