Afflux de mineurs dans les Ecoles de la deuxième chance
Ce réseau d'enseignement adapté aux décrocheurs a accueilli plus de 2.000 mineurs en 2019, soit 62 % de plus que l'année précédente. Il anticipe l'obligation de formation des 16-18 ans, mesure phare du plan pauvreté, qui entrera en vigueur en septembre.
Par Alain Ruello
Un quart de siècle après avoir vu le jour, sous l'impulsion d'Edith Cresson alors commissaire européenne chargé de la Science, de la Recherche et du Développement, les Ecoles de la deuxième chance vivent un moment structurant de leur histoire. Le nombre de mineurs accueillis par ce réseau d'enseignement adapté aux décrocheurs a bondi de 63 % en 2019 pour dépasser les 2.000. « Nous sommes prêts pour l'entrée en vigueur de l'obligation de formation pour tous les 16-18 ans », a commenté son président, Alexandre Schajer, lors d'un point de presse en fin de semaine dernière.
Les mineurs ont représenté un jeune sur cinq ayant frappé à la porte des Ecoles de la deuxième chance l'année dernière, alors que très peu d'entre elles en acceptaient il y a peu encore. Ce qui ne va pas sans son lot d'obligations en termes d'information des parents, d'accompagnement renforcé lors des sorties ou de droit du travail. Tout cela sans dégrader le taux de sortie positive global (formation qualifiante, contrat d'apprentissage, CDD ou CDI) qui est ressorti à 63 %.
Effet démographique
Cet afflux de mineurs est important, reconnaît-on du côté des Missions locales - l'autre grand réseau pour les décrocheurs lui aussi concerné - mais il doit être relativisé pour cause d'évolutions démographiques. Il ne doit pas occulter le fait que le nombre de jeunes en marge de l'école diminue, bien que restant toujours élevé, ajoute sa déléguée générale, Sandrine Aboubadra-Pauly.
Le diminuer encore, c'est le but de l'obligation de formation pour les 16-18 ans, l'une des mesures phares du plan pauvreté annoncé par Emmanuel Macron en octobre 2018. Remis récemment, le rapport de Sylvie Charrière, députée LREM de Seine-Saint-Denis, et de Patrick Roger, chef d'entreprise élu municipal à Strasbourg, estime à 5 % d'une classe d'âge, soit 70.000, le nombre de jeunes concernés et liste 30 propositions pour donner corps au droit promis par le chef de l'Etat.
Le législateur a d'ores et déjà acté le rôle central des Missions locales pour le repérage de ces mineurs en rupture, aux profils très hétérogènes. Pour les rapporteurs, tout doit être fait pour qu'ils réintègrent la formation initiale en scolarité ou en apprentissage. Cela supposera pour nombre d'entre eux un passage par un dispositif adapté, à condition de développer les solutions en dehors de l'Education nationale, aujourd'hui en nombre limité. Les Ecoles de la deuxième chance constituent l'une des plus réalistes, mais ne pourront à elles seules résoudre le problème.
Alain Ruello