Dans le rapport confidentiel sur leur scolarité qu’une vingtaine d’élèves de la promotion « Molière » (2018-2019) ont rédigé, ils dénoncent notamment l’inégalité entre les femmes et les hommes. Ainsi, par exemple, certains membres de la direction de l’ENA « tutoient systématiquement les élèves de sexe masculin, les appelant par leur prénom », alors que « le vouvoiement est réservé aux femmes ». Et l’âge ne peut pas être considéré comme « un critère explicatif ».
C’est « un comportement sexiste », soulignent-ils dans ce document dont Le Monde a obtenu copie. Et cela provoque chez les femmes qui suivent leur scolarité à l’école de la haute administration française « un sentiment persistant de manque d’intérêt à leur égard, voire de manque de considération ». La direction, pourtant, s’en défend. « Je ne crois pas, répond Thierry Rogelet, directeur des enseignements. Par exemple, ma pratique est en effet d’appeler les élèves par leur prénom mais de les vouvoyer. »
Les « Molière », en tout cas, considèrent que leur école paraît « peu sensible à l’égalité entre les femmes et les hommes ». L’ENA « recherche et récompense des qualités plus volontiers attribuées aux hommes qu’aux femmes : autorité, charisme, extrême disponibilité », écrivent-ils. Cela se produirait notamment à l’occasion des stages. Les auteurs assurent que certaines femmes ont eu à subir des commentaires sur leur âge : la jeunesse était « associée à une forme de naïveté » ; l’âge plus mûr était considéré « comme un obstacle pour la suite ».
Direction essentiellement masculine
Les élèves doutent de la capacité de l’école à traiter convenablement cette question. Car, « si la parité est désormais systématiquement respectée pour les jurys d’épreuves de sortie, il
demeure que les postes de direction au sein de l’école sont pour la très grande majorité
occupés par des hommes ». Mais, si c’est le cas en ce moment, c’était différent il y a peu de temps, assure M. Rogelet, et « les choses peuvent s’inverser à nouveau très vite ». Par ailleurs, poursuit-il, « le comité de direction est aussi composé de dames et il y a des directrices adjointes ».
Et les intervenants ? Eux aussi seraient plus souvent des hommes que des femmes. Les auteurs du rapport font notamment allusion à l’une de ces formations, intitulée « Gérer l’image et l’information sur la scène internationale ». Ils posent cette question : « Sans aller jusqu’à y voir de corrélation directe, comment ne pas s’interroger sur le lien entre cette surreprésentation des hommes lors des conférences de questions internationales et le fait qu’aucune femme n’ait choisi le Quai d’Orsay cette année ? »
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