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Renault, « sans tabou », n'exclut pas des fermetures d'usines en France

Pour redresser ses comptes, le constructeur français veut réduire ses coûts fixes de 20 % en trois ans. Une revue de l'empreinte industrielle et des actifs non stratégiques va être lancée. Des fermetures d'usines, y compris en France, ne sont « pas tabou ».

Jean-Dominique Senard et la direction de Renault affirment ne pas pouvoir « se payer le luxe d'attendre l'arrivée de Luca de Meo en juillet pour agir sur les coûts fixes ».
Jean-Dominique Senard et la direction de Renault affirment ne pas pouvoir « se payer le luxe d'attendre l'arrivée de Luca de Meo en juillet pour agir sur les coûts fixes ». (Sebastien Calvet/Rea)

Par Julien Dupont-Calbo

Publié le 14 févr. 2020 à 10:14Mis à jour le 16 févr. 2020 à 14:51

Traitement de choc chez Renault. Alors que le Losange a créé la surprise vendredi en annonçant ses premières pertes nettes depuis la crise de 2009, son état-major ne s'attend pas à faire beaucoup mieux cette année, compte tenu du coronavirus ou des perspectives moroses sur les marchés auto. Il faut donc intervenir, et vite.

« Nous ne pouvons pas nous payer le luxe d'attendre l'arrivée de Luca de Meo en juillet pour agir sur les coûts fixes », a martelé Clotilde Delbos, celle qui tient le volant en attendant le futur directeur général. L'activité automobile a brûlé du cash l'an dernier: sa position nette de liquidité s'est dégradée de 1,3 milliard d'euros l'an dernier, pour tomber à 1,7 milliard fin décembre.

Coupes claires

Encore traumatisé par l'affaire Ghosn , le groupe a donc commencé à travailler sur un vaste plan d'économies, pour réduire ses coûts structurels de 20 %, de 2 milliards d'euros, au cours des trois prochaines années. Des actions seront présentées en mai « pour optimiser l'empreinte industrielle et utiliser au mieux l'alliance avec Nissan et Mitsubishi », a précisé Clotilde Delbos.

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Des réductions d'effectifs et des fermetures d'usines sont dans les tuyaux. « Nous n'avons aucun tabou et nous n'excluons rien », y compris en France, a lâché la dirigeante intérimaire. « Il est clair que l'on ne pourra pas atteindre l'objectif sans toucher la moindre des 180.000 personnes employées dans le groupe », a-t-elle déclaré.

Les syndicats inquiets

Une annonce qui a fait bondir les syndicats. « Je suis tombé de l'armoire, s'est insurgé le délégué syndical central CFDT, Franck Daout. C'est irréaliste et ça ne fait que semer le trouble dans un certain nombre de sites ». Guillaume Ribeyre, son homologue de la CFE-CGC, confirme : « Ces annonces ont été très mal vécues en interne, elles ont créé beaucoup d'inquiétudes », même s'il se dit rassuré de la réponse de la direction en CCSE, selon laquelle «rien n'est encore acté».

La future répartition des rôles avec Nissan, qui pourrait ajouter ou retirer des volumes de production à certains sites européens, sera déterminante pour les arbitrages à venir. Gaëtan Toulemonde, analyste chez Deutsche Bank, estime que la moitié des économies recherchées sera trouvée sur les frais de personnel.

Revue des actifs

Renault a aussi annoncé une revue de ses actifs non stratégiques. Il détient toujours, par exemple, une participation de 1,6 % dans Daimler, valorisée près de 750 millions d'euros au dernier cours de Bourse.

Ou encore 43 % du capital de Nissan, même si Clotilde Delbos affirme que le groupe français n'a pas « discuté une seule fois d'un changement de l'équilibre actionnarial avec Nissan depuis que la nouvelle gouvernance est en place ». Un équilibre d'autant plus compliqué à modifier que passer sous le seuil des 40% modifierait les règles en matière de droits de vote.

En outre, les actions Daimler et Nissan ne sont vraiment pas au mieux de leur forme - ce n'est pas vraiment le moment de vendre.

Grande revue

Avec un tel programme, Luca de Meo pourra sans doute faire une croix sur ses vacances estivales, lui qui arrive à Boulogne-Billancourt début juillet. D'ici-là, Gilles Le Borgne, le nouveau patron de R & D venu de la maison d'en face PSA , aura terminé son tour d'horizon des programmes et des technologiques du groupe. « Il y a des marges de progression énormes quand on compare avec ce que font les concurrents. Nous sommes parfois loin de l'excellence », a-t-il expliqué vendredi.

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Entre autres, celui-ci veut amender la stratégie « make or buy » (ce qu'on fait en interne, ce qu'on sous-traite), s'appuyer davantage sur les ingénieurs roumains ou indiens, mettre en place une véritable politique de plateformes et de voitures jumelles avec Nissan.

Tout cela prendra du temps. Renault anticipe un nouveau recul de sa marge opérationnelle cette année, à 3-4 % cette année, contre 4,8 % en 2019. En espérant que de nouveaux vents contraires, comme le coronavirus, ne vienne pas contrarier ses anticipations.

Julien Dupont-Calbo, avec Lionel Steinmann et Anne Feitz

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