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Automobile : les équipementiers tricolores résistent à la crise grâce à l'innovation

Faurecia, Plastic Omnium et Valeo ont réussi à maintenir leurs ventes ou à limiter la baisse, malgré une chute de la production automobile dans le monde de près de 6 % en 2019. Leurs investissements dans l'innovation commencent à payer. Seul Valeo doit encore prouver que sa rentabilité n'en sera pas durablement affectée.

Valeo a investi l'an dernier 7,9 % de son chiffre d'affaires en R & D.
Valeo a investi l'an dernier 7,9 % de son chiffre d'affaires en R & D. (FRANCOIS LO PRESTI/AFP)

Par Anne Feitz

Publié le 24 févr. 2020 à 08:00Mis à jour le 24 févr. 2020 à 11:32

Le contraste est frappant. Les uns après les autres, les constructeurs automobiles annoncent des ventes en berne, des marges dégradées, des restructurations drastiques. Dernier en date, Renault, qui est même tombé dans le rouge pour la première fois depuis 2009. A l'inverse, les résultats annuels des équipementiers tricolores publiés cette semaine témoignent d'une belle résistance.

Faurecia, Plastic Omnium et Valeo ont tous trois gagné des parts de marché l'an dernier. Alors que la production de véhicules dans le monde a chuté de 5,8 % en 2019, Faurecia (sièges, intérieurs et dépollution) a vu ses ventes reculer, à périmètre et taux de change constant, de 3 % à 17,8 milliards d'euros.

Plastic Omnium (pare-chocs, réservoirs et dépollution) a même vu ses revenus progresser, de 1,4 % (également à périmètre et taux de change constant), à 8,5 milliards. Quant à ceux de Valeo (systèmes de propulsion, systèmes thermiques, éclairages, aides à la conduite), ils sont restés stables, à 19,2 milliards.

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Grève chez General Motors

Les deux premiers ont même réussi à préserver leur rentabilité. La marge opérationnelle de Faurecia s'est maintenue à 7,2 %. Si celle de Plastic Omnium a reculé de 8,4 % à 6 %, c'est en raison de l'acquisition mi-2018 de HBPO, un spécialiste des modules de bloc avant des voitures.

« C'est une activité d'assemblage, pas de production, qui est structurellement moins rentable puisqu'elle ne nécessite pas d'investissements lourds en capitaux », précise Laurent Burelle, président de l'équipementier. Le groupe a aussi souffert du démarrage raté d'une usine en Caroline du Sud, qui lui a coûté 90 millions - un problème désormais sous contrôle, assure-t-il.

Seul Valeo a vu ses performances se dégrader sérieusement , avec une marge opérationnelle tombée de 5,7 % en 2018 à 4,1 % l'an dernier. Le groupe dirigé par Jacques Aschenbroich a souffert, d'une part, de la grève prolongée chez General Motors, qui a eu un impact de 50 millions d'euros sur son résultat. Surtout, Valeo est toujours plombé par les résultats de sa société commune avec Siemens, dont les pertes ont atteint 520 millions d'euros (soit, 260 millions pour la quote-part de Valeo).

Plateformes technologies

L'équipementier espère bien que cette société, spécialisée dans les moteurs de voitures électriques, ne brûlera plus de cash en 2022, lorsque ses 11 milliards d'euros de commandes auront commencé à se transformer en chiffre d'affaires. « Cette société est un leader sur le véhicule électrique, un segment en pleine croissance, insiste Jacques Aschenbroich. Je ne suis pas inquiet, le pic de développement est désormais derrière nous, nous avons créé des standards qui vont maintenant s'appliquer. » Le groupe table sur un chiffre d'affaires de 600 millions en 2020 pour la société commune, et de 1,4 milliard en 2022.

Plus généralement, les équipementiers misent sur les efforts d'innovation entrepris ces dernières années pour tirer leur épingle du jeu dans un contexte difficile. Ayant longtemps investi des sommes gigantesques en R&D (7,9 % de ses revenus en 2019), Valeo a présenté lors de sa journée investisseurs, mi-décembre , douze plateformes technologiques d'avenir déjà industrialisées. « Nous allons maintenant pouvoir réduire l'effort de R&D et les investissements », affirme Jacques Aschenbroich.

Faurecia a lui aussi lourdement investi dans l'électrification des modes de propulsion, ainsi que dans l'électronique et les logiciels à bord, avec l'ambition de devenir leader du cockpit du futur et de la mobilité propre« Nous avons réussi à poursuivre la transformation du groupe malgré les conditions de marché », insiste son directeur général, Patrick Koller.

Segments à forte croissance

Faurecia a notamment pour cela constitué une coentreprise dans l'hydrogène avec Michelin autour de Symbio, ou racheté le japonais Clarion, spécialiste de l'électronique automobile et des aides à la conduite. 17 % des commandes engrangées l'an dernier concernaient ces nouvelles activités.

Plastic Omnium, qui investit lui aussi lourdement dans l'innovation, dans les systèmes de dépollution ou l'hydrogène, par exemple , a gagné l'an dernier 10 nouveaux clients, dont plusieurs exclusivement dédiés à la voiture électrique (Polestar, Rivian…).

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Ainsi positionnés sur les segments promis à une forte croissance, les équipementiers espèrent pouvoir continuer à améliorer leurs performances même si le retournement des marchés venait à durer. Et croisent les doigts pour que le coronavirus ne se transforme pas en bérézina pour le secteur. « Il y aura forcément un impact sur nos résultats, avance Laurent Burelle. Mais à ce stade, il faut se garder de tout de catastrophisme. »

Anne Feitz

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