Ce sont des entreprises peu connues du grand public, mais centrales pour l’industrie pétrolière. Les sociétés de services, de maintenance et d’exploration pétrolière venaient à peine de se remettre de la dernière crise pétrolière de 2014. Elles font désormais face à une situation encore plus incertaine : la crise qui vient va être profonde et sérieuse. Avec un pétrole passé au-dessous des 30 dollars (27,90 euros), les grandes entreprises pétrogazières ont annoncé leur volonté de réduire considérablement leurs investissements. Première cible : les nouveaux projets d’exploration de gaz et de pétrole, jugés trop coûteux dans un tel contexte.
Or ces entreprises sont totalement dépendantes des nouveaux projets engagés. Elles fournissent des études sismiques et des bateaux, des capacités de forages, construisent les plates-formes, etc. Certains géants du secteur ont déjà montré leurs faiblesses : aux Etats-Unis, le groupe américain Halliburton – géant du forage connu pour avoir été dirigé par l’ancien vice-président républicain Dick Cheney – a annoncé son intention de licencier 3 500 salariés à Houston (Texas), et des dizaines de milliers d’autres travailleurs du gaz et du pétrole de schiste pourraient se retrouver sans emploi dans les prochaines semaines, en particulier dans le Bassin permien, au Texas et au Nouveau-Mexique.
Circuits d’approvisionnement perturbés
Dans l’immédiat, la crise engendrée par la pandémie due au coronavirus a un effet direct pour ces entreprises : elle perturbe les circuits d’approvisionnement internationaux du secteur, alors que de nombreux matériels sont fabriqués en Chine, mais aussi en Italie. Mais c’est la vague de fond de la baisse des prix du brut qui va avoir le plus de répercussions. En 2014, lorsque le baril avait chuté fortement, les majors du pétrole avaient fait pression sur leurs fournisseurs et sur les sociétés de service pour qu’elles réduisent fortement leurs prix. Les groupes du secteur risquent de se retrouver piégés dans une équation impossible : d’une part, une injonction à baisser leurs tarifs, et, d’autre part, une forte diminution du nombre de projets.
Combien de temps ces entreprises pourront-elles tenir si le pétrole reste sous les 30 dollars ? Plusieurs entreprises installées en France risquent d’être durement touchées. Au premier rang desquelles figure TechnipFMC. L’ex-fleuron français des plates-formes pétrolières a fusionné lors de la dernière crise, en 2014, avec un équipementier américain, mais ce processus n’est pas allé sans difficultés. Le groupe avait décidé de séparer de nouveau ses activités il y a quelques mois. Mais cette opération est désormais suspendue : « La justification stratégique de la séparation demeure inchangée », a assuré le groupe, mi-mars, dans un communiqué, mais « l’impact de ces événements a créé un environnement de marché qui n’est pas actuellement propice à la séparation prévue ».
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