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Le cursus master en ingénierie, cette autre école d’ingénieurs

À côté des quelques 200 écoles d’ingénieurs, un autre cursus s’est développé à l’université ces dernières années. Le CMI est donc l’équivalent des IAE, version ingénieurs. Objectif : former les futurs scientifiques et chercheurs de demain.

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Le CMI existe dans tous les domaines scientifiques de l’université : aéronautique, génie civil, chimie, matériaux… (Getty Images)
Publié le 25 févr. 2020 à 06:00Mis à jour le 26 févr. 2020 à 12:15

Thomas est ingénieur des systèmes d’information et de communication au ministère de l’Intérieur. Et pourtant, il n’est pas passé par une école d’ingénieurs ! Il est un pur produit de l’université, l’un des premiers diplômés du CMI. Derrière ces trois lettres se cache le cursus master en ingénierie, créé en 2012. 

À l’époque où Thomas s’inscrit, 26 parcours existaient. Aujourd’hui, il y en a 104. "Notre objectif : former autrement les cadres, qui seront demain acteurs de l’économie et de la société. Nos élites passent plutôt par les écoles, nous voulions proposer un autre parcours, qui soit universitaire et sélectif. Concrètement, ce sont des cursus sur cinq ans : licence puis master à l’université, avec des cours supplémentaires, des stages en entreprise et un départ obligatoire à l’étranger", détaille Lamine Boubakar, président du réseau Figure, qui réunit les CMI. Pour l’élève, de L1 au M2, cela représente 20% de cours supplémentaires par rapport à un cursus classique de licence ou de master : gestion de projet, comptabilité, bases en marketing et management, anglais approfondi…

Diplômée du master CMI ingénierie mécanique de la Sorbonne Université, Gaëlle a notamment apprécié les projets. "En troisième année, nous avons travaillé sur un robot sous-marin, par groupe. Certains construisaient la pince en 3D, d’autres configuraient sa trajectoire, c’était très intéressant", se souvient-elle, appréciant aussi les cours de sciences sociales, les rencontres avec les professionnels et les devoirs d’éthique. Gaëlle travaille aujourd’hui chez Dassault Systèmes.

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Des profils "un peu atypiques"

Le CMI existe dans tous les domaines scientifiques de l’université : aéronautique, génie civil, chimie, matériaux… À l’université de Savoie Mont-Blanc, par exemple, trois parcours existent : mathématiques, informatique et géosciences. Céline Labart dirige le premier : "Nous proposons une quinzaine de places par cursus. Nous avons de très bons élèves qui n’ont pas envie de bachotage et de prépa, ils sont souvent un peu atypiques et souhaitent sortir d’un système très scolaire", explique-t-elle. Pour la sélection, elle regarde les notes au lycée, mais aussi la réussite aux TPE (travaux personnels encadrés), importante à ses yeux, puisqu’il s’agit d’un travail autonome, en groupe.

Hugo, lui, est passé par le master CMI électronique et télécoms de l’université de Brest. Il retient notamment l’initiation à la recherche, qui l’a intéressé. "On se met dans la peau d’un chercheur : par exemple, il a fallu créer un profil bibliographique en quelques semaines", se rappelle-t-il. Résultat, comme 42% des élèves de CMI en France, Hugo a décidé de poursuivre en thèse. Malgré une proposition d’embauche à la suite d’un stage, l’étudiant a décidé d’approfondir ses recherches sur la théorie de l’information quantique.

90% d’insertion professionnelle

Le nerf de la guerre : ces jeunes diplômés trouvent-ils du travail ? Le réseau Figure avance des chiffres rassurants : insertion de 90% à six mois, dont 92% de CDI et un salaire brut annuel de 30.000 euros (les écoles d’ingénieurs revendiquent quant à elles 34.600 euros, selon la Conférence des grandes écoles).

Sur la rapidité de l’insertion, Audrey acquiesce. Diplômée d’un master CMI biomatériaux à Montpellier, elle explique que toute sa promo a trouvé du travail en trois mois. "On voit que les recruteurs sont intéressés : l’université rend très autonome, car nous sommes obligés de travailler par nous-mêmes, et le fait d’avoir suivi le CMI montre que nous sommes volontaires, avec une double compétence", déclare-t-elle, ravie de sa formation.

Mais alors, faut-il choisir ces CMI universitaires ou une école d’ingénieurs ? "Il ne faut pas opposer les deux : ils sont au contraire complémentaires. Tout dépend du parcours et des envies du jeune. Pour l’université, il faut réfléchir à sa propre capacité en autonomie, qui doit être élevée. Mais dans tous les cas, les entreprises ont un vrai besoin d’ingénieurs", souligne Isabelle Avenas-Payan, présidente du comité promotion des métiers de l’association IESF (Ingénieurs et scientifiques de France). 

À chacun donc de choisir la formation qui lui conviendra. Avec une bonne nouvelle : quel que soit le parcours d’études, les ingénieurs trouvent tous du travail. Selon une enquête d’IESF, la quasi-totalité des ingénieurs sont cadres, en CDI, avec un salaire annuel brut médian de 57.000 euros. De quoi donner envie de se lancer !

Laura Makary

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