Depuis lundi matin, les écoliers sont plus nombreux à faire l’expérience de l’école à distance. Après l’annonce par le premier ministre vendredi soir de la fermeture pour quinze jours de toutes les crèches et établissements scolaires dans l’Oise et le Haut-Rhin, la préfecture de Corse a pris la même décision dimanche pour les écoles et crèches de la ville.
Ces mesures sont prises « non pas parce que ces lieux sont plus dangereux », mais en raison des risques de transmission et des difficultés à y faire « respecter l’ensemble des consignes » sanitaires, a précisé Edouard Philippe. Au total, environ 350 000 élèves n’étaient pas en classe lundi matin, « si vous additionnez tout l’Oise, tout le Haut-Rhin, une partie du Morbihan et la ville d’Ajaccio », selon le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Des classes sont par ailleurs confinées à Marseille, Montreuil (Seine-Saint-Denis), Etampes (Essonne) et Louvres (Val-d’Oise). Deux écoles sont fermées à Sartilly (Manche) et à Louvres.
Accès gratuit à une plate-forme du CNED
L’éducation nationale peut-elle relever un tel défi ? L’institution affirmait en début de semaine dernière être « prête » pour assurer la « continuité pédagogique » à tous ses élèves − jusqu’à vendredi, ils n’étaient que 45 000 à en avoir besoin. Une plate-forme du Centre national d’enseignement à distance (CNED), à laquelle les enfants confinés ont accès gratuitement, propose des contenus de révisions et un logiciel de « classe virtuelle ». La plate-forme « Ma classe à la maison » peut assurer jusqu’à 6 millions de connexions simultanées, assure-t-on au ministère. Les enseignants du second degré sont encouragés à communiquer avec leurs élèves grâce aux « environnements numériques de travail » (ENT), des services de messagerie et de partage de documents auxquels ils sont déjà habitués. Mais en pratique, les choses ne sont pas si simples.
C’est l’expérience qu’a faite Samuel, élève de 6e au lycée Paul-Eluard de Montreuil. Vendredi à 14 heures, il avait rendez-vous sur le site du collège pour un cours en direct avec son professeur de mathématiques. Le garçon de 11 ans est confiné jusqu’au 10 mars, comme tous ses camarades de la 6e D, car une élève de sa classe a contracté le Covid-19. Seulement voilà : à l’heure dite, la plate-forme refuse de fonctionner, et le cours de maths n’aura pas lieu.
Samuel est loin d’être le seul à faire face aux difficultés de l’enseignement à distance. Partout, les enseignants rapportent des couacs logistiques et une grande difficulté à assurer un réel « suivi ». « Sur 23 élèves, j’en ai 4 qui ont réussi à accéder à la plate-forme du CNED. Et encore, j’ai dû faire un tuto », raconte une enseignante de CM1-CM2 à Creil (Oise), qui a souhaité garder l’anonymat. Le directeur de l’école a organisé jeudi une permanence pour que les familles récupèrent des devoirs imprimés. 35 élèves, sur les 300 que compte cette école classée REP +, ont pu avoir des exercices « sur papier ».
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