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L’intelligence artificielle, enjeu majeur pour l’UE

Editorial. En confiant à des algorithmes complexes une multitude de décisions qui impacteront nos vies quotidiennes, l’IA est source de risque pour les individus. Ce travail de régulation que prévoit l’Union européenne est indispensable.

Publié le 18 février 2020 à 10h43, modifié le 31 août 2021 à 16h50 Temps de Lecture 2 min.

Editorial du « Monde ». Si l’Union européenne (UE) n’a toujours pas su faire émerger son Google, son Amazon ou son Facebook, elle reste l’une des principales zones économiques et industrielles du monde et compte bien se servir de ce potentiel pour faire valoir ses intérêts en matière d’intelligence artificielle (IA). Mercredi 19 février, la Commission européenne doit dévoiler ses projets pour encadrer le déploiement de cette technologie, dont le Vieux Continent sera l’un des principaux terrains d’application.

L’IA est basée sur l’utilisation de milliards de données, qui permettent aux machines d’apprendre comment améliorer sans cesse leur tâche. Elle constitue l’un des enjeux majeurs des prochaines années qui va profondément transformer la façon de produire, de consommer, de s’informer, de se divertir, de se déplacer ou de se soigner. Pour le meilleur, affirment les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), qui ont construit leur puissance grâce à l’utilisation des données personnelles et qui misent gros sur cette nouvelle étape concernant désormais les données générées par les entreprises.

Ces derniers jours, la plupart des dirigeants des géants américains de l’Internet ont défilé à Bruxelles pour faire entendre leurs arguments. Ils craignent qu’une réglementation européenne trop stricte ne conduise à freiner leur croissance et à brider l’innovation. Pendant des années, cette dernière a pourtant pu s’exprimer librement. Avec le résultat que l’on sait. La Silicon Valley a largement profité du laxisme des législateurs et des régulateurs pour développer des technologies dont elle ne pouvait pas ou ne voulait pas assurer le contrôle. La propagation de la désinformation sur les réseaux sociaux et la multiplication des atteintes à la vie privée montrent que la confiance qui leur a été accordée était en grande partie indue.

On le voit, réguler, a posteriori, le marché des données personnelles se révèle compliqué, même si le règlement général sur la protection des données (RGPD) fait aujourd’hui consensus, y compris aux Etats-Unis. C’est pourquoi il est indispensable, cette fois-ci, que la Commission européenne anticipe l’encadrement d’une technologie qui n’en est qu’à ses prémices, mais qui est sur le point de se déployer à grande vitesse dans les mois qui viennent. Si l’IA est une innovation prometteuse, elle est aussi source de risque pour les individus, en confiant à des algorithmes complexes une multitude de décisions qui impacteront nos vies quotidiennes.

Ce travail de régulation sera d’autant plus efficace que l’UE saura occuper toute la place qui est la sienne dans la maîtrise de l’IA. Cela implique de pouvoir créer un marché unique des données, doté de règles s’appliquant aux acteurs étrangers qui souhaiteront opérer en Europe. Il est également nécessaire de maîtriser les infrastructures. Les réseaux 5G sont l’un des rares domaines dans lesquels l’Europe dispose d’un savoir-faire technologique capable de rivaliser avec les Chinois. Il faut se donner les moyens de pousser cet avantage. Il est enfin indispensable que l’UE sache faire émerger de grands projets européens pour bâtir les plates-formes industrielles de demain.

L’UE a le potentiel pour réussir à condition que les Etats membres soient conscients des enjeux et soient enfin prêts à avancer ensemble dans ce domaine stratégique. Après s’être laissé distancer dans le domaine des données personnelles, l’Europe n’a pas les moyens de rater le virage de l’IA. La maîtrise de son destin en dépend.

Le Monde

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