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Les masters universitaires qui cartonnent

Pour faire de belles études, il n’y a pas que les grandes écoles. L’université, elle aussi, permet de plus en plus à ses diplômés de se faire une place de choix dans le monde de l’entreprise.

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Pour faire de belles études, il n’y a pas que les grandes écoles. (gettyimages)
Publié le 24 févr. 2020 à 07:00Mis à jour le 24 févr. 2020 à 08:56

Bonne nouvelle pour les étudiants à l’université : le ministère de l’Enseignement supérieur a publié en décembre dernier des scores positifs quant à l’insertion professionnelle des diplômés. "Parmi ceux entrés dans la vie active, 92% trouvent un emploi dans les 30 mois. C’est le taux d’insertion le plus élevé jamais observé en master", relève l’enquête nationale. C’est en droit-économie-gestion que les chiffres sont les meilleurs : 94% d’insertion à 30 mois. Les salaires moyens sont aussi en hausse : 2.000 euros net médian.

Là où beaucoup de jeunes se tournent naturellement vers les écoles de commerce et de management, l’université se révèle une bonne porte d’accès à l’emploi. Dans cet univers, les IAE (instituts d’administration des entreprises) se placent justement comme une alternative aux établissements privés. "96% de nos étudiants trouvent un emploi dans les trois mois suivant leur diplôme. Nous sommes un système hybride, qui prend le meilleur de chaque monde : sélectif comme une grande école, tout en se fondant sur la recherche et l’excellence académique de l’université", décrit Virginie de Barnier, directrice de l’IAE Aix-Marseille. Parmi ses formations les plus recherchées : les masters marketing et brand management, avec 250 candidatures pour 30 places, et audit, où les 30 élèves en alternance trouvent tous un emploi avant même le diplôme.

Insertion et proximité avec la recherche

Cet accès à la recherche, c’est aussi l’un des arguments de l’université Paris Dauphine, qui revendique un taux net d’emploi de 94,6% sur l’ensemble de ses masters. "Nos formations, notamment en finance, sont adossées à nos centres de recherche. La conception des programmes et la diffusion de la connaissance sont assurés par nos enseignants-chercheurs. Nos étudiants bénéficient donc des connaissances les plus récentes", souligne Sabine Mage, vice-présidente formation et vie étudiante de l’établissement. Autre master extrêmement attractif à Dauphine : management de l’innovation, dont le taux d’insertion est de 100%.

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Pour Bérengère, passer par l’université était une évidence. "Vu les prix des écoles privées, elles m’étaient inaccessibles financièrement", souligne cette Francilienne. Après un DUT statistiques et une licence pro systèmes informatiques et logiciels à Paris-Descartes, elle intègre le master ingénierie de la statistique, spécialité actuariat, à l’université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. Un parcours réputé dans le secteur.

"Nous recevions tous des propositions de boîtes de consulting sur LinkedIn. Toute la promo a trouvé du travail facilement, en deux ou trois mois, les stages permettant de mettre un premier pas dans l’entreprise", raconte Bérengère, aujourd’hui chargée d’études statistiques au Crédit Agricole. Un poste obtenu à la suite de son stage de fin d’études.

Stages et professionnalisation

À l’instar des stages, souvent obligatoires, l’université reprend de plus en plus de codes des écoles, n’hésitant plus à signer des partenariats avec le monde de l’entreprise. Laury, comme Bérengère, a vu son stage chez Capgemini déboucher sur un CDI de consultante data.

Pour en arriver là, elle a intégré le sélectif master économétrie et statistique appliquée de l’université d’Orléans : plus de 300 dossiers pour 30 places. "L’une de ses forces est l’accent sur la maîtrise du logiciel SAS, leader du marché de l’analytique, qui est partenaire du cursus. Beaucoup de nos cours et projets se faisaient dessus, ce qui nous rend experts de la technologie", précise-t-elle, recommandant à 100%  sa formation.

Benjamin, lui aussi, se réjouit de la proximité entre son master comptabilité contrôle audit, à l’IAE de Lyon, et le monde de l’entreprise. "Les cabinets comptables viennent chercher des stagiaires directement à l’université. Nous recevons des invitations à des événements sur nos mails universitaires, mais aussi des offres de stages, de postes juniors… Le master est très valorisé auprès des cabinets, j’avais déjà une proposition d’embauche avant de finir mon stage", explique le diplômé. Désormais auditeur junior grands comptes à Mazars, il se sent à l’aise en poste, autant que les diplômés d’écoles de commerce. "Eux semblent avoir de meilleures compétences en finance, mais nous sommes plus pointus sur la comptabilité, l’appréhension des normes et des techniques de consolidation", explique-t-il, content de son parcours, notamment des professeurs, dont il juge l’enseignement de qualité.

Partenariats avec les entreprises

Créer des événements avec des entreprises pour développer la pédagogie par projet, cela se passe aussi bien en école qu’à la fac. Les élèves des master marketing et pratiques commerciales de l’IAE Paris-Sorbonne participent ainsi à un hackathon. "Cette année, ils doivent donner des idées sur comment penser le voyage de demain, en partenariat avec Belambra, qui écoutera les propositions et choisira la meilleure. Le groupe gagnant pourra choisir une association pour laquelle l’entreprise versera un don. L’an dernier, le partenaire était Food International : les gagnants avaient planché sur comment repenser la consommation du thé pour les 18-35 ans", détaille Géraldine Michel, qui dirige cette formation particulièrement sélective, puisqu’elle n’accepte que 5% des candidats.

La pédagogie par projet est au cœur de nombreux masters, même sur des thématiques pointues. Serge Chaumier est responsable du master expographie-muséographie à l’université d’Artois. Pour lui, la préparation au monde professionnel passe avant tout par le terrain. "La formation est itinérante : plus de la moitié se passe sur des sites, afin de rencontrer des professionnels dans des situations réelles. Nos projets sont aussi réels : commandes d’institutions, réalisations, workshops", expose-t-il. Il se trouve justement à l’Ecole nationale vétérinaire de Toulouse pendant une semaine, pour qui la promotion prépare une exposition. Résultat : malgré un secteur pas facile, sa quinzaine d’élèves (pour 140 dossiers) trouvent chaque année du travail. Comme Eglantine, sortie en 2017 : "Le fait de voir beaucoup de lieux et de se créer des contacts nous a permis de nous projeter. Cela fait plein d’expériences dont on peut parler en entretien !" lance-t-elle, aujourd'hui muséographe junior à la Cité de l’espace.

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Cap sur le terrain et le numérique

Autre point de vigilance de plus en plus de masters : préparer les élèves aux outils numériques. Un élément sur lequel le master patrimoine et culture numérique à l’université d’Avignon a travaillé.

"Nous formons les étudiants à tout ce qu’ils pourraient rencontrer dans leur avenir professionnel : les bases de données, à quoi elles servent, quelles sont leurs utilisations et limites, mais aussi l’encodage. Ces cours visent à les doter de compétences dans la gestion numérique de fonds ou de collection, mais aussi dans la prise en charge des documents numériques. Nous voulions que notre programme soit ancré dans la réalité", posent Eric Morvillez et Boris Deschanel, coresponsables du master.

Là aussi, dans un secteur réputé bouché, les jeunes diplômés s’insèrent tant bien que mal : dans un sondage sur la promo 2017, 9 répondants sur 10 ont trouvé un emploi, dont la grande majorité dans le secteur public.

Des secteurs parfois très pointus

Enfin, le master universitaire peut être la meilleure porte d’entrée vers certains secteurs pointus. C’est le cas du droit et de la médecine : difficile de devenir chirurgien ou avocat sans passer par la fac.

Dans quelques domaines, l’université reste l’une des meilleures voies. Comme le master ingénierie nucléaire de l’université Grenoble-Alpes. Créé il y a vingt ans, il forme à la sécurité nucléaire, la gestion des déchets radioactifs et le démantèlement des installations nucléaires. "75% de nos étudiants signent un contrat avant le diplôme, quasiment tous en CDI, chez EDF, TechnicAtome, Orano, Framatome, ou des cabinets d’ingénierie prestataires du milieu du nucléaire. Nous sommes sur une niche, un type de métier particulier. Il y a peu d’autres formations qui préparent à ces professions de façon aussi ciblée. C’est un énorme atout", estime Frédéric Mayet, qui dirige le parcours. Il évoque le réseau des anciens du cursus, qui rassemble près de 700 professionnels, quasiment tous en poste dans le nucléaire : ils lui ont envoyé une centaine d’offres de stages cette année, pour ses 32 étudiants.

Face aux grandes écoles, l’université dispose donc d’arguments convaincants pour attirer les meilleurs élèves dans ses masters. Entre les deux, il n'y a plus qu’à faire son choix.

Laura Makary

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