Orientation scolaire, peut-on sortir des biais de genre ?

Que peut l'école face aux stéréotypes de genre?  ©Getty - Westend61
Que peut l'école face aux stéréotypes de genre? ©Getty - Westend61
Que peut l'école face aux stéréotypes de genre? ©Getty - Westend61
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A l'occasion de la journée des droits des femmes et dans le cadre de la programmation de la chaîne "Féminisme, les conquêtes de demain", du 1er au 12 mars, Etre et savoir interroge le poids des stéréotypes de genre sur l'orientation.

Avec
  • Françoise Vouillot Maitresse de conférence en psychologie et directrice-adjointe de l'Institut national d'étude du travail et d'orientation professionnelle et et responsable du groupe de recherche OriGenre, Laboratoire CRTD
  • Marie-Sophie Pawlak Présidente de l'association "Elles bougent"
  • Mohammed Grimej Professeur d'Informatique en BTS SIO, NSI, SNT, référent Égalité Filles-Garçons du Lycée Descartes (Champs-sur-Marne, 77).

En cette journée des droits des femmes, une émission sur l’orientation genrée… Parce qu’indubitablement être fille ou garçon pèse sur les choix scolaires et conditionnent les études et les futurs métiers. Le genre est aussi une cause d’évitement de certaines spécialisations… 

Par exemple saviez-vous que la très féminine série littéraire était la moins choisie par les filles ? C’est parce que les garçons n’y vont presque pas que la réputation de "littéraire" colle à la peau de l’autre sexe et c’est un exemple parmi des dizaines. 

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Alors que la lutte contre les stéréotypes de genre est, certes avec des aléas, évoquée comme une priorité du Ministère de l’Education nationale, comment expliquer que tant de filières demeurent presque totalement assignées à un genre ou à un autre ? Pensez soins et services à la personne pour les filles, pensez mécanique ou… numérique pour les garçons, ce dernier exemple devrait nous étonner, les métiers étant plus récents et les femmes ayant été aussi des pionnières de l’informatique.

Bien entendu c'est toute la société qui doit s’interroger, mais que peut l’école ? Nous allons tenter de répondre à cette question avec nos invités. 

Avec :

  • Françoise Vouillot, ex-maitresse de conférences en psychologie de l’orientation INETOP/CNAM, ancienne présidente de la Commission Lutte contre les stéréotypes sexistes et la répartition des rôles sociaux au HCE (Haut Conseil à l’Egalité entre les Hommes et les femmes), et auteure notamment de Les métiers ont-ils un sexe ? (Belin, collection d’égale à égal, 2014).

Dans notre pays on est très forts dans la hiérarchie de prestige.

L'orientation est le plus puissant révélateur des déterminismes sociaux qui pèsent sur l'école.

Ce que j'appelle la panoplie de la féminité c'est l'éducation de la petite enfance et du soin à la personne, on peut ajouter aujourd'hui la communication. 

L'absence de valorisation des métiers exercés majoritairement par les femmes ce n'est pas du tout attractif pour les garçons. 

Les choix d'orientation se fabriquent dès la naissance.

L'école peut quelque chose mais il faut commencer dès le plus jeune âge, il faut développer une éducation à l'égalité dès la petite section et pour cela il faut former le personnel éducatif.

Il faut parvenir à subvertir cette question du masculin et du féminin, Françoise Vouillot.

  • Marie-Sophie Pawlak, présidente fondatrice de l'association Elles bougent.

Cela existe ingénieure au féminin, pas besoin de mettre "femme" devant.

Entre 15 et 18 ans c'est compliqué de se projeter dans l'orientation et les jeunes filles veulent aussi se projeter en tant que femmes. 

L'idée c'est de rassurer les jeunes filles et de mettre en lumière des carrières vers lesquelles elles ne vont pas, de faire en sorte qu'elles ne se privent pas par méconnaissance, Marie-Sophie Pawlak.

  • Mohammed Grimej, professeur d'Informatique en BTS SIO, NSI, SNT, référent Égalité Filles-Garçons du Lycée Descartes (Champs-sur-Marne, 77).

La question c'est comment se manifeste le choix d'une filière.

J'ai une fille et lorsqu'elle fera son choix j'aimerais qu'elle le fasse en toute liberté, sans le poids des stéréotypes. 

L'égalité ce n'est pas juste le référent, c'est toute une équipe qui développe des pédagogies autour de l'égalité. 

C'est très dur de faire du retour sur investissement sur ce genre d'action, c'est sur du très long terme, Mohammed Grimej. 

Lien vers le rapport annuel du HCE sur l' Etat des lieux du sexisme en France en 2019.

Lien vers l'enquête Sur le chemin de l’orientation : filles, garçons, à vos marques !(Elles bougent, octobre 2019).

Retrouvez l'article de Françoise Vouillot, L'orientation aux prises avec le genre (Travail, genre et sociétés, 2007).

Illustrations sonores :

  • Reportage avec les élèves de seconde santé social du Lycée Charles de Gaulle de Longperrier, dans le cadre des ateliers pédagogiques de Radio France, par Louise Tourret (mars 2020).
  • Extrait de l'émission de Télé-réalité "Les Marseillais au Mexique" (W9).

Pour aller plus loin :

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