L’expression est un peu galvaudée mais qu’importe : l’« heure du choix » approche, et celui-ci n’a jamais rien d’évident. « Il faut reconnaître que c’est sportif », raconte en souriant Anne, mère d’un jeune homme de 18 ans. Ils ont entamé ensemble la formulation des vœux d’orientation durant les vacances scolaires de février, sur la plate-forme Parcoursup.
Il ne reste plus que deux semaines aux quelque 700 000 lycéens de terminale pour postuler aux formations de l’enseignement supérieur qu’ils désirent intégrer. En 2019, ils étaient environ 900 000 candidats, en comptant les étudiants en réorientation et les reprises d’études.
Pour cette troisième année d’existence de Parcoursup et des nouvelles règles à l’entrée de l’enseignement supérieur, les universités ont stabilisé leurs méthodes de classement des candidats, avec une grande diversité de pratiques. Objet de débat récurrent, la question de la publication de ces « algorithmes locaux », placés jusqu’ici sous le sceau du « secret des délibérations », fait l’objet d’une question prioritaire de constitutionnalité qui doit être examinée d’ici à la mi-mars.
Nombreux biais techniques
« C’est surtout nous qui nous faisons des cheveux blancs, reconnaît Anne. On voit un dispositif assez lourd : les vœux à déterminer, les lettres de motivation à écrire, les éléments de CV à remplir… » Mais le stress est aussi venu d’ailleurs. « En plus des écoles d’ingénieurs qu’espère rejoindre mon fils, nous avons choisi une licence de biologie à Orsay, comme un choix de sécurité, en se disant que ce n’était pas sélectif, dit-elle. Mais quand j’ai vu s’afficher un taux d’accès de 67 %, et la demande de remplir un test je n’ai pas compris. Qu’est-ce qui est non sélectif, en fait ? »
Elle comme d’autres parents en témoignent, les « taux d’accès » – qui correspondent au rapport entre le nombre de candidats et le rang du dernier admis en 2019 – dans les licences universitaires, formations officiellement « non sélectives », ont nourri les questionnements sur la manière dont les universités trient les dossiers des candidats. Ce classement détermine l’ordre d’appel des heureux élus, ainsi que la sélection qui intervient lorsque le nombre de places est insuffisant pour répondre à la demande.
Dans les coulisses des formations, on rend compte avec plus ou moins de transparence des critères retenus pour mettre en musique des « attendus » officiels qui restent très généraux. Dans la filière fortement demandée des Sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps), le système utilise le même algorithme partout en France : 30 points pour les compétences littéraires et 30 points pour les compétences scientifiques, en s’appuyant sur les notes du candidat ; 30 points pour le niveau sportif ; 30 points pour l’engagement citoyen ou associatif ; et 30 points pour la « fiche avenir », remplie par le conseil de classe de terminale.
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