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Le chômage en France est à son plus bas niveau depuis 2008, selon l’Insee

Le taux de chômage s’établit à 8,1 % au quatrième trimestre, selon les chiffres publiés jeudi. Le gouvernement estime qu’un taux à 7 % en 2022 était « franchement atteignable ».

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Publié le 13 février 2020 à 08h16, modifié le 13 février 2020 à 14h49

Temps de Lecture 4 min.

Voilà une batterie d’indicateurs synonymes de bol d’oxygène pour le gouvernement, englué dans les critiques contre sa réforme des retraites. Selon les données diffusées, jeudi 13 février, par l’Insee, le taux de chômage a diminué de 0,4 point au dernier trimestre 2019 (de 0,7 point en douze mois), pour atteindre 8,1 % sur l’ensemble du territoire – outre-mer compris, à l’exception de Mayotte. C’est son plus bas niveau depuis fin 2008, mais il reste supérieur à la moyenne des pays occidentaux.

Autre évolution, très encourageante : la proportion de personnes qui occupent un poste poursuit son ascension, se situant désormais à près de 66 % chez les 15-64 ans (+ 0,4 point en un an, avec un bond encore plus net chez les seniors). La qualité de l’emploi demeure également bonne puisque la part de titulaires d’un CDI remonte au même seuil qu’il y a douze mois (à 49,3 %). Quant aux individus en situation de sous-emploi (c’est-à-dire qui aimeraient effectuer un plus grand nombre d’heures), ils sont relativement moins nombreux (– 0,5 point en un an).

Chiffres du chômage : Article réservé à nos abonnés pourquoi tant d’écart entre l’Insee et Pôle emploi ?

Ces résultats sont, bien évidemment, imputables à la situation favorable qui continue de prévaloir sur le marché du travail. Au cours des trois derniers mois de 2019, l’emploi salarié dans le secteur privé s’est accru de 0,2 %, soit une progression « comparable à celle du trimestre précédent », d’après les statistiques – provisoires – de l’Insee publiées le 7 février. Sur l’ensemble de l’année 2019, le nombre de personnes employées dans les entreprises a augmenté de 210 000 (soit + 1,1 %). La dynamique fut donc bien meilleure en 2019 par rapport à l’exercice précédent (+ 163 000, en valeur absolue, en 2018), mais elle s’avère nettement moins éclatante que celle relevée en 2017 (+ 329 700). Dans ce faisceau de tendances flatteuses, deux faits, au moins, méritent d’être signalés : l’industrie, qui ne cessait de s’étioler depuis le début des années 2000, a vu ses effectifs s’étoffer légèrement, de janvier à décembre 2019, avec 7 900 créations nettes de postes, et le secteur de la construction a confirmé qu’il avait retrouvé des couleurs (+ 42 200).

« Montée du halo du chômage »

« Le recul du taux de chômage s’avère d’autant plus impressionnant que la croissance, si elle résiste bien, est moins soutenue qu’auparavant, à 1,2 % ou 1,3 % en rythme annuel, décrypte Philippe Martin, professeur à Sciences Po. Notre économie parvient, malgré tout, à créer davantage d’emplois et le marché du travail fonctionne mieux. » A ses yeux, il est difficile « de ne pas y voir la conséquence des réformes successives engagées depuis 2015 et amplifiées depuis deux ans et demi » : allègement du coût du travail, notamment pour les personnes les moins qualifiées ; assouplissement des règles encadrant la relation entre travailleurs et employeurs, qui réduit la peur de l’embauche ; développement de l’apprentissage et gros efforts en matière de formation continue pour les personnes éloignées du monde de l’entreprise…

« Ce reflux du chômage n’a rien d’étonnant puisqu’il est en adéquation avec les volumes significatifs de recrutements qui se sont produits durant l’année 2019, enchaîne Eric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). L’amélioration touche quasiment toutes les catégories, sauf les jeunes, qui ont peut-être pâti de la très forte compression des contrats aidés depuis deux ans. » L’autre gros point noir, selon M. Heyer, se situe dans « la montée du halo du chômage », une notion qui désigne toutes les personnes désireuses de retrouver une activité sans pour autant être considérées comme chômeuses car ne remplissant pas certaines conditions (par exemple effectuer des recherches assidues pour décrocher un poste) : « Ce phénomène tient peut-être au fait que des individus, jusqu’alors totalement découragés et assimilés à des inactifs, envisagent de reprendre pied sur le marché du travail », explique-t-il.

L’une des questions qui se pose, désormais, est de savoir si le taux de chômage peut être ramené à 7 % à la fin du quinquennat, comme le veut Emmanuel Macron. Une telle « ambition (…) n’est pas gagnée d’avance, mais elle est franchement atteignable », a estimé, jeudi matin sur RTL, la ministre du travail, Muriel Pénicaud. Une appréciation que M. Martin partage, « même s’il convient toujours de se montrer prudent dans ce type d’exercice », nuance-t-il. M. Heyer, lui, reconnaît que cette hypothèse « n’est pas hors de portée », mais elle paraît difficile à concrétiser car les prévisions de l’OFCE « tablent sur une dynamique de créations d’emplois presque deux fois moins forte en 2020 qu’en 2019 ». Toutefois, « ce ralentissement peut être contrebalancé par d’autres facteurs – par exemple la montée en puissance du programme de formation pour les chômeurs de longue durée et les moins qualifiés ».

L’évolution du taux de chômage

Taux de chômage trimestriel en France entière (métropole et outre-mer, hors Mayotte) au sens du Bureau international du travail (BIT), corrigé des variations saisonnières

Source : Insee

Une précision importante s’impose, pour s’y retrouver dans le maelström de données sur l’emploi : aujourd’hui, il y a quelque 2,424 millions de chômeurs, d’après la définition du Bureau international du travail qui fait foi pour l’Insee. Un chiffre très inférieur à celui constaté par Pôle emploi : au quatrième trimestre 2019, sur l’ensemble du territoire, quelque 3,554 millions d’individus sans aucune activité étaient inscrits dans les fichiers de l’opérateur public. L’écart entre ces deux mesures, qui ne date pas d’hier, tient au fait que les méthodes et définitions retenues ne sont pas identiques. Cependant, dans les deux cas, les statistiques ont été orientées à la baisse, durant les trois derniers mois de 2019.

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