Partager
Vie de bureau

Jobs de rêve : à quoi ressemble le métier mouvementé d'une commissaire de police?

INTERVIEW - Chloé Grapillard est cheffe de l’office anti-stupéfiants de la direction interrégionale de la police judiciaire de Lille. La commissaire de police a, à 30 ans, une quarantaine de policiers sous ses ordres. Elle raconte les joies et les peines d’un métier-passion, combinant adrénaline et management d’équipe.

réagir
Chloé Grapillard, commissaire de police / Cover Jobs de rêve

Chloé Grapillard, commissaire de police

Collection personnelle

Challenges - Pourquoi avez-vous choisi le métier de commissaire de police?

Chloé Grappillard - Depuis que je suis petite, je recherchais un métier sans routine, qui ait du sens pour la communauté. Après le bac, je suis rentrée à Sciences Po Rennes: c’est à ce moment-là que je me suis intéressée à la police. L’accès à la sécurité était extrêmement inégalitaire en France. J'étais convaincue que cette voie me permettrait d'oeuvrer pour les plus défavorisés tout en menant une vie d'action. Lorsque je me suis confrontée aux réalités du métier et du terrain, ma vocation s’est pleinement révélée. Je ne m’étais pas trompée sur mes envies.

Lire aussiQu'est-ce qui fait rêver l'avocat star Hervé Temime dans son job?

Comment devient-on commissaire? 

Pour devenir commissaire de police, il faut entrer, sur concours, à l’école nationale supérieure de la police, à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, près de Lyon. Une quarantaine d’élèves sont pris chaque année, pour deux ans d’études avant de prendre un poste.

Comment décririez-vous le métier de commissaire de police?

Les commissaires sont des policiers avec des fonctions de supervision, de management d’équipe et de décision. En tant que cheffe de l’office anti-stupéfiants de la direction interrégionale de la police judiciaire de Lille, je dirige une équipe d’une quarantaine de fonctionnaires. J’encadre et supervise cinq groupes d’enquêtes. Je suis et coordonne l’avancée des recherches, j’échange avec les enquêteurs sur les stratégies à mettre en place… Je participe également à la conception des politiques de sécurité à Lille, soit la définition des quartiers prioritaires où il faut intervenir et les moyens à mettre en oeuvre. J’ai aussi un rôle de coordination, en travaillant main dans la main avec tous les acteurs clefs, comme la préfecture, la magistrature, les bailleurs sociaux, pour organiser les enquêtes.

A quoi ressemble votre journée-type?

Justement, il n’y en a pas, et c’est une des raisons pour lesquelles le métier me plaît tant ! En moyenne, j’arrive au commissariat à 8h30 et je finis à 19h30. je commence ma journée avec le rituel du café. C’est un moment clef du relationnel entre agents, qui permet de saluer tout le monde et de faire le point sur les dossiers en cours. Il m’arrive aussi de me rendre avec mes équipes sur les lieux d’interpellation, un moment qui nous soude. Ensuite, j’enchaîne les réunions avec les autres chefs de service, les commissaires et les magistrats, et je discute des enquêtes avec les officiers. J’effectue également des tâches administratives, comme la demande de nouveau matériel, la rédaction de notes et de comptes-rendus.

Lire aussiJobs de rêve: le quotidien sans attache du navigateur Armel Le Cléac'h

Le métier demande une grande disponibilité: par exemple, nous travaillons souvent les soirs et les week-ends, lorsqu’il faut intervenir au débotté. Le rythme des voyous ne colle pas à celui d’une vie de bureau! Au point que cela devient difficile de préserver sa vie personnelle.

Quelles sont, pour vous, les plus grandes difficultés du métier?

Elles sont nombreuses, et il faut que ce métier soit une vocation pour les outrepasser. Tout d’abord, il y a la violence physique, incarnée par la dangerosité du terrain. Selon les postes que vous occupez, votre intégrité est menacée car vous vous retrouvez face à des individus dangereux et imprévisibles. Bien que les commissaires soient moins exposés que leurs équipes toujours sur le terrain, la violence de la délinquance pèse lourdement sur le quotidien. Deuxièmement, il y a la violence psychologique. La mort et la misère humaine sont très présentes. Il faut savoir évacuer le stress des interventions et gérer les effets de cette violence chez nos agents. Cette responsabilité est un autre défi: en tant que chefs, nous devons être attentifs au bien-être de nos collègues.

Lire aussiJobs de rêve: Piloter un Rafale de l'armée de l'air, une mission loin de "Top Gun"

Nous devons aussi suivre avec attention les évolutions du Code pénal, que nous utilisons quotidiennement dans notre pratique. Enfin, la profession implique de nombreux sacrifices sur le plan personnel. A cela s’ajoute un manque de reconnaissance, voire même un rejet des policiers par la société civile. Cela rend le métier douloureux parfois, surtout à la vue des risques que nous prenons pour défendre nos concitoyens.

Et ses plus grandes joies?

Indéniablement, on a le sentiment d’être utile au corps social. C’est une immense satisfaction. Je trouve également beaucoup de plaisir à suivre et résoudre des enquêtes d’un bout à l’autre. Et j’aime beaucoup le rôle de manager, au coeur du métier de commissaire : motiver ses collègues, leur donner le sentiment d’être reconnu dans leur travail, répartir les missions... Peu de métiers combinent une formation de cadre supérieur à bac+5, un job de chef de service avec des fonctions de management, et autant d’adrénaline. 

Commenter Commenter

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications