En juin dernier, alors qu’elle terminait sa licence de psychologie, Mélissandre a postulé à quinze masters dans cette discipline très demandée. « Je me disais que, comme ça, je pourrais avoir le choix entre plusieurs propositions. » Mais, de choix, l’étudiante toulousaine n’en a eu aucun. « J’ai vu les refus s’égrener, jusqu’au début du mois de juillet, où ma dernière demande a elle aussi été rejetée, raconte la jeune femme de 21 ans. Certes, je n’avais pas des notes étourdissantes, mais j’avais un projet professionnel précis, inscrit dans le domaine des troubles alimentaires. Je travaillais même dans une association spécialisée dans la boulimie et l’anorexie. »
Après ces multiples refus, Mélissandre peine à rebondir. « Ces candidatures m’avaient pris beaucoup d’énergie et se soldaient par de la frustration et du doute », se souvient-elle. Dépitée, elle cherche « un peu tout et n’importe quoi », pour ne pas se retrouver sans activité à la rentrée. Elle tombe finalement sur une offre en service civique : un poste dans une association qui lutte contre les inégalités scolaires dans un collège du Havre. Elle est acceptée. « Aujourd’hui, je retrouve peu à peu la confiance qui m’avait quittée. Je pense à retenter un master en psycho l’année prochaine. Ou bien un master en métiers de l’enseignement. »
« Faire comprendre aux étudiants qui entrent en première année que démarrer une licence de psychologie ne signifie pas forcément devenir psychologue à la fin »
Depuis la mise en place, à la rentrée 2017, de la sélection dès l’entrée du master 1 (et non plus en master 2), de nombreux étudiants en psychologie, licence en poche, n’ont pas la possibilité de poursuivre dans cette discipline. Si plusieurs facultés ont bénéficié d’une dérogation pour mettre en place la réforme progressivement, elles étaient toutes entrées dans le système à la dernière rentrée.
Actuellement, on compte environ 5 000 places en master 1 pour 12 000 étudiants en licence 3 de psychologie, selon les chiffres de l’Association des enseignants-chercheurs en psychologie (AEPU). Ce qui entraîne une « sélection drastique », convient son président, David Clarys, également doyen de l’UFR de sciences humaines de l’université de Poitiers. Il y voit certains avantages : « Cela évite, comme dans le système précédent, de couper les étudiants en plein milieu d’un master. Autant qu’ils se réorientent avant. »
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