Dans son salon perché au premier étage, avec vue sur la mer, Steven Huitorel, un prof d’anglais de 38 ans installé à Morieux, près de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), déploie son attirail pour tourner sa prochaine leçon d’anglais sur YouTube. Appareil photo numérique posé sur pied, écran d’ordinateur, micro-cravate, réflecteur : en moins de dix minutes, tout est en place.
« Hello my friends – bonjour mes amis », lance l’enseignant d’un ton enjoué devant l’étagère en bois pleine de livres qui lui sert de décor. « Welcome to a new lesson – bienvenue à cette nouvelle leçon ». Au menu du jour : apprendre à donner son opinion.
Au total, 138 vidéos didactiques sont ainsi disponibles gratuitement sur sa chaîne Les tutos de Huito. La plus populaire – Comprendre tous les temps en anglais en quinze minutes – enregistre 962 000 vues. Une audience digne d’une émission télé qui témoigne de la place qu’ont pris les tutoriels dans notre quotidien.
Satisfaction immédiate
Fini le temps où l’on devait s’attacher les services d’un professionnel ou se coltiner des pages et des pages de modes d’emploi indigestes pour savoir comment nettoyer son lave-vaisselle, monter un meuble de salle de bains en kit ou faire une queue-de-cheval twistée. Aujourd’hui, on se rue sur les tutos vidéo plus ou moins bien faits, mis en ligne par M. et Mme Tout-le-monde.
C’est particulièrement vrai des jeunes générations qui « sont dans une approche du savoir de l’ordre du process et de la satisfaction immédiate », constate Sophie Pène, professeure en sciences de l’information et de la communication à l’université Paris-Descartes. « Quand ils sont confrontés à un problème, ils ne cherchent pas à en comprendre les causes ni les conséquences mais à savoir comment faire pour le résoudre. »
Leur première alliée dans les moments d’apprentissage ? YouTube, qui réunit plus de 2 milliards d’utilisateurs mensuels dans le monde dont 39 millions en France, âgés, pour 29 % d’entre eux, de 18 à 34 ans. « Ces dernières années, les contenus pédagogiques marchent très bien, que ce soit dans les matières classiques de l’enseignement scolaire ou dans la beauté, la cuisine, le bricolage ou la musique », assure Charles Savreux, le porte-parole de YouTube France.
C’est ce que confirme une étude menée en mai 2018 par BVA pour SOxH factory : 75 % des Français se disent d’abord intéressés par les vidéos qui leur permettent de s’instruire ; 21 % regardent d’ailleurs souvent des vidéos sur des sujets d’enseignement ou de culture générale ; 20 % des tutoriels sur des produits, des services et des conseils pratiques.
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