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« Ça va être compliqué de maintenir une ambiance de travail » : l’inquiétude des étudiants de prépa face au plan coronavirus

A la sortie du lycée Saint-Louis, à Paris, les élèves des classes préparatoires aux grandes écoles se retrouvent seuls dans la dernière ligne droite. A ce stade, les concours sont maintenus.

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Publié le 13 mars 2020 à 16h12, modifié le 14 mars 2020 à 18h16

Temps de Lecture 4 min.

Le lycée de classes préparatoires Saint-Louis, à Paris, suspend ses cours et ferme son internat.

Sur le parvis du lycée Saint-Louis, en ce vendredi midi, les élèves sortent par grappes de ce qui sera sans doute leurs « derniers cours de l’année », avec déjà quelques frustrations. « On a l’impression de ne pas pouvoir finir correctement notre prépa », lâche Elise, en deuxième année de prépa économique dans ce lycée parisien du Quartier latin.

Jeudi soir, peu après 20 heures, Kenza, également en deuxième année, révisait au centre de documentation et d’information (CDI) alors que l’information se propageait comme une traînée de poudre : fermeture de tous les établissements à partir de lundi pour faire face à l’épidémie de Covid-19, et ce jusqu’à nouvel ordre. Au milieu des rangées de livres et des tables habituellement studieuses, les élèves de classes préparatoires scientifiques et économiques se sont regroupés dans un grand brouhaha. Certains dédramatisaient, d’autres exprimaient leur inquiétude. « Une de nos camarades a fait une petite crise de panique et a fondu en larmes », se souvient Kenza.

Les cours sont suspendus, mais les concours auront-ils bien lieu ? Si oui, seront-ils organisés dans les conditions habituelles ? Ces questions sont dans toutes les bouches. « Deux ans de travail acharné pour finalement que ce soit annulé ? J’espère qu’on ne sera pas sélectionnés sur dossier, car les notes sont très aléatoires selon les prépas… », s’alarme Elise.

Lors d’une réunion de crise ce vendredi matin au ministère de l’enseignement supérieur, la décision a été prise de maintenir les concours post-classes préparatoires, avec un renforcement des conditions de sécurité sanitaire et d’espacement entre candidats. Le ministère souhaite en revanche que les épreuves écrites des concours postbac soient annulées, au profit d’un classement des candidats en fonction de la qualité de leur dossier scolaire.

Chamboulement des révisions

Pour toutes les classes préparatoires, le mois de mars est habituellement celui de la dernière ligne droite avant les concours des grandes écoles, qui auront lieu dans un ou deux mois selon les banques d’épreuves. La fermeture des établissements vient chambouler l’organisation de jeunes étudiants déjà stressés par l’échéance finale. « Il faut rassurer nos élèves : cette fermeture survient à une période où le programme est presque bouclé et où les révisions s’amorcent », note Mickaël Prost, président de l’Union des professeurs de classes préparatoires scientifiques et professeur de mathématiques et informatique au lycée Chaptal (Paris) :

« L’impact sur la préparation restera minime. L’objectif est que les étudiants restent mobilisés. »

D’autres questions se posent : celles de l’isolement social, du cadre de travail. A Saint-Louis, l’internat ferme ses portes ce week-end : les étudiants sont renvoyés dans leurs familles. Comment organiser ses révisions dans ce nouveau contexte, et sans possibilité de se rendre dans les bibliothèques universitaires, qui sont fermées ?

« Je travaille très mal chez moi, s’inquiète Marvin, en cinq demis (seconde deuxième année) de classe prépa maths-physique. L’année dernière, la période de révision avait été très dure et j’avais complètement craqué. Plus d’un mois, cela va être beaucoup plus dur, d’autant que si toute ma famille est confinée à la maison, ça va être compliqué de maintenir une ambiance de travail. » Une inquiétude qui colle à cette promotion un peu spéciale, déjà touchée par les grèves des transports et la fatigue qu’elles avaient pu engendrer : « L’enjeu, dans ce nouveau contexte, ce sera de ne pas craquer sur la longueur ou croire qu’on a plein de temps, pour finalement se retrouver dépassé au dernier moment », prophétise Elise.

Enseignement à distance

Les élèves des différentes prépas de France risquent en tout cas de ne pas être tous logés à la même enseigne. « Ici, à Saint-Louis, nos professeurs se doutaient qu’une fermeture pourrait arriver. Dès la rentrée des vacances de février, ils avaient fait en sorte de finir le programme le plus rapidement possible, raconte Elise. Il nous reste peu de chapitres à voir seuls, c’est rassurant. Mais ce n’est sans doute pas le cas dans toutes les prépas. »

L’enseignement à distance, via des plates-formes numériques, réussira-t-il à se déployer dans toutes les prépas pour permettre aux élèves de terminer le programme ? Alain Joyeux, président de l’Association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales, détaille le dispositif :

« Les cours non terminés seront envoyés par mail, en essayant de respecter l’emploi du temps initial des élèves, pour ne pas casser leur rythme. Avec les outils informatiques des lycées, nous nous organisons pour numériser les dernières copies à rendre, et organiser des petits groupes de travail à distance, notamment pour ceux qui ont besoin d’être accompagnés et soutenus dans cette dernière ligne droite. A l’approche des concours, l’enjeu est moins académique que psychologique, il s’agit avant tout de maintenir le contact, même à distance, avec nos élèves. »

Mickaël Prost, également professeur d’informatique en prépa, se demande quant à lui si « les plates-formes dont nous disposons pourront soutenir le choc au vu du nombre de connexions qu’elles vont devoir supporter ». Même inquiétude chez Kenza, en prépa au lycée Saint-Louis : « On espère que la plate-forme qu’on est censés utiliser pour nos derniers exercices ne sera pas saturée. Pour certains devoirs, comme en maths, on a vraiment besoin du retour de nos enseignants. » Avec Elise, elles ont en tout cas déjà trouvé la parade à la solitude du confinement. « On avait déjà prévu de réviser en petit groupe dans une maison de famille dans les Landes, on va avancer notre départ », explique l’étudiante de 19 ans, qui sent qu’elle se souviendra « longtemps » de cette dernière année chaotique.

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