« Il arrive un moment où il faut siffler la fin de la partie. » Deux jours à peine après le retour des vacances d’hiver, Christophe Barrand, proviseur du lycée Turgot, à Paris, est le premier chef d’établissement à jeter l’éponge des épreuves communes de contrôle continu (E3C) du nouveau bac. Dans cet établissement du 3e arrondissement, de 1 300 élèves, des épreuves d’espagnol et de mathématiques ont été perturbées, lundi 24 février, par une grève des enseignants. « Ces épreuves du second trimestre sont donc annulées pour cette année », a annoncé le proviseur aux parents d’élèves par mail. La mesure concerne 114 élèves de 1re générale et technologique. Ils plancheront de nouveau en septembre ou en octobre.
« Je ne peux pas continuer à reporter les épreuves de semaine en semaine, il faut bien que nous fassions cours », déclare Christophe Barrand au Monde, en rappelant les nombreux blocus de son établissement depuis janvier. Quant aux élèves qui ont refusé de passer, mardi 25 février, leur épreuve d’histoire-géographie, « la logique voudrait qu’ils aient zéro », estime le proviseur.
Avec la fin des vacances d’hiver de la zone C – qui regroupe les trois académies franciliennes –, les perturbations des E3C ont repris dans une poignée de lycées, à Paris, mais aussi à La Courneuve, Epinay-sur-Seine, Le Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) ou encore Sarcelles (Val-d’Oise). Le SNES, syndicat majoritaire dans le second degré, a compté vingt-neuf lycées franciliens ayant connu des « grèves de surveillants », « blocus filtrants » ou « refus de composer » depuis lundi. Dans la plupart des cas, il s’agit d’épreuves déjà reportées une ou plusieurs fois.
« Les élèves se réveillent »
Du 8e arrondissement de Paris à la Seine-Saint-Denis, les lycéens bloqueurs sont vent debout contre un bac qu’ils jugent « local », « inégalitaire » et « mal organisé ». Au lycée Racine, rue de Naples à Paris, une majorité d’élèves de 1re a refusé de passer les épreuves de rattrapage des E3C, lundi 24 février. Mardi, une cinquantaine d’élèves a de nouveau refusé de composer. « Nous à Racine, on est privilégiés, mais ce n’est pas normal que mon bac vaille plus que celui de mes copains en banlieue », tonne Simon (tous les prénoms ont été modifiés). Sarah, une élève de 1re au lycée Mozart du Blanc-Mesnil, ne dit pas autre chose : « En tant qu’élèves du 93, on était déjà stigmatisés, mais le contrôle continu renforce les inégalités. »
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