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Pour les cours en ligne, l’application Discord tire son épingle du jeu

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Face aux plantages en série des plateformes traditionnelles de l’Education nationale, le «tchat pour gamers» est utilisé en masse par les profs et les élèves.
par Thibaut Ghironi
publié le 23 mars 2020 à 20h16

Depuis le début du confinement, Discord a grimpé tout en haut du classement des applications gratuites les plus téléchargées en France, aux côtés de Skype et de Zoom. Discord ? Le logiciel de «tchat pour gamers», qui compte plus de 250 millions d'utilisateurs dans le monde, séduit normalement les adeptes du jeu vidéo en ligne qui prennent plaisir à bavarder entre amis pendant leur partie. Mais cette semaine, ce sont avant tout des professeurs et leurs élèves ou étudiants qui se sont rués sur l'application pour assurer les cours à distance malgré la fermeture des classes.

Cette hausse de fréquentation a été accélérée par l’indisponibilité des outils classiques utilisés par l’Education nationale. Les serveurs des sites de cours en ligne, comme le Centre national d’enseignement à distance (Cned) et les ENT (espaces numériques de travail), se sont vite retrouvés surchargés. Devant l’impossibilité de connexion à ces outils, ce sont bien souvent les élèves qui ont suggéré l’utilisation de Discord.

L'avantage de cette appli, c'est qu'il y est possible d'interagir par écrit et à l'oral. Le réseau social se transforme vite en salle de classe virtuelle. Certains professeurs déposent des documents et répondent à des questions quand d'autres respectent à la lettre l'emploi du temps classique : «Si le cours devait avoir lieu de 10 heures à 12 heures, mes collègues viennent assurer le cours en vocal» aux mêmes heures, remarque Cyril, prof d'informatique au lycée Henri-Wallon de Valenciennes (Nord). Tous les rituels d'une journée de classe sont alors imités. Les élèves n'activent leur micro que pour poser des questions et se mettent en «muet» le reste du temps afin d'éviter la cacophonie. Le professeur peut «projeter un document» ou des consignes en activant la fonction «partage d'écran».

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Les cours s'enchaînent. Au lieu de courir dans les couloirs de la salle 103 à la 240, les élèves changent de «salon» - comprendre fil de discussion. «Il y a plusieurs salons : un de discussion entre élèves et profs, un salon mathématiques, un salon sciences physiques, un salon SVT…» déroule Noémie, lycéenne. Comme autant de salles de classe à portée de clic. «On a aussi un salon récréation où on peut parler entre nous, les profs n'y ont pas accès», précise-t-elle.

Si l'outil est plutôt apprécié par la majorité des professeurs et élèves, il n'est pour autant pas parfait. Les journées des enseignants sont rallongées : «Les étudiants sont parfois connectés dès 8 heures du matin et jusqu'à 23 heures. Ils peuvent avoir des questions à n'importe quelle heure et on est toujours sur la sellette», se désole Cyril, qui donne cours à des étudiants en BTS informatique. Autre problème, certains élèves ne se connectent pas. Et les plus farceurs s'amusent à inviter des personnes extérieures… La bonne blague.

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