Drapeaux de la Corse, de La Réunion, de la Guyane, de l’Occitanie, de la Polynésie Française, et du Pays Basque / Wikimedia Commons / Licence CC

Les Français sont majoritairement favorables à la reconnaissance officielle des langues régionales d’après le dernier sondage IFOP sur le sujet pourtant, la question de leur enseignement reste flou. Qu’en est-il depuis la mise en place de la réforme du bac ?

L’Éducation nationale permet l’apprentissage des langues régionales dans les établissements publics comme le précise le Code de l’éducation : « les langues et cultures régionales appartenant au patrimoine de la France, leur enseignement est favorisé ». Toutefois, leur enseignement dépend des régions où elles sont en usage. Ainsi elles peuvent être enseignées « tout au long de la scolarité selon des modalités définies par voie de convention entre l’Etat et les collectivités territoriales où ces langues sont en usage ». Il est donc possible d’apprendre le basque, le breton, le catalan, et l’occitan ou les autres langue d’oc depuis 1951, le corse depuis 1974, le tahitien depuis 1981 les langues régionales d’Alsace et des pays mosellans depuis 1992. D’autres langues, comme le wallisien et le futunien peuvent aussi être enseignées avec les mêmes modalités que celles d’une langue vivante. En France, on estime que le créole est la langue régionale la plus parlée, suivie de près par le corse. En Corse, tous les élèves apprennent le corse avec trois heures d’enseignement de la langue et la culture régionale jusqu’à la sixième.
Pour l’ensemble des langues régionales, dès la sixième, les collèges peuvent proposer un enseignement de langues et cultures régionales jusqu’à 2 heures par semaine. Au lycée, les langues régionales sont considérées comme des cours de LV2 ou en option. La langue régionale peut donc être présentée au Bac.

Des langues régionales boudées par les élèves….

Si le breton, l’occitan et le basque semblent tirer leur épingle du jeu, l’inquiétude grandit pour certaines langues régionales. Dans l’Est de la France, l’Office pour la langue et les cultures d’Alsace et de Moselle note « la diminution de l’apprentissage du dialecte ». Pire, rares sont les établissements publics dispensant encore des cours bilingues.

Dans l’académie de Toulouse, 7 lycées viennent de supprimer les cours d’occitan, sur les 42 où il était enseigné avant l’été, ce qui représente une baisse de 16% », alerte le Centre régional des enseignants d’Occitan. Rien que pour cette rentrée 2019, il estime que « plusieurs centaines de lycéens se trouvent privés d’un enseignement de langue occitane »

Cette situation est amplifiée avec le nouveau baccalauréat. En effet, si la réforme a conduit à la création d’une spécialité « langues, littératures et cultures étrangères et régionales », cette dernière est fortement en concurrence avec les mathématiques ou les sciences de la vie et de la Terre, et elle figure rarement en tête des choix des lycéens.

Autre point de crispation, la notation. La langue régionale prise en option facultative possède un coefficient trois fois inférieur à celui des langues anciennes, ce qui ne représente qu’environ 1 % de la note finale du bac.

….et par le ministère ?

Alors que Jean-Michel Blanquer déclarait en mai 2019 vouloir « soutenir et développer l’enseignement en langue régionale » les actes ne suivent pas les paroles.

En effet, les Capes de langues régionales 2020 ne voient que très peu de places ouvertes au concours. Autre point noir, en septembre dernier, le corps enseignant de la langue régionale des Pyrénées-Orientales apprenait la suspension indéterminée du Capes de catalan pour l’année 2020. En 2018, il n’y avait que trois places ouvertes pour ce même concours, quand le syndicat Sud Education estime qu’il manque 18 postes de professeurs dans les Pyrénées-Orientales .

Après d’âpres discussions avec le ministère, le Capes de catalan a finalement été sauvé en octobre dernier. Pour ce qui est de l’agrégation, en 2018, le ministère annonçait la création d’une agrégation de Langues Régionales avec 7 options : basque, breton, catalan, corse, créole, occitan, tahitien. Selon le communiqué du ministère, la création de cette agrégation devait constituer « une avancée majeure dans la reconnaissance des langues régionales ». Pour la session 2020 de l’agrégation externe, 3 postes de langue régionale seulement sont proposés : un en corse, et deux en créole. En agrégation interne, seuls un poste en catalan et un poste en occitan-langue d’Oc sont proposés.