Aides-soignants : fin du concours confirmé, formation allongée, passerelles vers les autres professions de santé facilitées

Au cours de sa visite jeudi 13 février à l'Institut de formation des aides-soignants (IFAS) de Nanterre, Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, a annoncé une série de mesures,"pour renforcer l'attractivité du métier d'aide-soignant". Elle a  notamment confirmé la suppression du concours d'aide-soignant, dès la rentrée 2020 et envisage de réduire la durée de formation menant au DE d'infirmier pour les AS expérimentés. 

Aides-soignants : fin du concours confirmé, formation allongée, passerelles vers les autres professions de santé facilitées

La réforme portant sur l'admission en IFAS était attendue. Agnès Buzyn l'a confirmée, mettant en avant un objectif d'attractivité.  "Ce que nous constatons, je l'ai dit, c'est une baisse très nette des candidatures au concours d'aide-soignant; parallèlement, les premiers éléments de bilan disponibles sur la suppression récente du concours d'entrée en Institut de formation en soins infirmiers et l'articulation avec Parcoursup montrent un afflux de candidatures", a-t-elle expliqué. 

"Par ailleurs, le concours actuel d'aide-soignant ne permet pas de valoriser de façon satisfaisante certaines compétences humaines absolument essentielles pour l'exercice du métier d'aide-soignant", a ajouté la ministre. 

Le concours sera remplacé par un système d'examen de dossiers "qui permettra d'identifier des compétences clés pour ce métier", et, pour ceux qui auront été sélectionnés, cet examen sera complété par un entretien, pour confirmer l'inscription et "s'assurer de la pertinence de cette orientation", a-t-elle annoncé. 

"Ce système permettra de limiter les désistements en cours de formation - et c'est un point central : les candidats doivent savoir ce qui les attend et arriver dans un cursus qui correspond à leurs profils, à leurs attentes, à leurs aspirations", a indiqué la ministre. 

"Supprimer le concours, ce n'est pas baisser le niveau d'exigence", a-t-elle précisé. "L'évaluation des candidats restera sélective, mais au même titre que ce que nous faisons ailleurs dans les études de santé, nous voulons diversifier les parcours et favoriser les compétences et les projets plutôt que les connaissances. Ce qui compte, c'est le niveau de qualification à la sortie, pas à l'entrée", a-t-elle ajouté. 

Un dispositif transitoire pour ceux qui préparent actuellement le concours est prévu. 

Une formation initiale plus longue

Agnès Buzyn a également annoncé la refonte de la formation initiale menant au diplôme d'Etat d'Aide-soignant. Celle-ci passera de 10 mois à 12 mois, autour de nouveaux enseignements comme le repérage des fragilités, la prévention de la perte d'autonomie ou encore le raisonnement clinique en équipe pluri-professionnelle. 

"Notre ambition, c'est de sortir d'une vision du métier d'aide-soignant réduite à l'exécution d'une série d'actes, voire de tâches. Et de reconnaître ce qui fait leur spécificité propre", a expliqué Agnès Buzyn. 

Une refonte du référentiel des missions, des activités et des compétences sera présentée au mois d'avril, a précisé la ministre. 

"D'ici là, nous avons encore des sujets à approfondir avec tout le monde autour de la table. Je souhaite évidemment que les représentants des infirmiers soient associés à ces travaux", a-t-elle indiqué. 

Une formation continue spécifique pour les AS intervenant auprès des personnes âgées

Pour répondre aux besoins de formation, les aides-soignants intervenant auprès des personnes âgées pourront bénéficier d'une nouvelle formation collective certifiante centrée sur les besoins des personnes âgées, d'une durée de 3 semaines. 

"Jusqu'à présent, la seule formation spécifique consacrée aux besoins du grand-âge était la formation d'assistant de soin en gérontologie, centrée principalement sur les besoins de personnes ayant des troubles cognitifs lourds", a expliqué la ministre. 

"Nous avons donc décidé de changer d'approche : sortir d'une minorité de soignants formés à une majorité de soignants formés"

Le contenu de la formation a déjà été travaillé avec les membres du groupe de travail et sera présenté début mars. Les premières formations "accompagnement du grand-âge en équipe" pourront débuter d'ici la fin de l'année, a indiqué la ministre. 

Cette formation socle sera complétée d'un module complémentaire facultatif, d'une semaine, centré sur les troubles cognitifs les plus lourds, l'ensemble correspondant aux exigences actuelles de la formation ASG. 

"Cette démarche est avant tout destinée à renforcer les compétences, à développer la culture du grand-âge et de la bientraitance et à consolider une pratique professionnelle, en permettant à chacun de participer à des formations collectives et de rompre ainsi une forme d'isolement professionnel". 

Les établissements seront très fortement incités à envoyer les professionnels en formation, en concevant des plans de formation "bien plus ambitieux".

Passerelles facilitées et parcours pour devenir infirmier réduit

Citant l'accès pour les aides-soignants  aux professions d'Auxiliaires de puériculture, d'assistant de régulation médicale ou encore aux métiers de l'accompagnement éducatif et social, Agnès Buzyn a annoncé que les passerelles seraient facilitées "pour fluidifier les parcours vers plusieurs métiers". 

Elle souhaite également réduire la durée du cursus infirmier pour les aides-soignants qui ont déjà exercé plusieurs années. Des dispenses de formation et de stage seront revues dans ce sens. 

"Dans le prolongement de cette réflexion, je souhaite également que les conditions de reclassement des aides-soignants devenant infirmiers par le canal de la promotion professionnelle soient améliorées". 

Fin de carrière aménagée 

Faisant référence aux nombreux accidents du travail et aux maladies professionnelles, la ministre a annoncé la création d'un fonds national de prévention doté de 40 millions d'euros, dédié au financement d'actions "très concrètes" de prévention dans la fonction hospitalière. 

Les structures du secteur privé connaîtront également une hausse "substantielle" des aides dédiées à la prévention, a-t-elle indiqué. 

"En cas de conclusion d'un accord de branche prévoyant des actions de réduction de la pénibilité, des investissements pourront être cofinancés par la branche accidents du travail et maladies professionnelles de la sécurité sociale", a-t-elle fait savoir. 

Par ailleurs, un nouvel outil d'aménagement du temps de travail et de reconversion sera mis en place avec un temps partiel de fin de carrière financé par le Fonds pour l'Emploi Hospitalier. 

"L'objectif, c'est de permettre aux aides-soignants et aux agents des services hospitaliers qualifiés d'opter pour un mi-temps payé à 75% sur leurs deux dernières années de carrière et de continuer à cotiser pour leur retraite à 100%". 

Agnès Buzyn a aussi rappelé "son engagement pour la création d'un grade de débouché en catégorie B pour les AS en fin de carrières". 

M.S

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Réactions

11 réponses pour “Aides-soignants : fin du concours confirmé, formation allongée, passerelles vers les autres professions de santé facilitées”

  1. Kelly dit :

    Annulation du concours d’entrée en IFSI Pour les étudiants accès par parcours sup sur dossier, mais maintien du concours pour Les AS avec expérience qui travaille en binôme avec les ide, qui savent et connaissent déjà le métier ( merci les glissements de tâches ) capables sans l’être, a ne rien comprendre. Mépriser jusqu’au bout.

  2. Caton Patricia dit :

    Bonjour, c’est tellement vrai ce que vous dites,a quand un métier valorisé et non méprisé ? Notre métier est tellement riche tant sur le plan clinique, intellectuel et fait d’échange et de relationnel. Que vont devenir les IDE sans nous ? et qui va s’occuper des patients ????

  3. DeVal dit :

    Bonjour

    La fonction d’AS (IDE aussi) est totalement dénigrée et offre à la différence d’IDE peu de perspectives d’évolutions. Les candidats tentent (à juste titre) l’entrée en IFSI car ce métier offre plus de débouchés et un salaire « mieux payé » (je pense aux IBODE, IADE qui restent des fonctions sous-payées compte tenu de leur responsabilité !)

    Donc, la fonction d’AS est dénigrée et sous-payée : Le SMIC + 180 euros normalement d’içi 2021 + passage en CAT B. Il en faudra plus pour attirer des candidats ! En effet, selon la DREES, dans son étude rendue en décembre 2019, le nombre de candidats pour les IFAS a chuté de….40% !

    Si on veut renverser la tendance, il faut d’urgence :
    – Une revalorisation conséquente de TOUS les métiers paramédicaux (de l’AS jusqu’à l’IADE)
    – Un accès pour les AS à l’exercice libéral grâce à l’obtention d’un référentiel de soins
    – Un accès favorisé pour les AS à la fonction d’IDE (prise en charge de leurs études + versement du salaire pendant 2 ans, oui je dis 2 car une AS qui a dix ans d’expérience peut être dispensé de la première année. Partons sur 2.5 ans pour donner 6 mois d’adaptation)

    Encore faut-il que certaines associations IDE acceptent cela. J’en doute. Beaucoup vont invoquer la sécurité du patient. J’ai une question : Pourquoi accepte t-on qu’un IDE puisse devenir….IBODE via une VAE (rien que ça, le métier le plus technique que puisse exercer une IDE avec la fonction d’IADE) et qu’on refuse justement cette passerelle aux AS ?

    La sécurité du patient ? Cette phrase cache malheureusement des intérêts corporatistes. Halte à l’hypocrisie. Il faut d’urgence valoriser la fonction d’AS (et la fonction d’IDE aussi)….si rien n’est fait, si on n’arrive pas à inverser la tendance de la crise de recrutement des AS, croyez-moi sur parole, ce sont les IDE qui vont en baver davantage dans les mois et années à venir.

    Signé : Un membre d’une association de patients

  4. Yoko dit :

    Ce matin Mme la Ministre était toute contente de parler de la valorisation de la profession AS et des primes allouées… por les AS du public !
    Nous, ceux du privé, nous ne sommes pas concernés, comme d’habitude !!!
    Pourtant c’est bien l’ARS qui décide de nos salaires et du nombre de soignants qui seront embauchés dans nos EHPAD.
    Au ministère ils oublient toutes une frange de la population soignante mais nous existons et sans nous où seraient les anciens ? Qui en prendrai soin ?
    C’est pareil pour la proposition de baisser le temps de travail avant son départ à la retraite, uniquement la fonction publique hospitalière. Les EHPAD publics, les privés et les Cliniques ne sont pas concernés, oubliés. Comme si l’hôpital public était le seul lieu où le travail est pénible et essouffle les salariés.
    La blague.
    Mais tant que cette dame est contente d’elle, tout va bien… Pffff

    • Fanny Fanny dit :

      Tout à fait et comme d’habitude le privé est puni !! elle ne fait pas çà sans raison ! qu’ils viennent sur le terrain on va rire

  5. La Photo'Ciné dit :

    C’est bien beau toute cette réforme pour « permettre d’attirer » plus de monde vers ce métier. C’est bien beau de parler des hôpitaux. Mais qu’en est-il des EHPAD qui souffrent du manque de personnel et de création de poste ? Le personnel manque de reconnaissance et souffre. Pourquoi trimer pour un salaire de misère alors que la pénibilité n’est pas reconnue ? Elle est où la prime de pénibilité pour les soignants ?

    Je suis aide-soignant dans un EHPAD associatif. Mon quotidien c’est faire vite avec le peu de personnel et de moyen matériel. Où je travail, trois soignantes ont démissionné du fait de la charge de travail, du manque de reconnaissance et du sentiment de maltraitance.

    Alors Mme Buzyn, avant de nous faire de la poudre de perlinpin, revoyez la copie des GMP/Pathos qui ne tiennent pas compte de la réalité et oublient certains soins (lavage du dos, des dents, la coiffure, coupage des ongles… ), permettez aux EHPAD de recruter davantage de personnel et augmentez nos salaires !

  6. leilou dit :

    Passerelle simplifiée pour devenir infirmier quand on a été plusieurs années aide-soignant… Pas certaine que ça arrange les choses surtout quand on voit le je m’en foutisme de certains qui pense en plus que infirmier c’est la planque.Je ne suis pas certaine quand je vois le comportement et le je m’en foutisme de certains qui pensent en plus qu’infirmier c’est la planque. On peut donc en quelques mois couvrir les connaissances en physiopathologie, pharmaco, soins techniques… Quand on voit le fiasco de la réforme de 2009…. Y a de quoi flipper… Les services de soins tiennent grâce aux soignants mais tapez encore un peu plus sur la fragilité de ce métier de par ses conditions et on achèvera le soit disant super système de soins français

    • DeVal dit :

      Bonjour

      J’ai une information qui va vous intéresser. Le CHU de Nantes oblige des IDE à exercer en tant qu’AS compte tenu des difficultés de recrutement.

      J’ai également une autre info qui va vous intéresser. Les EHPAD recrutent de plus en plus des IDE en tant qu’AS compte tenu des difficultés de recrutement dans certains EHPAD (générant de plus en plus d’IDEL car beaucoup d’IDE refusent cela et je le comprends. Dans ma ville, c’est devenu le défilé des IDEL, il y a une hausse massive d’IDEL…tout y passe, du vélo en passant par la moto + voiture …. il ne manque plus que l’hélicoptère)

      Vous devriez militer pour la valorisation de ce métier qui a de plus en plus de mal à recruter (tellement que le concours a été supprimé….-43% de candidats, cela devenait ridicule lors du concours !). Pourquoi une AS ne pourrait-elle pas bénéficier d’une passerelle alors qu’elle est accordée pour une IDE souhaitant devenir IBODE via une VAE ?

      Si vous trouvez ce système normal, et bien continuons vous verrez d’ici quelques années, France Stratégie prévoit un départ massif d’AS dans les années à venir (départ à la retraite)…Besoins estimés ? Environ 250.000 AS ! Qui prendra ce travail ? Des FFAS, des ASH, aggravant ainsi vos conditions de travail (mauvaise transmission d’information, mauvaise analyse de la situation clinique du patient et j’en passe)

      Bon courage aux IDE dans les années à venir, déjà que dans votre profession, 30% s’en vont au bout de 5 ans…..dans les années à venir, ce sera quoi ? 4 ans ? 3 ans ? En tant que patient, je crains le pire !

      Valorisons TOUS les métiers, de l’AS (surtout les AS car la situation est catastrophique pour ce métier) jusqu’à l’IADE. La chaîne du soins et surtout la santé des patients est en jeu !

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