Egalité femmes-hommes : la France bonne élève de l'Europe, mais peut mieux faire
Selon l'organisation Equileap, la France est la meilleure élève de l'Europe en matière d'égalité professionnelle. « La mise en place de quotas de femmes dans les conseils d'administration a un impact positif significatif », souligne Diana van Maasdijk, directrice générale d'Equileap, qui pointe a contrario la persistance des inégalités salariales malgré l'index.
Elle fait l'exercice depuis 2017 au niveau mondial, publiant un palmarès en matière d'égalité femmes-hommes des sociétés réalisant plus de 2 milliards de dollars de chiffre d'affaires . Equileap a réalisé cette année un focus européen avec le soutien de l'UE à partir d'une analyse de 255 entreprises cotées dans 10 indices boursiers. Selon les travaux de cette organisation à but non lucratif, que « Les Echos » publient en exclusivité pour la France, l'Hexagone est la meilleure élève européenne, avec un score global de 52 % pour l'ensemble des sociétés du CAC 40. Pays d'origine de L'Oréal et de Kering - qui caracolent dans le peloton de tête au niveau mondial, au niveau européen -, elle devance même la Suède, à 46 %, l'Allemagne se retrouvant en troisième position à 44 %.
Spécificité française
Cette première place sur le podium doit beaucoup à une spécificité française : les femmes y siègent plus qu'ailleurs dans les conseils d'administration. La parité n'est plus très loin : 44 % des administrateurs sont en effet des administratrices, quand en moyenne en Europe, elles ne sont que 31 %. Italiens et Suédois, qui se disputent la deuxième place sont 6 points derrière, à 38 %, devant les Allemands, à 36 %, tandis que les Espagnols ne dépassent pas les 25 %. « La mise en place d'un quota de femmes dans les conseils d'administration a un impact positif significatif », souligne Diana van Maasdijk, directrice générale et cofondatrice d'Equileap. Ce quota est de 40 % en France quand l'Allemagne se limite à 30 %.
Le pourcentage de femmes au sein du personnel des plus grosses sociétés françaises est aussi un des plus élevés d'Europe, reflet du fort taux d'activité de l'Hexagone. Seule l'Espagne arrive au même taux de 39 %. Les femmes sont aussi bien placées parmi les cadres dirigeants, avec un taux de femmes de 25 %, juste derrière la Suède à 27 %.
17 % seulement des cadres
La France est en revanche loin du royaume scandinave pour ce qui est de leur place au sein de l'encadrement. Elles ne représentent que 17 % des cadres contre 24 %. Et « l'écart de rémunération avec les hommes reste un sujet en France », souligne Diana van Maasdijk. 40 % des entreprises du CAC 40 ont une stratégie de réduction de l'écart salarial, ce qui est nettement mieux que les 10 % de la moyenne européenne, mais « c'est loin d'être suffisant ». Pour l'heure, l'instauration début 2019 d'un index égalité obligatoire pour les entreprises de plus de 1.000 salariés, dont la deuxième édition étendue aux PME a eu lieu le 1er mars, n'a pas produit d'évolution marquante.
« Les entreprises commencent à vraiment comprendre que la parité n'est pas seulement bonne pour la société mais aussi pour la performance économique et financière de l'entreprise », se félicite Diana van Maasdijk. Mais elle souligne qu'« il y a encore du chemin à faire, y compris en France ».
Leïla de Comarmond