Deux étudiantes en blouse blanche et mocassins noirs, répondant aux noms de « Miss Aumaitre » et de « Miss Convert », pénètrent dans une fausse chambre d’hôtel, au deuxième étage du bâtiment vieillot du Cours hôtelier de Besançon. Elles sont suivies de quatre autres élèves. L’équipe dispose de quelques minutes pour faire les lits : le premier devra correspondre au standard américain (un drap plat, une couette et une housse de couette), le deuxième sera réalisé à la française (deux draps plats, une couverture et un dessus-de-lit) et le troisième, à la mode allemande (un drap plat et deux petites couettes pliées dans le sens de la largeur). « A l’intérieur, le côté plat ! », « Votre drap n’est pas tendu, prenez du recul et regardez ! », lance Marine Cuenot, la monitrice d’hébergement, aux aguets. « Apprendre à voir les détails, ce n’est pas facile, mais je ne les lâcherai pas », prévient-elle.
D’ici à l’automne, la promotion d’une trentaine d’élèves de cette école privée effectuera un stage de gouvernant(e) ou de majordome dans un palace en Suisse, à Paris ou sur la Côte d’Azur. Le Cours hôtelier de Besançon tient à sa réputation, centenaire, de meilleur établissement de formation français dans le domaine du luxe. Depuis 1916, on y enseigne durant neuf mois intensifs comment satisfaire les demandes des clients les plus fortunés avec une rigueur toute particulière, parfois déroutante pour des jeunes de 18 ans.
Exigences élevées
La formation commence par l’apprentissage d’un langage policé. « Nos élèves se vouvoient entre eux et communiquent en se disant Monsieur ou Miss suivi du nom de famille, souligne la directrice de l’établissement, Stéphanie Thébaut. Ils intègrent aussi le sens de l’esthétisme : faire attention à soi et être agréable à regarder sont des devoirs. » Tailleur-chignon-talons pour les filles, costume-cravate pour les garçons.
Cette apparence doit être cultivée en toute discrétion, pour éviter d’attirer l’attention : « Une bague par main, de petites boucles d’oreille, pas de piercing, pas de tatouage, afin de ne pas déranger la clientèle », explique Stéphanie Thébaut.
Hors les murs, l’exigence reste la même, comme relate « Miss Aumaitre », 18 ans, en rappelant le règlement de l’école : « Dans la rue, nous n’avons pas le droit de manger ni de fumer. Et dans un bar, nous avons interdiction de boire de l’alcool si nous sommes en uniforme et avec notre chignon. »
Il vous reste 73.99% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.