Rester confiné ou aller travailler ? La question ne s’est même pas posée pour Olivier Morteveille, directeur d’une des écoles du groupe scolaire Jenner, dans le 13e arrondissement de Paris. Lundi 16 mars, au premier jour du confinement, il savait que certains de ses élèves, enfants de médecins de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, situé à quelques mètres à peine du groupe scolaire, se présenteraient à sa porte, et que son « rôle » était de « répondre présent ». « Cet accueil, c’est une démarche de solidarité naturelle, dit-il. Le glissement du statut de fonctionnaire à celui de volontaire, je n’y ai même pas réfléchi. »
Les élèves ont été une quinzaine, en moyenne, à se présenter chaque jour à Jenner, l’une des 78 écoles restées ouvertes à Paris (sur un total de 650 environ) pour que les personnels soignants ne disposant pas d’un autre mode de garde puissent y déposer leurs enfants. Un accueil qui, à l’échelle nationale, durant la première semaine de confinement, a bénéficié à 28 100 écoliers et collégiens – les lycéens ne sont pas concernés –, sur un total de 12,7 millions, estime-t-on au ministère de l’éducation. Au moins 20 000 enseignants, tous volontaires, ont répondu présents.
« Dix élèves maximum »
« Tout cela se met en place avec beaucoup de bonne volonté », tient à souligner Olivier Morteveille. A Jenner, ils sont huit enseignants à s’être relayés chaque jour de la semaine ; « largement plus », selon le directeur, que l’effectif nécessaire pour constituer des petits groupes de « dix élèves maximum », comme l’exigent les consignes sanitaires. Le « tableau des présents » est déjà rempli jusqu’à la première semaine du mois de mai. « On est nombreux à penser que le confinement durera encore après les vacances de Pâques », affirme-t-il.
De Paris à Versailles, d’Amiens à Lille, un même premier constat se dessine dans ces écoles dites « de regroupement » restées ouvertes, à titre dérogatoire, pour permettre aux personnels de santé de continuer à travailler : « On n’est pas submergés. » Les chiffres qui circulent font état d’un petit millier d’enfants pris en charge dans l’académie de Paris, 2 000 dans celle de Créteil, 1 800 à Versailles, 1 300 en Bourgogne-Franche-Comté…
« On est huit enseignants et huit animateurs à intervenir par roulement, pour une quinzaine d’enfants qui se présentent chaque jour, témoigne Frédéric Melin, directeur d’école à Saint-Quentin (Aisne). On en attendait beaucoup plus. Sans doute que les parents soignants, qui mesurent bien les risques du regroupement, préfèrent s’organiser autrement. »
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