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Journal d’un parent confiné, semaine 1 : comment je suis devenu instit par intérim

Autorité professorale proche du néant, profond sentiment d’imposture. Cette semaine, notre chroniqueur raconte son nouveau job.

Publié le 21 mars 2020 à 22h46, modifié le 22 mars 2020 à 09h24 Temps de Lecture 4 min.

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Au moment où le gouvernement annonçait son intention de confiner la population, lundi 16 mars, un ami m’a envoyé une photo légendée qui résume parfaitement l’état d’esprit du parent face à cette soudaine crise sanitaire. On y voit l’inquiétant Jack Nicholson de Shining, partant en voiture, avec femme et enfant, en direction d’un hôtel perdu dans la montagne, sourire carnassier au coin des lèvres. « Quelques semaines d’isolement en famille. Je ne vois pas comment ça pourrait mal tourner », dit le texte, qui est bien entendu à lire à rebours.

En réalité, les raisons pour que ça tourne mal sont légion. Ceux qui ont déjà vu d’adorables bambins tenter de s’énucléer pour une broutille savent de quoi je parle. Sans être aussi inquiétante que le virus lui-même, cette promiscuité forcée entre des parents devenus des pionniers du télétravail de masse et des enfants sans cadre scolaire a tout de la situation expérimentale ­potentiellement explosive.

Là où une grande partie de nos vies consiste habituellement à nous fuir les uns les autres au travers d’activités dites sociales (« Pas ce soir les enfants, papa gère son compte Insta »), nous voilà ­contraints de nous regarder dans le blanc des yeux, comme si nous étions tous ­devenus les candidats d’un remake domestique de Loft Story. « C’est trop cool, ça fait des mini-vacances ! », s’est exclamé mon fils aîné, pas vraiment effrayé par la perspective de ce ­radical vivre-ensemble.

Paradoxale légéreté

Parce qu’ils brisent le continu­um de la routine, redéfinissent les rôles, remodèlent l’espace-temps, les moments tragiques de l’histoire sont toujours empreints d’une paradoxale légèreté. Ils sont donc aussi, à certains égards, des moments de liberté.

De mon côté, c’est moins le ravitaillement qui m’angoisse que mon nouveau statut d’enseignant intérimaire. Un job qui m’est tombé dessus du jour au lendemain. Avant de tirer le rideau, l’éducation nationale nous a fourni des feuilles, avec des identifiants et des mots de passe, histoire d’avoir accès à du matériel pédagogique par le biais d’une plate-forme numérique. Mais quand 13 millions d’enfants tentent d’accéder au même service en même temps, l’issue est prévisible : le plantage.

Des devoirs pour une semaine ont – heureusement – été consignés dans le cahier de mon fils aîné, ce qui nous fournit une feuille de route assez claire pour les premiers jours à venir. Quant aux institutrices (mes nouvelles collègues), elles se montrent rapidement présentes à travers la messagerie électronique, se proposant de corriger les devoirs à distance. Elles nous ­envoient, en prime, des « ondes de ­courage » et des « gros bisous » pour les enfants.

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