Comme souvent dans les écoles d’agronomie, ce sont des jeunes femmes qui se préparent à livrer bataille. Cet après-midi de février à Montpellier SupAgro, dix-huit étudiantes préparent leur plan d’attaque aux côtés de cinq étudiants – dans cette école, 72% des élèves sont des femmes. La professeure et stratège Marie-Stéphane Tixier rappelle les règles qui mettront à bas l’ennemi : « modification de la cible, étude des résistances métaboliques, pénétration ! ». Les doryphores, chenilles, acariens ravageurs n’ont qu’à se tenir bien éloignés des champs : les futures ingénieures agronomes veilleront.
Débouchés variés
Alors que les femmes ne représentent que 27 % des élèves des écoles d’ingénieurs, selon les derniers chiffres de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI), elles comptent pour 59 % des effectifs dans les écoles spécialisées en agronomie. Une proportion qui tend à augmenter au fil des ans – en 2000, elles constituaient 54 % des effectifs dans ces écoles.
Une vraie particularité, alors que les autres branches de l’ingénierie s’inquiètent du peu d’intérêt qu’elles suscitent auprès des jeunes femmes (16 % des effectifs dans l’industrie des technologies, 19 % en industrie automobile, aéronautique, navale…). Seules les écoles de chimie accueillent, comme les écoles d’agronomie, davantage de filles que de garçons. Les diplômées de ces écoles « d’agro » ont des débouchés variés : l’industrie agroalimentaire, mais aussi l’aménagement des espaces agricoles, la préservation de l’environnement…
Comment expliquer cet intérêt des jeunes femmes pour ce domaine ? « Je veux être utile aux autres, répond Armance Catherin Saint-Supery, 19 ans, étudiante à Montpellier SupAgro. Une personne sur deux mange trop, pas suffisamment ou mal. L’alimentation est un enjeu planétaire. Alors qu’un médecin traitera ses patients au cas pas cas, moi, en travaillant dans l’industrie alimentaire, je participerai à la production d’un système qui permettra d’aider le plus grand nombre », s’enflamme Armance.
Nourrir mieux, prendre soin de l’humain et de son environnement sont les réponses que livrent en boucle les futures ingénieures
Il faut donc mieux nourrir mais aussi mieux produire, insiste, tout aussi passionnée, Romane Contamine, 23 ans, étudiante à l’Ecole nationale supérieure d’agronomie et des industries alimentaires (Ensaia) de Nancy. « L’industrialisation a d’importantes conséquences sur l’environnement, il faut changer ça. Il est nécessaire de proposer des produits plus respectueux, locaux, de saison », avance-t-elle. « Il faut une adaptation du système agricole, qui, aujourd’hui, ne fonctionne plus du point de vue social et environnemental, avec des agriculteurs qui ne parviennent plus à vivre de leur travail et une activité qui pollue nos cours d’eau de produits phytosanitaires », corrobore Soline Schetalat, 23 ans, étudiante à l’Ensaia. Nourrir mieux, prendre soin de l’humain et de son environnement sont les réponses que livrent en boucle les futures ingénieures.
Il vous reste 59.46% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.