Femmes dans l’armée : «Leur donner envie d’accéder aux responsabilités les plus hautes»

Le contre-amiral Anne de Mazieux pilote le plan mixité pour les armées françaises.

 A bord de la Frégate Lafayette, sur la base militaire de Toulon (Archives).
A bord de la Frégate Lafayette, sur la base militaire de Toulon (Archives). LP/ Jean-Baptiste Quentin

    Le contre-amiral Anne de Mazieux, a vécu les premières étapes de la féminisation des armées françaises. Elle décrypte la situation.

    Quel a été votre parcours en tant que femme dans la marine nationale ?

    ANNE DE MAZIEUX. Je fais partie de la génération de femmes militaires ayant vécu les premières étapes de la féminisation des armées. J'ai pris part à quelques combats. En 1988, j'entre dans la marine par un concours externe. À l'époque, l'École navale m'était fermée. Ce n'est qu'en 1992 que le concours d'entrée s'est ouvert aux femmes. De même, certains métiers nous étaient interdits et nous ne pouvions pas embarquer. Ce n'est qu'en 2017 que quatre femmes ont pu embarquer à bord d'un sous-marin nucléaire lanceur d'engin. J'ai donc commencé ma carrière au cabinet du chef d'état-major de la marine en tant que responsable du patrimoine. Puis, je me suis occupée des relations presse.

    Anne de Mazieux./DR
    Anne de Mazieux./DR LP/ Jean-Baptiste Quentin

    A quel moment vous êtes-vous penchée sur la place des femmes ?

    En 1998, je deviens responsable des questions de mixité. Au sein de la cellule « conditions de vie » du cabinet du chef d'état-major, je suis chargée du suivi de la politique de féminisation au sein des équipages de la marine. En 2000, alors que le Charles de Gaulle accueille ses premières femmes, je suis nommée chef du cabinet du commandant du porte-avions et accompagne ainsi la féminisation de l'équipage. En 2017, je rédige ce qui est devenu le plan famille, destiné à améliorer les conditions de vie des militaires et à renforcer l'équilibre entre la vie personnelle et professionnelle. En 2018, je suis nommée contre-amirale. La même année, la ministre des Armées me confie l'élaboration puis le pilotage du plan mixité.

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    Comment renforcer la mixité ?

    Aujourd'hui, les femmes ont accès à tous les métiers, grades militaires et formation. Avec le plan mixité, nous voulons leur donner envie de rejoindre le ministère, d'y rester et d'y évoluer pour accéder aux responsabilités les plus hautes. A titre d'exemple, les femmes officiers nous quittent après 14 ans d'ancienneté en moyenne contre 26 ans pour leurs confrères masculins. Certaines le font par choix, d'autres par contrainte, guidées par des impératifs familiaux. Nous perdons ainsi beaucoup de talents. Grâce aux mesures du plan, nous accordons désormais plus de souplesse aux parcours et nous veillons à ce que les femmes et les hommes puissent concilier plus aisément vie de famille et carrière militaire.